Abonnements
Rechercher
ePaper
Newsletter
Profile
Abonnements
ePaper
Newsletter
L'actualité des galeries
L'éditorial de la semaine
Expositions
Marché de l'art
Musées et institutions
Politique culturelle
Livres
LE MENSUEL
L'actualité des galeries
L'éditorial de la semaine
Expositions
Marché de l'art
Musées et institutions
Politique culturelle
Livres
LE MENSUEL
Rechercher
Art Contemporain
Reportage

Dream City : quand l'art s'invite dans la médina de Tunis

Pour sa 10e édition, le parcours d’art imaginé par les chorégraphes Selma et Sofiane Ouissi a proposé, au mois d’octobre 2025, une programmation éclectique réinvestissant l’espace public.

Olivier Rachet
24 novembre 2025
Partagez
Chorégraphie Magec/The Desert de Radouan Mriziga, zaouia de Sidi Ali Chiha, Tunis, 2025. Photo Pol Guillard

Chorégraphie Magec/The Desert de Radouan Mriziga, zaouia de Sidi Ali Chiha, Tunis, 2025. Photo Pol Guillard

Si l’on revient en 2007, l’ambition de Dream City était « de se réapproprier un espace public qui était alors confisqué », se souvient Sofiane Ouissi, cofondateur, avec sa sœur Selma, d’une manifestation qui n’était pas censée se pérenniser. Sous la houlette de l’association L’Art Rue et avec le compagnonnage de Jan Goossens, codirecteur artistique de l’événement, Dream City a pourtant célébré sa 10e édition du 3 au 19 octobre 2025.

Plutôt que de parler de festival, Sofiane Ouissi préfère évoquer un « protocole d’intervention » ou un « laboratoire expérimental de la pensée », dont l’idée est de mettre en synergie différents acteurs du monde de la culture et de la vie sociale : artistes, chercheurs, citoyens et institutionnels. Ces derniers, moins rétifs qu’en 2007 à ouvrir des espaces habituellement fermés au public, jouent un rôle clé dans la manifestation. Éclectique, sa programmation propose des créations chorégraphiques, des projections vidéo, des concerts et plusieurs expositions d’arts visuels. « Nous privilégions les projets bien plus que des disciplines », confie Jan Goossens, qui fut le commissaire invité de l’édition 2015.

Un parcours sous la forme de maqâmât

Sous l’intitulé « Créé par ta magie, Premier Mouvement, Tunis », l’Égyptien Tarek Abou El Fetouh, le commissaire invité de l’édition 2025, a réuni vingt-sept propositions artistiques, dont une dizaine inédites, prenant place dans des espaces architecturaux emblématiques de la médina, tels que le Théâtre El Hamra (qui occupe les murs d’un cinéma transformé dans les années 1980) ou l’ancien collège de la rue des Glacières fondé au XIXe siècle. Le parcours s’inspirait de la forme musicale des maqâmât arabes, « cadre à partir duquel la musique arabe a été élaborée il y a plusieurs siècles », précise le commissaire, lequel avait choisi de ponctuer chaque étape par différentes séances d’écoute dans les cafés de la médina.

S’il était question de musique dans la vidéo de l’artiste palestinienne Jumana Manna, A Magical Substance Flows into Me, consacrée à l’émission radiophonique conçue à Jérusalem, en 1936, pendant la période mandataire, par l’ethno-musicologue Robert Lachmann – lequel s’intéressait à la diversité des répertoires des communautés migratoires samaritaine, bédouine et juive d’Afrique du Nord, du Kurdistan ou du Yémen –, c’étaient surtout les soubresauts de l’histoire du monde arabe que donnait à voir le parcours. Plusieurs travaux pointaient ainsi le sort de l’Irak. C’est le cas de la Koweïtienne Ala Younis, dont l’installation Battles in a Future Estate-Haifa Street reprenait, sous la forme d’une maquette de 13 mètres de long sur 7,5 mètres de large, les étapes traversées par une rue emblématique de Bagdad : construite dans les années 1980, elle fut occupée par l’armée américaine lors de l’invasion du pays en 2003.

Les gestes des artisanes

Point d’orgue de ce parcours, l’installation The Grounding Point de la Tunisienne Sonia Kallel, dans l’ancienne église du Sacré-Cœur, prenait la forme d’une monumentale œuvre textile réalisée avec la collaboration des tisseuses de la communauté Mrazig de la ville de Douz, dans le Sud tunisien. Issues d’une tribu nomade en provenance du Moyen-Orient implantée en Tunisie depuis le XIIe siècle, ces artisanes ont permis à l’artiste d’aborder « les questions de l’ancrage et du déplacement » qui lui semblent indissociables. Se déployant tout le long de la nef, l’installation rappelait la forme d’une tente, mais également, par son minimalisme, un métier à tisser. De longs fils s’effilochaient au niveau du chœur et projetaient sur les murs de délicats rais de lumière, signes d’un savoir-faire en voie de disparition.

Vue de l’exposition « Laaroussa Fragment » de Selma et Sofiane Ouissi, caserne El Attarine, Tunis, 2025.

Photo Pol Guillard

L’exposition immersive « Laaroussa Fragment » de Selma et Sofiane Ouissi, installée dans l’ancienne caserne El Attarine, mettait à l’honneur elle aussi des savoir-faire artisanaux à travers leur collaboration avec les potières de Sejnane. Pour leur pièce Laaroussa Quartet, temps fort de la programmation chorégraphique, le duo a écrit pour les danseurs une partition basée sur les gestes des artisanes. « Il s’agit, depuis le début de Dream City, de créer des espaces de rencontres, de revaloriser cette pluralité des corps et des imaginaires », explique Sofiane Ouissi, rappelant que pour cette édition, « le centre de gravité moral » était demeuré la Palestine et le sort réservé à la ville de Gaza.

En témoigne la sélection vidéo conçue par la Sharjah Art Foundation, « In the Eyes of our Present, we Hear Palestine », qui présentait des travaux de Sharif Waked ou de Basma al-Sharif. Dans la vidéo de cette dernière, We Began by Measuring Distance, une voix off invite le spectateur à mesurer les distances séparant les villes dans lesquelles se sont tenues différentes conférences pour la paix. Un clin d’œil pour une manifestation qui rêve de créer des ponts entre les disciplines et de s’ouvrir à un large public.

Dream City, du 3 au 19 octobre 2025, lieux divers, Tunis, Tunisie.

Art ContemporainDream CityFestivals artistiquesTunisie
Partagez
Abonnez-vous à la Newsletter
Informations
À propos du groupe The Art Newspaper
Contacts
Politique de confidentialité
Publications affiliées
Cookies
Publicité
Suivez-nous
Facebook
Instagram
Twitter
LinkedIn
Ce contenu est soumis à droit d'auteurs et copyrights