Abonnements
Rechercher
ePaper
Newsletter
Profile
Abonnements
ePaper
Newsletter
L'actualité des galeries
L'éditorial de la semaine
Expositions
Marché de l'art
Musées et institutions
Politique culturelle
Livres
LE MENSUEL
L'actualité des galeries
L'éditorial de la semaine
Expositions
Marché de l'art
Musées et institutions
Politique culturelle
Livres
LE MENSUEL
Rechercher
Point de vue
Actualité

Le point de vue de… Nathalie Obadia sur SITE SANTA FE 2025

Trente après sa création en 1995 et après une interruption de 7 ans, la 12e édition de SITE SANTA FE a été confiée à Cecilia Alemani, l’une des commissaires les plus influentes de sa génération, signe qu’il ne s’agit pas d’un événement artistique de plus à visiter dans le calendrier très rempli des expositions internationales en 2025.

Nathalie Obadia
24 juillet 2025
Partagez
Œuvres de Dominique Knowles et Simone Leigh, 12e édition de SITE SANTA FE, 2025. Photo Nathalie Obadia

Œuvres de Dominique Knowles et Simone Leigh, 12e édition de SITE SANTA FE, 2025. Photo Nathalie Obadia

SITE SANTA FE, première biennale d’art contemporain créée dans le sud des États-Unis (Prospect, triennale de la Nouvelle-Orléans, n’a été créée qu’en 2008), a vu le jour en 1995 grâce à l’initiative de personnalités reconnues sur la scène de l’art, comme Laura Carpenter, qui, après Dallas, a ouvert une galerie à Santa Fe au début des années 1990, où elle a importé au Nouveau-Mexique des artistes renommés comme Louise Bourgeois, Ellsworth Kelly, Juan Muñoz, mais aussi Susan Rothenberg qui s’était installée, avec son mari Bruce Nauman, à Galisteo, au sud de la capitale fédérale.

Il s’agissait avant tout de créer un autre pôle que ceux de New York et de Los Angeles, qui dominent le monde de l’art américain, et de faire mieux connaître les scènes artistiques du Southwest, dont Santa Fe est le centre le plus dynamique depuis le commencement du XXe siècle. L’accélération au début du XXIe siècle des influences des « cultural studies » dans l’art, dont les « black studies », les « indigeneous studies », les « chicanos studies » et, plus largement, les études sur les minorités hispaniques vont donner un angle plus engagé aux différentes biennales et grandes expositions aux États-Unis et dans le monde, comme celles du Whitney Museum of American Art (New York) et de Venise, ou la Documenta de Cassel (Allemagne). En 2004 est aussi créé à Santa Fe l’IFAM, International Folk Art Market, dont la mission chaque année est d’inviter des artistes et artisans du Sud global à montrer et à vendre leurs créations. La volonté est de valoriser les artisanats locaux marginalisés par l’industrie du luxe. Ainsi, la ville de Santa Fe devient le centre des mondes décentrés, et, cette année donc, l’IFAM s’est tenue le temps d’un week-end dans le parc attenant au bâtiment de SITE SANTA FE.

Le concept de cette 12e SITE SANTA FE se distingue des biennales globales arrimées aux forces du circuit de l’art international qui laissent peu de place aux artistes invisibilisés issus de différentes minorités. Ainsi, Cecilia Alemani a été choisie pour son engagement à mettre en valeur les artistes du Southwest et plus précisément ceux de l’État du Nouveau-Mexique, pour montrer leurs diversités en les exposant aux côtés de créateurs du reste des États-Unis et d’autres pays. Dans son texte d’introduction du catalogue, les jalons sont posés. Cecilia Alemani ne veut pas opposer les artistes « Native » et ceux des différentes communautés latinos (descendants ibériques venus pendant la conquête espagnole et les Mexicains qui ont préféré quitter leur pays devenu indépendant en 1848), ni avec ceux du nord des États-Unis venus chercher une terre plus authentique dès le début du XXe siècle, ce que j’ai ressenti comme un certain « Orientalisme » quand d’autres parlent de Romantisme.

Cecilia Alemani veut montrer que ces différentes origines ethniques constituent en fait toute la richesse de la scène artistique de Santa Fe et, plus largement, du Nouveau-Mexique. Il faut souligner que ce dernier n’est devenu le 47e État des États-Unis qu’en 1912, car justement les responsables politiques de Washington trouvaient les Latinos de la région très marqués par la religion catholique, peu assimilables, et donc peu fiables dans leur fidélité aux valeurs états-uniennes. Pour remplir cette mission, Cecilia Alemani était légitime après avoir fait ses preuves comme directrice artistique de la 59e Biennale de Venise en 2022, intitulée « The Milk of Dreams » – titre du livre de la peintre surréaliste américaine Leonora Carrington, longtemps marginalisée –, où elle a invité un grand nombre d’artistes non-occidentaux, dont certains se retrouvent à SITE SANTA FE. Comme à Venise, elle a emprunté le titre de l’exposition à un artiste : « Once Within a Time » correspond au dernier long métrage de Godfrey Reggio, célèbre metteur en scène, activiste, figure de la contre-culture américaine du Southwest et installé depuis les années 1960 à Santa Fe. Ce dernier est très impliqué auprès des différentes minorités et des délaissés de la ville, dont on peut dire que, même si elle garde son authenticité, elle s’est profondément gentrifiée et est devenue un lieu de résidence particulièrement apprécié des Américains très aisés.

Les origines des 71 artistes invités sont indiquées dans le texte d’introduction. On y parle bien de quota : un tiers du Southwest, un tiers des États-Unis et du Canada, un tiers d’autres régions. Jamais SITE SANTA FE n’a été aussi engagée et Cecilia Alemani justifie ce choix en invitant aussi 27 auteurs, contemporains ou décédés, connus pour leurs liens forts avec le Southwest. On retrouve leurs textes dans les différentes parties de l’exposition, comme ceux de D.H. Lawrence, le controversé auteur de L’Amant de Lady Chatterley publié en 1928 qui, face aux attaques puritaines contre le livre et son œuvre en général, a trouvé refuge au nord de Taos, ville devenue le second centre artistique du Nouveau-Mexique ; ceux de Cormac McCarthy, le très célèbre auteur de ce qui est considéré comme le Deep South ; ainsi que Lucy Lippard, célèbre critique d’art, activiste féministe des années 1960, qui vit à Galisteo ; et des chercheurs et critiques d’art Native Americans comme Luci Tapahonso et Vivian Arviso. Cecilia Alemani veut montrer les liens culturels tissés entre les artistes et les auteurs dans un Southwest qui n’est pas un monde cloisonné. Elle a ainsi choisi de disperser SITE SANTA FE dans 14 lieux. Alors que la Biennale est concentrée depuis 2017 dans un nouveau bâtiment très fonctionnel dont l’architecture n’a rien à voir avec celles traditionnelles de Santa Fe, Alemani a investi des musées en ville et des lieux privés comme des devantures de magasins. C’est l’esprit de la Documenta qui est repris, comme pour montrer l’emprise des arts sur l’esprit de la ville. La commissaire fait de Santa Fe le centre des combats décoloniaux à travers son choix d’artistes et d’auteurs que l’on pourrait qualifier de non alignés ou en résistance avec le monde de l’art global.

Maja Ruznic, Deep Dwells in Deep, 2025. 12e édition de SITE SANTA FE, 2025. Photo Nathalie Obadia

Cependant, la liste des invités est le résultat d’un subtil équilibre entre des artistes très reconnus internationalement et d’autres qui le sont localement.

On retrouve des figures incontournables qui servent à la publicité internationale de SITE SANTA FE pour son grand retour depuis 2018, mais qui sont aussi des symboles. Cecilia Alemani a ainsi convié deux influentes artistes qui étaient déjà à Venise en 2022. Simone Leigh propose deux grandes sculptures qui s’imposent dès l’entrée. Elles se lisent comme un signe de puissance, comme celui du « Black Woman Empowerment », voulant signifier aux artistes femmes Native Americans et des communautés latinos « Yes you can » : « j’y suis arrivée, vous le pouvez aussi ». Juste avant ces deux grandes œuvres, la chorégraphe plasticienne franco-autrichienne Gisèle Vienne a installé plusieurs mannequins de jeunes filles, l’air triste et souvent le regard au sol. J’ai trouvé la proximité étrange avec Simone Leigh, témoignant du constant conjoint d’un sentiment de culpabilité et de défaite des valeurs occidentales à travers le « white female gaze » [regard féminin blanc]. Cecilia Alemani défend Simone Leigh depuis de longues années, elle l’avait invitée à installer une spectaculaire sculpture sur la High Line à New York, qui a été remontrée à l’Arsenal à Venise en 2022, alors même que l’artiste représentait les États-Unis, – ce qui lui a valu de recevoir le prestigieux Lion d’or.

Ali Cherri, né au Liban en 1976, est aussi présent à SITE SANTA FE avec une vidéo de 2023, The Watchman, sur le conflit entre la Turquie et Chypre. Elle est projetée au New Mexico Military Museum qui met en avant le patriotisme américain des différentes communautés du Nouveau-Mexique. Avec cette vidéo qui montre l’absurdité de la guerre dans un lieu aussi connoté, Alemani fait entrer la géopolitique dans la biennale, avec un artiste considéré comme engagé. Il fait un parallèle entre les conflits du Moyen-Orient et les luttes qu’ont connu les Native Americans et les Latinos pour préserver leurs identités au sein des États-Unis.

En invitant Wael Shawky à exposer deux vidéos à SITE SANTA FE, la commissaire choisit de faire de la Biennale le centre des enjeux du Sud global. Car, outre le fait que Shawky est un artiste très reconnu qui a exposé dans la majorité des lieux prescripteurs – Biennales d’Istanbul et de Sharjah, Documenta 13 –, il a représenté l’Égypte à la Biennale de Venise en 2024. Il est aussi une personnalité influente et incontournable du monde de l’art. Wael Shawky, né en Égypte en 1971, a choisi de résider à Doha, au Qatar, où il dirige un centre d’art. Il vient même d’être nommé directeur artistique de la première édition d’Art Basel Qatar qui devra montrer en priorité les artistes de la région dite MENASA (Middle East, North Africa, South Asia). La présence de Wael Shawky est une manière de mettre en avant les mécanismes mis en place pour décentrer le monde de l’art. SITE SANTA FE peut être considérée comme l’un des équivalents de cette tendance aux États-Unis, étant implantée dans l’État du Nouveau-Mexique – souvent perçu comme un bastion de résistance aux politiques MAGA [de Donald Trump], particulièrement hostiles aux minorités non blanches.

C’est ainsi que sont exposés aussi des artistes asiatiques subversifs, comme le Chinois Zhang Yunyao et le Taïwanais Zhang Xu Zhan, dont la vidéo et l’installation extraordinaires sont des messages critiques contre la puissance de la Grande Chine et de tout pays aux velléités autocratiques et conquérantes.

Will Wilson, Hubris on the Land, détail, 2022-ongoing. 12e édition de SITE SANTA FE, 2025. Photo Nathalie Obadia

Là où l’exposition devient plus complexe, c’est quand le sujet de la bombe atomique est abordé par les artistes. Car c’est dans l’État du Nouveau-Mexique que le gouvernement américain a installé, à Los Alamos, le site qui a permis de mettre au point le Projet Manhattan pour finaliser la bombe atomique. En effet, y sont localisées, sur d’anciens territoires occupés par les Native Americans, les mines d’uranium. La bombe, dont le nom de code était Gadget, a explosé pour la première fois le 16 juillet 1945 lors d’un essai tenu secret, mais dont les secousses ont été ressenties sur un périmètre de 150 kilomètres. Moins d’un mois après, la bombe atomique était lancée sur Hiroshima, le 8 août 1945, et la deuxième sur Nagasaki le 9 août, ce qui a entraîné la capitulation du Japon. La Guerre froide n’a fait qu’accélérer le programme militaire américain et les essais se sont multipliés au Nouveau-Mexique. Les Native Americans y dénoncent toujours le viol de leurs terres. Ceci reste inaudible à Washington par le gouvernement américain car les États-Unis sont devenus la première puissance mondiale incontestée grâce aux succès de la bombe nucléaire. Les Native Americans se sont sentis trahis, tout comme aussi les propriétaires blancs, héritiers des « settlers », des ranchs expulsés et obligés de se battre pour être dédommagés. Deux artistes parlent de manière très forte des conséquences de ces épisodes. Le Native American Will Wilson photographie les zones habitées par ses ancêtres et polluées définitivement par l’extraction de l’uranium, laissant des paysages ravagés et délaissés. Il dénonce aussi les installations des artistes liés au land art, tous hommes blancs d’origine anglo-saxonne qui se sont approprié les terres de leurs ancêtres pour ne servir qu’un tourisme artistique de happy few, comme l’installation The Lightning Field de Walter De Maria. Quant à Greg Mac Gregor, il met en scène, à travers une série de photographies, des personnages représentés par des mannequins figés dans des intérieurs après les secousses provoquées par les essais nucléaires. On perçoit ici le concept de « colonialité » qui s’attache aux conséquences des conquêtes par les Européens, même après la décolonisation. Je ne pensais pas que le traumatisme de la bombe atomique restait aussi fort, mais le 16 juillet 2025, le quotidien Santa Fe New Mexican a publié un long reportage intitulé Instant Flash, Slow Burn pour marquer le 80e anniversaire de l’explosion de Gadget, symbole du changement d’échelle du monde ce jour-là. C’est dans l’État du Nouveau-Mexique, connu pour la persistance de son mode de vie traditionnel, que cela s’est produit. Ce grand traumatisme du Nouveau-Mexique s’invite dans l’exposition de Cecilia Alemani qui donne encore davantage le sentiment du caractère singulier de la région au sein des États-Unis d’aujourd’hui.

Vue du Giorgia O’Keeffe Museum à Santa Fe. Photo Nathalie Obadia

Aussi, on peut être interpellé par l’indifférence d’artistes comme Florence Miller Pierce, née en 1917, présente dans l’exposition, qui est restée au Nouveau-Mexique comme d’autres artistes du Transcendental Painting Group, et ce, malgré la multiplication des essais militaires et nucléaires. Ce fut aussi le cas de Georgia O’Keeffe qui, depuis la fin des années 1920, a visité le Nouveau-Mexique où elle s’est installée dans les années 1930, près du village d’Abiquiú, dans l’enclave de Ghost Ranch, à l’est de Santa Fe. Ces paysages et la nature environnante deviendront la source unique de son travail. Elle incarnera de son vivant l’esprit du Nouveau-Mexique et, plus précisément, celui de la région de Santa Fe, jusqu’à devenir un véritable mythe après sa mort en 1986. Toute une industrie du tourisme est d’ailleurs organisée autour de sa personnalité et de son œuvre : un musée à Santa Fe, deux résidences qui se visitent, de multiples produits dérivés qui doivent engendrer de très importants revenus. Georgia O’Keeffe n’expose pas à SITE SANTA FE, mais sa présence est permanente, comme celle, plus discrète, d’Agnes Martin, une autre femme peintre très célèbre venue, elle, s’installer définitivement à Taos en 1967. On peut dire qu’elle s’est éloignée de New York où, dans les années 1940, les artistes masculins et les critiques d’art ne laissaient que peu de place aux femmes peintres.

Ernest L. Blumenschein, Star Road ans White Sun, 1920, New Mexico Museum of Art, Albuquerque. Photo Nathalie Obadia

Le Nouveau-Mexique est depuis les années 1920 un refuge intellectuel et spirituel pour les artistes qui cherchent une authenticité perdue dans les villes industrielles du nord des États-Unis, New York en tête. C’est ainsi que le terme d’Orientalisme m’est apparu face aux peintures d’artistes comme William Victor Higgins, mort à Taos en 1949 ; Ernest L. Blumenschein, mort à Albuquerque en 1960 ; et d’autres, venus du nord des États-Unis s’installer au Nouveau-Mexique où ils ont fait poser des locaux, la plupart des Native Americans, des Pueblos et aussi des Latinos. Les attitudes idéalisées demandées par ces peintres font penser aux scènes de genre de Jean-Léon Gérôme ou Théodore Chassériau et d’autres du courant orientaliste inspirées de leurs séjours dans l’Empire Ottoman, qui s’étendait alors jusqu’au Maghreb. Cette attitude vue comme un sentiment d’appropriation culturelle de peintres venus du Nord a été vivement critiquée par des artistes et des intellectuels issus des minorités du Southwest. Cela est largement expliqué dans les musées d’art de Santa Fe, Taos et d’Albuquerque, ainsi qu’au Capitole à Santa Fe, qui a constitué une impressionnante collection d’œuvres d’artistes de l’État du Nouveau-Mexique et qui se visite en accès libre. C’est bien la preuve que les identités artistiques sont un sujet politique très sensible face à l’État fédéral. On retrouve tous les ingrédients de la Guerre de Sécession qui a bouleversé le pays de 1861 à 1865, avec des conséquences toujours perceptibles.

C’est en visitant ces musées, où les œuvres sont très contextualisées, et en faisant le « pèlerinage Georgia O’Keeffe » que j’ai mieux appréhendé l’esprit insufflé à SITE SANTA FE par Cecilia Alemani.

Après la fermeture de l’exposition, manifeste de reconnaissance des ressources artistiques du Southwest aux côtés d’artistes vedettes du marché global, comment va se poursuivre la reconnaissance de certains artistes de la région ? Même s’il existe un marché de l’art très actif entre Santa Fe et Taos, où l’on traverse un long chapelet de galeries et d’ateliers d’artistes de la région, il serait illusoire et mensonger de penser que sans le soutien des « tastemakers » (prescripteurs) du monde de l’art, certains de ces artistes pourront connaître un succès international. Les Afro-Américains les plus reconnus, à commencer par Simone Leigh, vigie de SITE SANTA FE, ont intégré les codes de reconnaissance du monde de l’art, à commencer par les galeries les plus influentes qui facilitent l’accès aux expositions internationales prescriptrices. Le marché sait toujours intégrer ce qui peut être désirable, et les États-Unis, qui se sont construits avec le capitalisme, ont toujours su inventer des marchés. Ainsi, en 2024, Jeffrey Gibson fut le premier artiste Native American à occuper le pavillon des États-Unis à la Biennale de Venise. On a pu voir un pavillon parfaitement efficace, où les œuvres étaient présentées comme dans une galerie d’art new-yorkaise. Il faut accepter de s’adapter aux lois du marché au-delà des invitations aux biennales qui participent à la reconnaissance d’un artiste. Il s’agit d’un savant dosage, qui n’est pas non plus désiré par tous les artistes. En parcourant SITE SANTA FE, on devine, à travers la conception et le contenu de certaines œuvres, qu’une partie des artistes ne cherche pas nécessairement à s’inscrire dans les codes de l’intégration globale.

Aujourd’hui, c’est Cecilia Alemani qui a les clefs de cet accès en invitant certains artistes du Southwest, c’est dire que les codes de reconnaissance viennent toujours du nord, plus communément de New York. Ainsi, on peut s’interroger sur la suite de SITE SANTA FE, après cette 12e édition engagée où une curatrice reconnue a permis à de nombreux artistes locaux d’exposer. Mais pour aller plus loin dans la logique, faut-il inviter un curateur latino ou Native American pour concevoir la prochaine édition de la biennale ? Cela donnerait l’occasion de voir quels artistes non issus des cultures du Southwest il ou elle inviterait pour poursuivre le dialogue culturel.

Même si les œuvres exposées cette année sont pour la plupart de qualité, avec notamment des peintres comme Uman ou Maja Ruznic, ou le vidéaste Hira Nabi, le risque serait pour SITE SANTA FE de ne demeurer qu’une expérience artificielle de 6 mois au sein d’une ville très accueillante, où il fait bon vivre, et qui ne ferait que participer au réseau de « biennalisation » du monde de l’art dont les retombées économiques et touristiques restent très bénéfiques.

--

« Once Within a Time », 12th SITE SANTA FE International, du 27 juin au 12 janvier 2026, divers lieux, Santa Fe, Nouveau-Mexique, États-Unis

Nathalie Obadia est fondatrice de la Galerie Nathalie Obadia à Paris et à Bruxelles. Elle a publié en janvier 2023 Figure(s) de l’art contemporain : des esprits conquérants (Le Cavalier Bleu), un essai qui dresse le portrait de 24 acteurs clés du monde de l’art globalisé.

Point de vueSite Santa FeCecilia AlemaniBruce NaumanSimone LeighGeorgia O’KeeffeJeffrey GibsonAli CherriWalter De MariaWael ShawkyLucy Lippard
Partagez
Abonnez-vous à la Newsletter
Informations
À propos du groupe The Art Newspaper
Contacts
Politique de confidentialité
Publications affiliées
Cookies
Publicité
Suivez-nous
Facebook
Instagram
Twitter
LinkedIn
Ce contenu est soumis à droit d'auteurs et copyrights