Abonnements
Rechercher
ePaper
Newsletter
Profile
Abonnements
ePaper
Newsletter
L'actualité des galeries
L'éditorial de la semaine
Expositions
Marché de l'art
Musées et institutions
Politique culturelle
Livres
LE MENSUEL
L'actualité des galeries
L'éditorial de la semaine
Expositions
Marché de l'art
Musées et institutions
Politique culturelle
Livres
LE MENSUEL
Rechercher
L'actualité des galeries
Actualité

Vénus néo-classique, strip-teaseuse et Barbie

Patrick Javault
31 octobre 2025
Partagez
Vue de l’exposition « Bharti Kher : The Sun Splitting Stones », chez Perrotin Paris. Courtesy de l’artiste et de Perrotin. Photo Claire Dorn

Vue de l’exposition « Bharti Kher : The Sun Splitting Stones », chez Perrotin Paris. Courtesy de l’artiste et de Perrotin. Photo Claire Dorn

L'actualité des galeries

Un choix d'expositions proposées dans les galeries par le critique d'art Patrick Javault

Bharti Kher : The Sun Splitting Stones

Après une vingtaine d’années d’interruption, Bharti Kher est revenue récemment à la peinture. C’est la première fois qu’elle réunit dans une même exposition peintures et sculptures, et cela avec la volonté de faire apparaître des correspondances entre elles. L’exposition se vit comme une expérience sensorielle envoûtante. Dans la série des Weather Paintings, Bharti Kher multiplie les signes et les symboles avec une prédilection pour la figure du cercle et du triangle, tout en se livrant à des improvisations dans tous les points de l’espace pictural. Elle établit un nombre incalculable de degrés de profondeur, avec des trouées, des oculi parfois. À une énergie et une fureur qui rappellent l’expressionnisme abstrait, la profusion de motifs de certains Arshile Gorky par exemple, elle marie des références à l’alchimie et au tantrisme. Le lien entre peinture et sculpture est particulièrement prononcé dans le rapprochement de Weather Painting : the Sun Splitting Stones et East of the Sun and West of the Moon. Cette dernière sculpture associe une colonne couverte de bindis surmontée d’une barre de métal horizontale à laquelle sont pendus un sari plié et une bobine de fil rouge, et un radiateur qui sert de socle à un bloc de quartz vert. Aussi énigmatique que soit cette composition, on y reconnaît l’équilibre, la vision intérieure, la chaleur et les forces telluriques. Dans le tableau associé, l’idée d’équilibre est rendue par un grand trait noir qui vient en avant de la composition et semble la coiffer. Les bindis, qui dans la sculpture ont un caractère ornemental, sont dans le tableau de véritables figures.

Dans cet univers chargé d’intensité, d’électricité même, la sculpture The Alchemist est l’œuvre pivot. C’est une statue de Vénus néo-classique qu’encadre du sommet du crâne au genou un triangle équilatéral fait de mètres d’arpentage. Elle est ornée de deux saris froissés et figés avec de la résine, et aux quatre coins de sa base se trouvent trois minuscules pyramides et une sphère sur une tige. Cette divinité hybride, autoportrait déclaré, porte en elle l’ordre et l’énergie non domestiquée, l’idée et la sensualité. Lui est associé Weather Painting : The rain in your eyes, de grands flots d’azur qui se déversent sur une surface de toile claire, comme une naissance, une ouverture vers des possibles.

Du 18 octobre au 20 décembre 2025, Perrotin, 76 rue de Turenne, 75003 Paris

Vue de l’exposition « Nina Childress : Casting » chez Art : Concept, Paris. Courtesy the Artist and Art : Concept, Paris. Photo Objets pointus

Nina Childress : Casting

Le cinéma et les variétés des années 1960 et 1970 ne font pas que fournir à Nina Childress une source inépuisable d’images ; ils inspirent l’artiste dans son travail sur la couleur et sa volonté de porter la peinture au-delà du cadre. Avec, depuis longtemps, l’emploi de peinture phosphorescente et, plus récemment, celui de couleurs caméléons employées par l’industrie, l’artiste se rapproche un peu plus de l’univers du spectacle. Le casting est l’occasion de peindre des scènes qui peuvent être le point de départ d’une histoire. On remarque une présence insistante du motif du rideau comme fond : par exemple derrière une strip-teaseuse tournant le dos à la salle ou derrière un groupe de femmes nues, vraisemblablement en attente de son lever, et qui nous tournent également le dos. C’est un double jeu sur la frustration du spectacle et une référence au rideau comme métaphore du tableau, tel qu’il peut être employé par Gerhard Richter notamment. Pour que la peinture caméléon produise tous ses effets, il a fallu que Nina Childress applique la couleur avec une large brosse qui laisse une marque régulière. Cela donne un effet artisanal qu’elle corrige par des gestes de peintre, marquant les ombres par des arêtes franches, sculptant les chevelures par quelques rehauts, fixant les traits d’un visage ou le pli d’un dos par quelques virgules noires ou une croix. L’arbitraire du peintre trouve à s’exercer avec liberté et drôlerie dans une peinture de nature réaliste, aux tons inspirés par les éclairages de scène ou de cinéma.

Du 16 octobre au 22 novembre 2025, Art : Concept, 4 passage Sainte-Avoye, 75003 Paris

Vue de l’exposition « Tomasz Kowalski : At the Excavation Site » chez Crèvecœur rue de Beaune. Courtesy de l’artiste et de Crèvecœur. Photo Martin Argyroglo

Tomasz Kowalski : At the Excavation Site

On dit que Tomasz Kowalski n’attache guère d’importance aux sujets de ses tableaux et qu’il commence ceux-ci sans dessin préalable, et même sans idée préconçue. Fruits de l’association de l’huile, de la gouache et du crayon sur de la toile de jute non préparée, qui absorbe la couleur, les scènes ou les intérieurs qu’il peint donnent l’impression de ressurgir d’un passé enfoui. Chaque tableau apparaît comme une aventure entreprise à partir d’un défi compositionnel, où se laisse voir parfois la marque d’effacements ou de repentirs s’accordant parfaitement avec des figures éthérées, des fantômes, des ombres. On y voit de nombreuses réminiscences qui vont du symbolisme à la peinture métaphysique, du nabisme au Bauhaus. Tomasz Kowalski aime peindre les groupes, même s’il ne fait parfois que les suggérer, mais il peut aussi tirer du motif d’un éventail le point de départ d’une rêverie, ou suggérer une intrigue avec deux enfants qui ouvrent un peu théâtralement un rideau. Il aborde, aux limites de la représentation, en peignant la vision d’un intérieur d’habitation sur une mince bande excentrée ouverte dans un monochrome noir. Une des œuvres les plus prenantes dépeint une petite foule de dos sur une place de village enneigée. Ils regardent apparemment quatre figures esquissées en position surélevée, le pull de l’un d’eux faisant une belle lueur orange au-dessus de la masse sombre. À droite de la composition, à bonne distance du groupe, on aperçoit un musicien qui fait danser trois serpents, trois traits transparents sur la toile. Personne ne lui accorde semble-t-il d’attention. Qui peut dire alors où se trouve le sujet. Est-ce l’activité du magicien ou la beauté compacte du groupe ?

Pour sa première exposition parisienne, Tomasz Kowalski a pu investir les deux espaces rue de Beaune de la galerie Crèvecœur, ainsi qu’un troisième, que celle-ci vient d’ouvrir à la même adresse. Cette exposition en trois volets savamment articulés permet une vraie découverte.

Du 20 octobre au 29 novembre 2025, Crèvecœur, 5 & 7 rue de Beaune, 75007 Paris

Vue de l’exposition « Laurie Simmons : Black & White » chez Almine Rech Paris, Matignon. © Laurie Simmons. Courtesy of the artist and Almine Rech. Photo Ana Drittanti

Laurie Simmons : Black & White

Plus ou moins associée à la Pictures Generation, Laurie Simmons s’est fait connaître au milieu des années 1970 par des photographies en noir et blanc de salons ou de cuisines dans lesquelles une femme seule s’intégrait au décor. Malgré le soin apporté à la réalisation de ces images, à leur éclairage en particulier, il n’échappait à personne que ces intérieurs étaient ceux de maisons de poupées et leurs occupantes de simples figurines en résine synthétique. Sans prétendre d’aucune façon à faire œuvre de photographe, Laurie Simmons délivrait une parodie de documentaire social en même temps qu’une réflexion sur la mise en scène du quotidien et sur la place assignée aux femmes. Un jeu de petites filles pour se projeter dans l’ennui promis à l’âge adulte.

Depuis quelques années, Laurie Simmons actualise certaines de ses œuvres des débuts au moyen de l’IA. Le remake se double d’un acte de lecture et d’interprétation qui se traduit, dans des photos ou dans des films, par des images un peu plus réalistes et glacées. La juxtaposition d’images de 1976 et d’autres de 2025 fait ressortir le caractère novateur des premières, et leur fraîcheur aussi. La femme dans son salon de 2025 pourrait être une héroïne du [réalisateur et scénariste] Douglas Sirk, tandis que les femmes dans leurs cuisines au milieu de vaisselle cassée font hésiter entre une révolte des objets ou un simple raté de l’IA. Complétant cette entrée dans une partie de l’univers de Laurie Simmons, celui en noir et blanc, l’exposition présente aussi deux maquettes accrochées à la verticale qui sont habitées l’une par Barbie et l’autre par Ken, ainsi qu’un gâteau d’anniversaire factice, comme deux exemples de la sculpture chez Laurie Simmons.

Du 18 octobre au 20 décembre 2025, Almine Rech, 18 avenue Matignon, 75008 Paris

L'actualité des galeriesBharti KherGalerie PerrotinNina ChildressGalerie Art : ConceptTomasz KowalskiGalerie CrèvecoeurLaurie SimmonsGalerie Almine Rech
Partagez
Abonnez-vous à la Newsletter
Informations
À propos du groupe The Art Newspaper
Contacts
Politique de confidentialité
Publications affiliées
Cookies
Publicité
Suivez-nous
Facebook
Instagram
Twitter
LinkedIn
Ce contenu est soumis à droit d'auteurs et copyrights