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Actualité

Téléphone à cadran, rondelles d’oignon et briquets jetables

Patrick Javault
5 décembre 2025
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Vue de l’exposition « Paul Sietsema » à la Marian Goodman Gallery, Paris. Courtesy de l’artiste et Marian Goodman Gallery. Photo Rebecca Fanuele

Vue de l’exposition « Paul Sietsema » à la Marian Goodman Gallery, Paris. Courtesy de l’artiste et Marian Goodman Gallery. Photo Rebecca Fanuele

L'actualité des galeries

Un choix d'expositions proposées dans les galeries par le critique d'art Patrick Javault

Paul Sietsema

Paul Sietsema a divisé son exposition en deux parties correspondant aux deux niveaux de la galerie. Au rez-de-chaussée, il montre sept peintures nouvelles et, au sous-sol, des œuvres plus anciennes qui renseignent sur la diversité de ses recherches. Deux des peintures nouvelles montrent des objets agrandis en vue plongeante : un téléphone à cadran gris argenté, combiné décroché sur un fond de même couleur et une machine à écrire noire présentée, elle, plein cadre. Le premier tableau est un Arrangement et le second une Object Painting, mais le processus d’exécution est comparable. L’artiste commence par recouvrir l’objet de peinture puis le photographie, avant de reproduire cette image sur toile par un méticuleux travail à la brosse. L’objet ressort en donnant l’illusion d’un relief. Pour ses tableaux de téléphone, motif récurrent, Sietsema s’attache à retrouver la couleur exacte de l’objet pour un mixte de séduction et de froideur. Le choix des objets renvoie à la fonction de communication assignée à l’œuvre d’art, et leur obsolescence invite à méditer sur l’objet tableau et sa quasi-immortalité. Avec les Action Paintings, dont il présente deux exemples au rez-de-chaussée et un au sous-sol, c’est cette fois la question de la valeur et plus précisément de la valeur accordée à un geste que Sietsema met en jeu. Les tableaux sont en effet peints sur le revers de toiles abstraites, de faux Jackson Pollock, glanés pour quelques dollars sur le Net. L’une des Action Paintings est un grand trait noir tracé avec une ancienne pièce de 1 dollar, une autre (montrée au sous-sol) est une traînée blanche peinte avec la carte de crédit, l’objet ou sa représentation restant attachée à la composition. Entre les deux extrêmes que sont l’abstraction gestuelle et l’image léchée, soit l’expressionnisme abstrait et la peinture hyperréaliste, Paul Sietsema engage d’autres réflexions sur la façon dont la peinture peut s’interroger sur sa propre existence. On découvrira notamment dans les œuvres nouvelles une curieuse Gray Painting avec un énorme cloquage en partie réel et en partie représenté et, dans les œuvres anciennes, un tableau peint d’après un cyanotype d’affiche reproduisant un tableau de Pablo Picasso. Le Sietsema cinéaste est représenté par deux films, dont l’un vient fort habilement conclure le parcours. C’est une succession de plans fixes de débris de bois sur fond noir. Leur disposition compose une lettre de l’alphabet et la succession des plans fait apparaître la phrase : « Letter to a Young Painter ».

Du 18 octobre au 20 décembre 2025, Marian Goodman Gallery, 79 rue du Temple, 75003 Paris

Vue de l’exposition « Karolina Jabłońska : Jarred Kitchen » chez Esther Schipper, Paris. Courtesy de l’artiste et Esther Schipper, Berlin/Paris/Seoul. Photo © Andrea Rossetti

Karolina Jabłońska : Jarred Kitchen

Karolina Jabłońska a conçu « Jarred Kitchen » (cuisine en bocaux) comme une exposition thématique réunissant en nombre à peu près égal peintures sur toiles, grandes et moyennes, et petits tableaux peints sur panneaux de bois. Parmi les œuvres sur toile, l’accrochage met particulièrement en relief quatre énormes têtes. C’est un même visage, inspiré des traits de l’artiste et que celle-ci emploie très souvent ; à la fois elle-même et personne. La tête se voit tour à tour enfermée dans un bocal, réduite au silence par une poignée d’œufs que l’on tend sous son nez, couvertes de rondelles d’oignon en ne gardant qu’un œil pour pleurer, ou bien encore servie dans une assiette. Dans ce dernier cas, le visage semble s’effacer sous la composition légumière. La betterave suintante qui couvre la bouche, les mèches de cheveux qui s’enroulent autour de carottes et d’oignons, sont autant d’éléments qui donnent à la composition un caractère sensuel, morbide et forcément troublant. Pour accompagner ces visions, l’artiste a peint sur les petits panneaux de bois des bocaux pouvant contenir des légumes, mais également des yeux ou des doigts. D’autres tableaux sur toile s’offrent en contrepoint à ces deux séries : des mains féminines qui plongent dans la terre pour empoigner des betteraves, une femme qui brûle, un torchon dans la même situation, et un cahier dans lequel sont dessinés quelques modèles de couteaux de cuisine. Karolina Jabłońska déroule là ce que, parodiant un titre célèbre de Martha Rosler, une fantasmatique de la cuisine.

Du 21 octobre au 20 décembre 2025, Esther Schipper, 16 place Vendôme, 75001 Paris

Vue de l’exposition « Duke Riley : Baigné de vos langueurs » à la Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois. Courtesy de l’artiste et Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois. Photo Aurélien Mole

Duke Riley : Baigné de vos langueurs

Tatoueur avant de devenir artiste, Duke Riley est un témoin lucide et engagé d’une nature transformée par la pollution. Ce sont les objets et les débris récoltés sur les plages ou les rivages, seul ou avec l’aide de ceux qui sont affectés au nettoyage, qui forment la matière première des œuvres de « Baigné de vos langueurs ». Deux traditions l’ont principalement inspiré. Tout d’abord le scrimshaw, une technique avec laquelle les baleiniers gravaient autrefois leurs dessins sur des dents de cachalot ou des défenses de morse. Il l’a adaptée à des flacons en plastique ou sur des plaques de celluloïd, peints préalablement dans une teinte ivoire. Dans son Polystyrene Museum, il alterne figures en costume et scènes d’aujourd’hui, en y ajoutant les portraits de directeurs d’exploitation de quelques grandes sociétés pollueuses. Transposant le style des scrimshaw au papier, il réunit histoire et posthistoire en une grande et délirante composition.

Une autre tradition inspire Duke Riley, celle des Sailor’s valentines, mosaïques décoratives faites de coquillages que les marins confectionnaient pour leur bien-aimée. La composition octogonale ici exposée comprend des coquillages mais aussi beaucoup de déchets dont des briquets jetables et des filtres de cigarettes. S’écartant de la tradition, l’artiste fabrique aussi des leurres de pêche à partir de n’importe quel type de débris plastique auquel il ajoute yeux et hameçons. La joie trouve à se manifester dans l’effroi. Plus encore qu’à une sensibilisation aux questions écologiques, Duke Riley nous invite à une réflexion sur notre monde et ses fondations. Il voit dans les pétroliers d’aujourd’hui les successeurs de ces baleiniers qui sillonnaient les mers afin de rapporter de quoi alimenter l’éclairage des villes ou lubrifier les machines.

Du 7 novembre au 20 décembre 2025, Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois, 36 rue de Seine, 75006 Paris

Vue de l’exposition « Justin Fitzpatrick : The Yellow Book » à la Galerie Sultana. Courtesy de l’artiste et Sultana, Paris. Photo Laurent Edeline

Justin Fitzpatrick : The Yellow Book

Dans le texte qu’il a rédigé pour la présentation de « The Yellow Book », Justin Fitzpatrick se réfère au décadentisme, ce mouvement artistique apparu au XIXe siècle en Europe et aux États-Unis, et revendique la positivité du sentiment d’amertume qui « s’attarde sur la blessure plutôt que de chercher à la sublimer ». Cette exposition a donc la valeur d’un double manifeste. The Yellow Book est le nom d’une revue littéraire anglaise à laquelle collabora Oscar Wilde et qu’il aurait tenue entre ses mains au moment de son arrestation. C’est un symbole et un signe de reconnaissance. Les tableaux de Fitzpatrick sont des constructions complexes qui entremêlent des ornements Art déco et des personnages de science-fiction anciens, une hybridation d’organique et de mécanique, de chair et d’architecture, la rencontre de Beardsley et de Giger. En concevant un poster pour Théorème, un cadre orné pour un dessin de Prométhée par Eisenstein ou en reprenant le Nijinsky de Leon Bakst pour le confronter à des bouches d’extraction de ventilation, l’artiste honore trois figures qu’il juge « emblématiques de l’amertume ». Les autres tableaux s’apparentent à des grilles ou à des seuils à travers lesquels se laissent parfois apercevoir des scènes secondaires. On glisse d’une fantaisie en apparence légère, par exemple dans la représentation de deux neurones très humains hésitant à faire bouger le muscle qui leur sert de fond, à une autre plus grave. Trickle-down theory (The lemon juicer) unit des têtes humaines à des tours en forme de presse-citron sous une rosace en forme de tranche de citron. Le titre se réfère à une théorie économique que l’argent qui se déverse sur les grosses entreprises et les ultra-riches finissent par se répandre sur les classes inférieures. L’image est transparente autant qu’acide.

Du 29 novembre 2025 au 31 janvier 2026, Sultana, 75 rue Beaubourg, 75003 Paris

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