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Critique

L’Art déco jusqu’à plus soif

Le musée des Arts décoratifs de Paris célèbre le centenaire de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925, à Paris, avec une exposition roborative sur ce style phare des Années folles, dont nombre de pièces de ses collections.

Christian Simenc
29 octobre 2025
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Vue de l'exposition « 1925-2025, Cent ans d'Art déco » au musée des Arts décoratifs, à Paris. MAD

Vue de l'exposition « 1925-2025, Cent ans d'Art déco » au musée des Arts décoratifs, à Paris. MAD

C’est une exposition qui, bizarrement, commence par un leurre. Dès le hall d’entrée, le regard du visiteur est attiré par une vaste installation déployée dans la grande nef, d’où se détachent les chiffres fatidiques : 1925. Détrompez-vous, il ne s’agit aucunement du début de la présentation, mais de son terme, car le parcours officiel, lui, débute au 2e étage, avant d’être éparpillé façon puzzle dans moult galeries de l’institution. Mieux vaut donc rester attentif à la signalétique, au risque de se perdre…

Un siècle après cette exposition fameuse qui propulsa l’Art déco sur le devant de la scène mondiale, et près de 60 ans après une rétrospective sur ledit style – « Les années 1925. Art déco, Bauhaus, Esprit Nouveau » – organisée en ces mêmes murs, le musée des Arts décoratifs, à Paris, concocte aujourd’hui « un voyage au cœur de la création des Années folles et de ses chefs-d’œuvre patrimoniaux » : objets d’art, mobilier, bijoux, céramique, verrerie et orfèvrerie, dessins, affiches, mode, maquettes, reliures et porte-cigarettes, photographies et films ; soit plus de 1200 pièces, dont 70 % issues de ses propres fonds.

Vue de l'exposition « 1925-2025, Cent ans d'Art déco » au musée des Arts décoratifs, à Paris. MAD

Le parcours chronologique s’avère, en réalité, labyrinthique et un brin chaotique. Il débute par une première salle consacrée à cette Exposition de 1925 – meubles, objets, vêtements –, se poursuit avec une alcôve exclusive dédiée au joaillier Cartier – 150 bijoux et accessoires exposés en 1925 –, puis par une salle explorant le vocabulaire dont use l’Art déco. Il revient, ensuite, en arrière dans les années 1910 pour évoquer les prémices du style – dont une belle table à thé en merisier vernis de Louis Sorel ou des dessins de motifs signés Maurice Pillard-Verneuil et Adélaïde Verneuil de Marval –, pour, enfin, se disséminer en divers cabinets monographiques de créateurs – Jacques-Émile Ruhlmann, Eileen Gray, Jean-Michel Frank –, de commanditaires – le couturier Jacques Doucet ou la baronne Nelly de Rothschild –, voire thématiques – « La Société des artistes décorateurs », « L’Art de la mise en scène », « Vu d’ailleurs ». Bref, on a du mal à cerner un véritable fil conducteur.

D’autant que le style Art déco est multiple. Associé généralement aux formes géométriques – notamment l’octogone – et stylisées, il peut aussi être davantage « africaniste » (Pierre Legrain), flirter avec l’abstraction et le cubisme (Robert Mallet-Stevens, Raymond Templier, Sonia Delaunay, Cassandre…) ou l’ornement (Clément Mère), voire simuler l’antique (Madeleine Vionnet). S’il est une chose qui saute aux yeux, c’est la préciosité des matières – ébène, palissandre, galuchat, laque, etc. Du fait de leur coût élevé et des savoir-faire d’exception inhérents, ce travail n’était réservé qu’aux catégories sociales aisées. A contrario, une section intitulée « Au quotidien » exhibe quelques objets de la vie de tous les jours, dont trois malheureux spécimens illustrant le style états-unien Streamline.

La quantité – plus de 1200 pièces – fait-elle la qualité d’une exposition ? Rien n’est moins sûr. La scénographie, en tout cas, ne facilite pas la visite. Certains meubles ou objets ne sont pas assez visibles, dissimulés par d’autres. Conséquence logique : les cartels, truffés de légendes, perturbent la compréhension, le visiteur ayant grand mal à repérer les œuvres. À preuve, dans la section « Jacques Doucet », il faut se hisser au-delà du Bureau de dame à gradins de Jean-Charles Moreux pour enfin distinguer le Fauteuil de repos de Pierre Legrain. En clair : une sélection plus restreinte n’aurait pas nui. Même si, évidemment, on retrouve avec bonheur des pièces emblématiques comme l’anthropomorphe Chiffonnier en galuchat d’André Groult et le bahut Élysée de Jacques-Émile Ruhlmann, maître ès ivoire et essences rares – la loupe d’amboine ; ou découvre, par exemple, le splendide paravent Le Cirque dessiné par Jean Lambert-Rucki et « laqué » par Jean Dunand, lequel a fait le voyage d’Outre-Atlantique pour l’occasion.

Le bureau-bibliothèque du pavillon Une Ambassade française de la Société des artistes décorateurs par Pierre Chareau. MAD

Autre morceau de choix : le spectaculaire bureau-bibliothèque dessiné par Pierre Chareau pour le pavillon Une Ambassade française de la Société des artistes décorateurs à l’Exposition de 1925 et réalisé en hêtre et palmier par un ébéniste virtuose, Eugène Printz, a été restauré et réinstallé dans un espace qu’il ne devrait plus quitter. En regard, un portfolio redécouvert dans les archives muséales livre des projets non retenus pour ce même pavillon, telle cette esquisse d’un projet de fumoir de Francis Jourdain.

Vue de l'exposition « 1925-2025, Cent ans d'Art déco » au musée des Arts décoratifs, à Paris. MAD

Le parcours s’achève au niveau bas dans la grande nef où le visiteur découvre, enfin, ce qu’il avait effleuré du regard à l’entrée : une vaste installation consacrée à la firme Orient Express – siglée « partenaire principal de l’exposition » – et à son train de légende éponyme. Rachetée en 2022 par le groupe Accor, cette dernière a de quoi prendre ses aises en cet espace majestueux, s’offrant de fait un monumental coup publicitaire, et ce, au détriment de la présentation centrale.

« 1925-2025, Cent ans d’Art déco », du 22 octobre 2025 au 26 avril 2026, musée des Arts décoratifs, 107 rue de Rivoli, 75001 Paris.

ExpositionsArt DécoMusée des Arts Décoratifs (MAD)Jacques-Émile Ruhlmann
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