Selon le traditionnel Art Basel and UBS Global Art Market Report, la croissance du marché de l’art mondial a connu une décélération en 2022. Alors qu’en 2021, au sortir de la pandémie, il avait fait un bond (de rattrapage) de 29 %, cette fois-ci, il ne progresse globalement que de 3 %. Certes, son total de 67,8 milliards de dollars (62 milliards d’euros) dépasse les 64,1 milliards de dollars enregistrés en 2019, avant la crise sanitaire.
La situation est plutôt contrastée entre les marchands et les maisons de ventes. Même en comptant les transactions de gré à gré, qui ont de surcroît connu une forte hausse en 2022 chez Christie’s, Sotheby’s et Phillips, ainsi que les ventes records de collections telles celles de Paul G. Allen (Christie’s) ou Macklowe (Sotheby’s), le volume engrangé par ces dernières recule de 2 % pour atteindre 30,6 milliards de dollars (28 milliards d’euros). « Si le [volume] des ventes d’œuvres de plus de 10 millions de dollars a augmenté de 12 %, pratiquement tous les autres segments de prix ont connu une baisse de valeur d’une année sur l’autre en 2022 », pointe le rapport d’Art Basel, publié sous la direction de l’économiste Clare McAndrew. Ce recul des enchères est en partie imputable à la contraction du marché chinois, fortement impacté par les restrictions sanitaires imposées sur le continent par le gouvernement. Ce recul chinois explique par ailleurs que le Royaume-Uni repasse de peu devant l’Empire du Milieu en 2022, avec 11,9 milliards de dollars, soit 18 % du marché (contre 17 % pour la Chine), derrière les États-Unis (45 %). Cependant, note le rapport, le Royaume-Uni n’a pas retrouvé son niveau d’avant la pandémie. La France maintient sa 4e position, avec 7 % de part de marché.
Face aux maisons de ventes, les marchands s’en sortent un peu mieux. Après avoir souffert pendant la pandémie des nombreuses annulations de foires, leur principale source de revenus, leurs chiffres d’affaires connaissent une croissance de 7 %, dopés par le grand retour des foires partout dans le monde. Toutefois, nuance le rapport, « les enquêtes menées dans le secteur [marchand] ont révélé que les galeries dont le chiffre d’affaires est le plus élevé (plus de 10 millions de dollars) ont connu l’une des plus fortes augmentations du chiffre d’affaires moyen (19 %), tandis que les plus petites entreprises ont dû faire face à des acheteurs prudents et attentifs aux prix, à une escalade des coûts et à une plus grande stagnation des ventes, y compris une baisse de 3 % pour les galeries dont le chiffre d’affaires est inférieur à 250 000 dollars ». Autre constat qui ressort du rapport : « La part des ventes à de nouveaux acheteurs a diminué en 2022 pour tous les marchands dont le chiffre d’affaires est supérieur à 500 000 dollars ». En d’autres termes, les acquéreurs potentiels d’œuvres vraiment onéreuses seraient plus prudents en ce moment… Une hypothèse qui pourrait être corroborée par nos observations sur de nombreuses foires ces premiers mois de 2023… Malgré les Cassandre qui prédisaient un déclin des foires, la part des ventes réalisées sur ces plateformes physiques a toutefois progressé en 2022 pour constituer en moyenne 35 % du chiffre d’affaires des galeries, contre 42 % avant la pandémie. Indéniablement, les foires restent incontournables…