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José Lévy choisit un plateau en bois

L’artiste, designer et scénographe français livre, à travers son objet iconique, son intérêt pour le quotidien, lequel est au cœur de son inspiration et de sa création.

Marc Donnadieu
30 avril 2025
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Le plateau en bois de José Lévy, hérité de sa famille. Photo José Lévy

Le plateau en bois de José Lévy, hérité de sa famille. Photo José Lévy

L'objet de...

Chaque mois, dans le mensuel The Art Newspaper édition française, des personnalités nous présentent un objet qui leur est cher et nous dévoilent leur relation intime et particulière à cette œuvre d'art.

Le 13 avril 2025 est inauguré le Pavillon français à l’Exposition universelle d’Osaka. José Lévy, son directeur de la création, également commissaire-scénographe de l’exposition anniversaire des « 10 ans de résidences métiers d’art à la Villa Kujoyama », à Kyoto, en fin d’année 2024, est un véritable passeur entre les cultures et les disciplines. Une intense activité franco- japonaise que nous avons suspendue le temps de la présentation de son objet tutélaire : un plateau en bois courbé, dont il dévoile l’héritage.

Un objet « digne dans sa forme et sa fonction »

« Ce plateau en bois a suivi toute mon histoire personnelle, de la maison de mon enfance à mon appartement parisien actuel. J’ai pour lui une véritable tendresse. Aussi, à la mort de mon père, alors que le foyer initial n’existait plus, j’ai demandé à le récupérer. Je ne sais pas qui l’a acheté ni quand il l’a été. Je l’ai toujours vu autour de moi. Il a ainsi “connu” tous les membres de ma famille et a été en permanence au cœur de nos intimités. Il nous permettait de transporter les plats pour les emmener à table – je précise que mon rapport à la nourriture est très important. Enfant, j’y préparais mes plateaux télé. C’est un objet solide, résistant, utile, qui a traversé les âges sans faillir. Il peut emporter quantité de choses, et pour autant on n’en devient pas ridicule si l’on n’y pose qu’une seule chose, même toute petite ! Il est très bien dessiné, d’une proportion parfaite, impeccablement pensé et fabriqué. Mais, pour moi, il est surtout beau et digne dans sa forme et sa fonction. Je l’utilise encore. Il a une vraie seconde vie chez moi. »

Un éloge de l’ordinaire, de la simplicité et de l’évidence qui sied à José Lévy, un créateur évoluant à la croisée des arts décoratifs et des arts plastiques, tout en cultivant une relation quasi intime avec la culture japonaise, au sein de laquelle l’objet quotidien occupe une place privilégiée, et dont l’héritage valorise le savoir-faire, la transmission et les liens entre tradition et innovation. « Quoi que je fasse, il y a ce trait de l’esprit du Japon qui en émane », avoue-t-il librement. Il est vrai que ses grands-parents possédaient une entreprise d’import-export en vêtements d’arts martiaux, fournissaient les tatamis pour les Jeux olympiques et collectionnaient l’art japonais.

« Je suis quelqu’un de très curieux. J’ai le regard en alerte. Dès que je pense un projet, que ce soit du mobilier, un objet, une peinture, un dessin, une sculpture..., j’ai tout d’abord la volonté de comprendre ce que je dois faire, puis viennent une forme d’instinct, de fulgurance, de ressenti immédiat et, enfin, la notion d’“a-temporalité”. Je voudrais que ce que je crée traverse le temps et que l’on ne puisse plus le dater ensuite. Il faut que cela garde du sens pour la personne à laquelle je m’adresse. Je ne sais pas faire autrement. D’un autre côté, je suis très réaliste. Lorsque je conçois une table, un vase, une sculpture, j’ai conscience qu’elle sera fabriquée en atelier. C’est pour cela que je m’investis dans le moindre détail de mes projets et que j’essaye de leur donner un maximum d’accompagnement tout au long de la chaîne qui va les emmener là où ils doivent arriver : auprès de l’usager, du collectionneur, du visiteur d’une exposition... C’est ce que j’appelle “aller à bon port”! »

Pour autant, José Lévy distingue dans son approche le design et la pratique artistique : « Quand je commence un dessin, une peinture, une sculpture, je ne sais jamais ce qu’il y aura à la fin. J’aime ce jeu entre, d’une part, la matière blanche de la toile ou de la feuille de papier et, d’autre part, toutes les couleurs du monde possibles à travers le crayon, le feutre, la gouache, l’aquarelle, l’acrylique... C’est une méthodologie particulière. La sculpture, elle, vient après le dessin. »

José Lévy. Photo Audoin Desforges

Apporter utilité, douceur et beauté

« Comme ce plateau qui est entré dans ma vie, il faut qu’un rapport de désir, qu’une relation intime s’établissent avec ce que je propose. Lorsque des personnes qui utilisent toujours des objets que j’ai réalisés il y a longtemps me racontent et témoignent de l’importance que ceux-ci ont encore pour elles, c’est le meilleur des compliments. Mon but ultime, absolu, n’est pas de créer un objet supplémentaire, mais de donner un maximum de chances à un objet pour vivre au plus près des personnes qui l’ont désiré. Et qu’il leur apporte réellement de l’utilité, de la douceur, de la beauté. Le quotidien m’intéresse plus que le moment exceptionnel. Le fait de pouvoir semer quelque chose dans la vie des gens est extraordinaire, et je suis toujours très attentif à la façon dont les personnes adoptent et s’approprient ce que j’ai conçu pour elles, à la manière dont elles le rendent précieux à leurs yeux. Ce sont eux les véritables acteurs de mes projets. »

Et José Lévy de poursuivre, avec une certaine humilité : « Le succès est un miracle. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut anticiper ou calculer. On peut essayer de l’aider au maximum, mais cela reste assez mystérieux. Combien de fois a-t-on désiré très fort un objet dont, en fin de compte, on s’est lassé très vite ? À l’inverse, pour quelque chose qui est arrivé un peu par hasard, on peut éprouver ce sentiment de ne plus pouvoir ensuite s’en séparer, tellement cette chose fait désormais partie de notre vie... Il faut aller chercher cette mutualité entre la vie et soi! »

Cet éloge de l’ordinaire, de la simplicité et de l’évidence sied à José Lévy, créateur qui évolue à la croisée des arts décoratifs et des arts plastiques.

Aussi, dans le cadre de l’exposition anniversaire des « 10 ans de résidences métiers d’art à la Villa Kujoyama », à Kyoto – où l’artiste a séjourné dans la section design en 2011 –, José Lévy avait-il demandé aux anciens lauréats de répondre sous la forme d’un témoignage vidéo à la simple mais essentielle question : « Ce que la Villa m’a fait... » L’ensemble a été diffusé en diptyque avec la photographie de leur studio d’alors, afin de dévoiler leur expérience et leur appropriation de la Villa à travers l’aménagement spécifique et singulier de leur espace de travail. Une manière unique et délicate d’entrecroiser le réel et la vie, la nécessité et le hasard, la rigueur et la liberté, le collectif et le personnel, qui caractérise la démarche de José Lévy.

L'objet deJosé LévyChroniqueArts décoratifs
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