En résidence à la Villa Médicis, à Rome, Bianca Bondi (née en 1986) a découvert que les ruches du jardin étaient vides, décimées par des frelons asiatiques. Pour réactiver cet espace, elle a conçu une ruche à partir d’un retable du XIXe siècle enduit d’un mélange de phéromones et d’essences antiques, orné d’un fond rouge, de bougies en cire d’abeille et d’amphores romaines. Autour, elle a planté une végétation destinée au « réensauvagement » du Bosco – le mystérieux bois de chêne de l’Académie de France à Rome. Présentée en préambule de son exposition au musée d’Art moderne de Paris (MAM), cette œuvre illustre la rencontre de l’écologie et du spirituel qui traverse l’ensemble de la démarche de la plasticienne d’origine italienne et sud-africaine. Selon elle, l’art constitue une forme de magie, et ses installations lui servent de laboratoires où dialoguent nature, objet et matière altéré.
Bianca Bondi développe également une réflexion sur l’hybridation entre vivant et non-vivant. Son travail interroge l’existence de la matière et l’activation d’objets ou d’espaces par le biais de réactions chimiques et naturelles. Intitulée Silent House, l’installation immersive qu’elle a imaginée pour le prix Marcel-Duchamp fait pénétrer le public dans une maison qui, tout en s’enracinant dans le sol, déborde sur les murs pour prendre une dimension verticale. Les objets et matériaux composant cet espace évoquent des souvenirs évanescents que le temps a recouverts d’une fine couche de sel. Ici et là, l’eau envahit l’installation. Elle transformera progressivement le sel durant le temps de l’exposition, entraînant des réactions chimiques et de cristallisation. Bianca Bondi plonge le visiteur dans une nostalgie diffuse et poétique pour jouer avec la perception du souvenir et la manière dont les strates de mémoires en métamorphosent la substance.
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Prix Marcel-Duchamp 2025, du 26 septembre 2025 au 22 février 2026, musée d’Art moderne de Paris, 11, avenue du Président-Wilson, 75116 Paris, mam.paris.fr