Abonnements
Rechercher
ePaper
Newsletter
Profile
Abonnements
ePaper
Newsletter
L'actualité des galeries
L'éditorial de la semaine
Expositions
Marché de l'art
Musées et institutions
Politique culturelle
Livres
LE MENSUEL
L'actualité des galeries
L'éditorial de la semaine
Expositions
Marché de l'art
Musées et institutions
Politique culturelle
Livres
LE MENSUEL
Rechercher
Musées et institutions
Actualité

Polémique après l’annulation d’une exposition sur la scène caribéenne contemporaine au Centre Pompidou-Metz

« Van Lévé : Visions souveraines des Amériques et de l’Amazonie créoles et marronnes (Guadeloupe, Martinique, Guyane et Haïti) », prévue à l’automne 2026 au Centre Pompidou-Metz, a été déprogrammée pour des raisons budgétaires. Claire Tancons, sa commissaire, dénonce une décision « brutale et choquante ».

Stéphane Renault
17 juillet 2025
Partagez
Le Centre Pompidou-Metz. D.R.

Le Centre Pompidou-Metz. D.R.

Exposition cherche musée désespérément. « Van Lévé : Visions souveraines des Amériques et de l’Amazonie créoles et marronnes (Guadeloupe, Martinique, Guyane et Haïti) », prévue du 31 octobre 2026 au 5 avril 2027 au Centre Pompidou-Metz, devait être la première grande exposition collective consacrée à la création contemporaine caribéenne française et sa généalogie dans une institution de premier plan, à l’instar de « Paris noir » au Centre Pompidou, à Paris. Son annulation soudaine fait des vagues.

Dans une lettre ouverte, publiée le 3 juillet par Le Monde, un collectif de professionnels de l’art exprime son regret à la suite de cette annulation : « Comme son nom l’indique, cette exposition, imaginée par la curatrice d’origine guadeloupéenne Claire Tancons, a pour ambition d’affirmer la capacité des artistes et auteur·ices de nos régions de produire par elles et eux-mêmes et pour elles et eux-mêmes des visions d’avenir et des filiations singulières, écrivent-ils. En un mot, raconter dans nos termes et avec nos formes, nos histoires, nos mémoires et nos manières d’être intensément au monde. C’est un enjeu essentiel de pouvoir porter de tels projets avec des professionnel·les de nos régions au moment où nos œuvres attisent un intérêt grandissant sur les scènes de l’art global. En accueillant également des artistes et auteur·ices non-caribéens de renommée internationale, en croisant les générations autour d’un projet scientifique solide,"Van Lévé" a été pensée comme une exposition manifeste de la puissance de nos créations et de la rigueur de notre travail. »

À l’origine, un premier désaccord est survenu entre la commissaire, Claire Tancons, et Chiara Parisi, la directrice du Centre Pompidou-Metz, quant aux dates de l’exposition, qui devait être présentée simultanément avec « Dimanche sans fin ». Ce dialogue réussi entre les œuvres de Maurizio Cattelan et la collection du Centre Pompidou est actuellement à l'affiche dans l’antenne messine de l’institution parisienne, jusqu’au 2 février 2027. Dans le forum, LOVE, doigt d’honneur monumental de l’artiste italien, devait ainsi cohabiter avec les artistes de la scène caribéenne.

Commissaire des biennales de Gwanju, en Corée du Sud, et de Sharjah, aux Émirats arabes unis, directrice artistique invitée de « Nuit Blanche » à Paris en 2024, Claire Tancons écrit dans une tribune publiée sur son blog dans Le Club de Mediapart, le 4 juillet : « Les facéties de l’art occidental dit conceptuel, telles que figurées par la boutade formelle de Maurizio Cattelan au Centre Pompidou-Metz, au milieu d’un espace initialement dédié à "Van Lévé", sembleraient presque anecdotiques si elles ne révélaient que trop bien les enjeux de l’incident. L’œuvre est présumée anti-fasciste – elle prend la forme d’un doigt d’honneur ou d’un salut fasciste selon l’angle d’observation – et anticapitaliste – sa version originelle de 2010 fut placée devant la Bourse de Milan. Il serait trop facile et littéral de voir dans l’emplacement malencontreux de ce doigt de la discorde le reflet du peu d’estime accordé aux artistes caribéens face à un monstre du marché de l’art. Il est ironique de constater que la brutalité de l’annulation de "Van Lévé" relève bien, elle, de cette dérive autoritaire du pouvoir tant fustigée par ailleurs. »

Chiara Parisi avance des contraintes budgétaires pour justifier cette annulation et la résignation du contrat signé en février 2025. « Nous avons pris une décision collégiale, assure-t-elle à Libération. J’ai une grande admiration pour son engagement, son travail de recherche, il n’y a aucun préjugé à l’endroit de la scène caribéenne. Il s’agit simplement, comme cela nous est déjà arrivé sur d’autres projets, de composer avec une réalité budgétaire dans un contexte contraint de financements publics, et c’est toujours une décision très difficile de renoncer à un projet. » « L’évolution du projet, porté avec une grande ambition par sa commissaire, et les demandes, formulées au fur et à mesure, ont atteint un point qui ne nous permettait plus, budgétairement, d’envisager sa poursuite, a-t-elle déclaré à Mediapart. Au regard de l’exécution budgétaire 2025 et des projections sur 2026, il nous est alors apparu impossible de réaliser une exposition dont l’ambition et les coûts ne cessaient de croître progressivement. »

Dans sa tribune, Claire Tancons poursuit : « […] Le ministre des Outre-mer s’est enquis il y a quelques semaines des raisons de la surprenante annulation, par le Centre Pompidou-Metz, il y a environ un mois, de l’exposition "Van Lévé" ("Le vent se lève", en créole) consacrée à ces artistes caribéens, créoles, bushinengué et amérindiens, et dont je suis la curatrice. À titre individuel, ces artistes jouissent d’une reconnaissance nationale et internationale. En 2024, Julien Creuzet représentait la France à la Biennale de Venise. Gaëlle Choisne recevait le prestigieux Prix Marcel-Duchamp. En cette année 2025, Ti’iwan Couchili a été nommée au Prix AWARE. Raphaël Barontini et Minia Biabiany ont bénéficié d’expositions monographiques, au Palais de Tokyo, et à la Galerie Imane Farès, respectivement. Tabita Rézaire est actuellement accueillie à la Fondation Louis-Vuitton. […] Gageons que "Van Lévé" trouvera bientôt un accueil plus favorable au sein des Institutions françaises. »

Dans leur lettre ouverte de soutien, les signataires affirment à leur tour : « Nous sommes convaincu·es qu’elle aura lieu, dans des lieux qui sauront lui apporter l’hospitalité, l’écoute et le soin qu’elle mérite ». Proposée au Grand Palais, en discussions préliminaires au Centre Pompidou avant de trouver son port d’attache au Centre Pompidou-Metz, l’exposition « Van Lévé » aura-t-elle un point de chute sur le sol hexagonal ?

Musées et institutionsCentre Pompidou-MetzChiara ParisiClaire TanconsArt caribéen
Partagez
Abonnez-vous à la Newsletter
Informations
À propos du groupe The Art Newspaper
Contacts
Politique de confidentialité
Publications affiliées
Cookies
Publicité
Suivez-nous
Facebook
Instagram
Twitter
LinkedIn
Ce contenu est soumis à droit d'auteurs et copyrights