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Biennale de São Paulo
Critique

L'humanité au cœur de la Biennale de São Paulo

La grande manifestation, placée sous le commissariat de Bonaventure Soh Bejeng Ndikung et de son équipe, réagit au temps présent et s’ouvre largement à l’Afrique.

Philippe Régnier
5 novembre 2025
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Vue de l’installation Flow, Flower : Bloom ! de Laure Prouvost à la 36e Biennale de São Paulo, 2025. © Levi Fanan/Fundação Bienal de São Paulo

Vue de l’installation Flow, Flower : Bloom ! de Laure Prouvost à la 36e Biennale de São Paulo, 2025. © Levi Fanan/Fundação Bienal de São Paulo

La Biennale de São Paulo, la plus ancienne biennale d’art contemporain après celle de Venise, puisqu’elle a été fondée en 1951, revient jusqu’en janvier 2026 dans le merveilleux pavillon moderniste construit par Oscar Niemeyer dans le parc d’Ibirapuera. Le commissariat de cette édition est assuré par une équipe conduite par Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, commissaire en chef et directeur de la Haus der Kulturen der Welt (HKW), à Berlin. Il s’est entouré des commissaires Alya Sebti, Anna Roberta Goetz et Thiago de Paula Souza, de la co-curator at large Keyna Eleison, de la conseillère stratégique et de communication Henriette Gallus, et des commissaires assistants André Pitol et Leonardo Matsuhei. Ensemble, ils ont choisi pour thématique : « Not All Travellers Walk Roads – Of Humanity as Practice » (Tous les voyageurs n’empruntent pas les routes – L’humanité comme pratique), des mots tirés des vers du poème « Da calma e do silêncio » (Du calme et du silence) de la poétesse africaine-brésilienne Conceição Evaristo.

UNE EXPOSITION SENSORIELLE

Bonaventure Soh Bejeng Ndikung a en effet choisi de mettre au centre du propos de la manifestation la question de l’humanité dans un moment où cette notion est particulièrement malmenée. « C’est une période où nous avons vu s’accélérer le projet de déshumanisation : guerres, famines, enfants, femmes et hommes affamés, violences multiples – d’Anéfis à Bamenda, de Gaza à Goma, du Cachemire à Khartoum, de Marioupol à Naypyidaw, de N’Djamena au Tigré, de Port-au-Prince à Veracruz –, le tout sous l’illusion que nous avons besoin de la guerre pour faire la paix, déclare-t-il. C’est dans ce contexte, marqué également par des urgences écologiques, migratoires, économiques et sociales, que nous mettons en scène cette Biennale. Pour beaucoup d’entre nous, le monde n’a jamais été un lieu sûr. »

Et de poursuivre : « La question que nous posons est donc : quels autres chemins pouvons-nous emprunter ? Voyager au Brésil a aussi été une plongée dans les multiples manières de conjuguer, de cultiver et de transmettre l’humanité : des maîtres de Maracatu aux légendes du mouvement Mangue Beat à Recife ; de l’histoire du “Dragon de la mer”, Francisco José do Nascimento, à Fortaleza, aux pratiques révolutionnaires des jangadeiros qui ont conduit à l’abolition de l’esclavage au Ceará en 1884, quatre ans avant le reste du Brésil; du Festival Egungun et de la poésie Oriki à l’île d’Itaparica, à la roda de samba à Rio ou São Paulo, et bien plus encore ».

Si la Biennale est ancrée au Brésil, cette édition n’a invité que dans une moindre mesure les artistes du pays et s’ouvre plus largement que d’habitude sur l’international, et notamment sur l’Afrique. En entrant dans le bâtiment, le visiteur découvre la grande installation qui s’apparente à un jardin de la poétesse et artiste nigérien·ne américain·e Precious Okoyomon, le tout baigné par le fond sonore diffusé par la pièce de la Brésilienne Gê Viana, artiste militante des cultures indigènes. Avec un plan en main qui indique par des initiales les artistes exposés sur les trois plateaux de l’édifice, le visiteur comprend rapidement que s’il souhaite identifier chaque créateur, sa quête ressemblera vite à un jeu de piste, un choix pleinement assumé par les commissaires.

« En parcourant l’exposition, nous vous invitons à prêter attention à ces modes de relations et à ces responsabilités envers l’humanité, affirme ainsi Bonaventure Soh Bejeng Ndikung. Nous avons voulu concevoir une exposition sensorielle qui engage le corps entier, et pas seulement l’esprit : une exposition que l’on peut expérimenter par l’odorat, l’ouïe, le toucher. C’est pourquoi, à travers notre système de signalétique, nous vous offrons la possibilité d’entrer en contact direct avec les œuvres, avant même de lire les titres et descriptions sur les piliers de ce majestueux bâtiment d’Oscar Niemeyer. »

DES PROPOSITIONS DE HAUTE QUALITÉ

L’exposition est articulée autour de six chapitres : « Fréquences des arrivées et des appartenances », « Grammaires de l’insoumission », « Rythmes de l’espace et récits », « Courants du soin et cosmologies plurielles », « Cadences des métamorphoses » et « L’intraitable beauté du monde ». Présent sur les trois niveaux, l’artiste britannique né au Guyana Frank Bowling expose vingt-cinq peintures qui retracent toute sa carrière. La scène française n’est pas oubliée, avec une grande installation de Laure Prouvost, les sculptures de Pol Taburet, des valises étincelantes et une vidéo de Kader Attia, l’installation numérique Dislocations de Josèfa Ntjam ou le walldrawing d’Olivier Marboeuf.

Vue de l’installation Someone’s Child de Pol Taburet à la 36e Biennale de São Paulo, 2025. © Levi Fanan/Fundação Bienal de São Paulo

L’exposition invite à « prêter attention à ces modes de relations et à ces responsabilités envers l’humanité ».

Michele Ciacciofera a produit in situ l’œuvre The Nest of the Eternal Present, un grand nid flanqué de quatre totems. « Il s’agit d’un dispositif à la fois sculptural et sonore. Au centre se trouve un nid circulaire, qui renvoie à la réflexion bachelardienne sur le nid comme archétype de la maison accueillante, explique l’artiste. Ici, il abrite trois œufs, en hommage à la science et à l’archéologie, grâce auxquelles a été récemment mis au jour, au Brésil, un nid circulaire de titanosaures contenant des œufs. L’œuvre est aussi une métaphore, laquelle évoque la capacité de chaque être humain à trouver en lui-même une réponse aux problèmes de l’humanité. »

Au gré du parcours sont en outre présentées les œuvres de deux artistes marocains historiques, Farid Belkahia et Mohamed Melehi. L’exposition met également en lumière des créateurs rarement montrés, comme Werewere Liking, écrivaine, critique, peintre, sculptrice, comédienne et danseuse d’Abidjan. Autre artiste africain, le Sénégalais Théodore Diouf dévoile ses compositions abstraites dans deux espaces de la Biennale. S’il comprend beaucoup d’artistes peu vus dans des manifestations de ce type, le parcours se distingue par une haute qualité des propositions. Les artistes ont chaque fois été sélectionnés pour leurs œuvres, et non pour leurs origines, une critique qui avait émaillé la dernière Biennale de Venise signée du Brésilien de São Paulo Adriano Pedrosa.

Enfin, pendant la manifestation, la Casa do Povo devient un espace d’extension de la Biennale avec le programme « Afluentes : Ensaio Geral », conçu par Benjamin Seroussi et Daniel Blanga Gubbay. Sont notamment proposés des performances, cabarets, concerts, discussions, en résonance avec l’histoire militante et communautaire du lieu. L’humanité toujours.

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36e Biennale de São Paulo, 6 septembre 2025 - 11 janvier 2026, pavillon Ciccillo Matarazzo, parc d’Ibirapuera, av. Pedro Álvares Cabral, São Paulo, Brésil.

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