Abonnements
Rechercher
ePaper
Newsletter
Profile
Abonnements
ePaper
Newsletter
L'actualité des galeries
L'éditorial de la semaine
Expositions
Marché de l'art
Musées et institutions
Politique culturelle
Livres
LE MENSUEL
L'actualité des galeries
L'éditorial de la semaine
Expositions
Marché de l'art
Musées et institutions
Politique culturelle
Livres
LE MENSUEL
Rechercher
Musées et institutions
Analyse

Les arts plastiques belges dans la tourmente

Tant en Flandre, en Wallonie qu’à Bruxelles-Capitale, les politiques d’austérité budgétaire mettent à mal le secteur, compromettant le fonctionnement, voire la survie, de certaines structures culturelles.

Bernard Marcelis
10 décembre 2025
Partagez
Vue du bâtiment de Kanal – Centre Pompidou, Bruxelles. Photo Bart Grietens

Vue du bâtiment de Kanal – Centre Pompidou, Bruxelles. Photo Bart Grietens

Le coup de semonce est arrivé en octobre 2025 lorsque le gouvernement flamand a décidé de rétrograder le M HKA, à Anvers, de musée d’Art contemporain à simple centre d’art, abandonnant l’ambitieux et nécessaire projet d’un nouveau bâtiment. Alors que le Mouvement réformateur, parti libéral de centre droit, a remporté les élections régionales à Bruxelles au début de juin 2024, impliquant que son chef de file, David Leisterh, soit rapidement investi président de la Région de Bruxelles-Capitale, dix-huit mois plus tard, il n’en est toujours rien. L’intéressé a même fini par démissionner récemment de son poste de formateur tant le blocage est important, et ce, à plusieurs niveaux. Dans leur incapacité à constituer une équipe gouvernementale, les responsables politiques ne sont pas parvenus non plus à élaborer un budget pour 2026, puisque ceci ne relève pas des compétences d’un gouvernement en affaires courantes. Cette situation déplorable a de nombreuses conséquences politiques, sociales, économiques et désormais culturelles. Bon nombre d’associations, qui n’ont pas reçu les subsides attendus, sont proches de la paralysie.

Inquiétudes pour Kanal - Centre Pompidou

Il en est de même pour le chantier de Kanal – Centre Pompidou pourtant en bonne voie d’achèvement. L’administrateur délégué de la Fondation Kanal qui pilote le projet depuis 2017, Yves Goldstein, s’inquiète grandement de cet état de fait, tandis que les critiques sur le montant investi pour la construction du musée, son mode de fonctionnement et sa dépendance de la maison-mère parisienne se font plus fortes et trouvent des échos divers.

À un an de l’ouverture annoncée – le 26 novembre 2026 –, il manque 46,5 millions d’euros à la somme totale de 231,5 euros pour terminer la construction. Or, cette somme ne peut être engagée que par un gouvernement de plein exercice, dont rien ne dit cependant qu’il sera autant enclin que le précédent à poursuivre ce chantier sur les mêmes bases financières. Mais, si le projet était alors porté par la majorité socialiste, Yves Goldstein souligne qu’il a été, « à l’époque, soutenu par toutes les forces politiques bruxelloises ». Le budget de fonctionnement annuel de l’institution est quant à lui estimé à 35 millions d’euros, ce qui fait grincer des dents, bien que cela ne représente que 0,4 % du budget régional. Mais, en ces temps d’austérité, cela passe mal. Sentant le vent tourner, l’administrateur a décidé de réduire les frais de fonctionnement d’un peu moins de 20 % afin d’atteindre 29 millions d’euros. Selon Yves Goldstein, en-deça de cette somme, le projet perdrait sa viabilité.

À cela s’ajoutent les 12,5 millions d’euros que coûte le partenariat conclu pendant cinq ans avec le Centre Pompidou, à Paris. Ils se répartissent comme suit : 2,5 millions pendant la phase préparatoire, actuellement en cours ; puis 2 millions par an, de 2027 à 2031. Cette période coïncide avec la fermeture de l’institution parisienne, dont la réouverture est prévue en 2030 – l’inauguration de Kanal était quant à elle initialement programmée fin 2023.

Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule, la banque publique Belfius a annoncé fin novembre rompre sa ligne de crédit de 500 millions d’euros avec la Région bruxelloise au 31 décembre 2025 ainsi que toute relation bancaire avec elle. La Région devra donc trouver un nouvel établissement par le biais d’un marché public. La décision de Belfius intervient après que la situation financière de la Région a changé son profil de risque et que sa note a été dégradée par la société de notation Standard & Poor’s. Si les plus alarmistes évoquent un possible shutdown financier au printemps 2026, il n’en est pour l’instant rien. Toutefois, les signaux émis restent peu propices aux investissements culturels, comme ceux de Kanal – Centre Pompidou, ou structurels, telle l’extension controversée de la ligne 3 du métro.

Une rigueur imposée

Au début du mois d’octobre 2025 étaient annoncées les mesures d’austérité prévues par le gouvernement francophone de centre droit (la Fédération Wallonie-Bruxelles) pour le secteur des arts plastiques. Éternel parent pauvre de la culture avec seulement 1,40 % des dépenses (contre 10,40 % pour la musique et 11,60 % pour le théâtre), ce dernier est visé par de nouvelles restrictions. Elles sont de deux ordres : la non-indexation des subventions pour 2026 (présentée comme un dispositif qui n’a pas vocation à être pérennisé – sans toutefois le garantir) et un moratoire concernant non seulement les arts plastiques, mais aussi les langues, lettres et livres, le patrimoine, les centres culturels, l’éducation permanente et la lecture publique. Le cabinet de la ministre de la Culture Élisabeth Degryse est sans ambiguïté à ce sujet. Alors que les mesures ne doivent pas être adoptées avant le 17 décembre 2025, il stipule que « le moratoire, concrètement, signifie deux choses. Premièrement, il n’y aura pas de reconnaissances de nouveaux opérateurs en 2026, 2027 et 2028. Deuxièmement, les demandes de renouvellement se feront à crédit constant. Il n’y aura pas de moyens nouveaux avant 2029 ». Cela veut dire qu’il ne faut pas compter sur la moindre indexation ou autre financement durant toute cette législature, laquelle court jusqu’en 2029. Seul point positif, tous les opérateurs déjà reconnus verront leur convention reconduite pour deux ans, et ce, à la date de leur renouvellement. Le paysage culturel reste donc figé.

La Fédération des arts plastiques (FAP), créée en 2020 et totalisant plus de 500 membres (artistes et acteurs de l’écosystème des arts plastiques), dénonce « un secteur jamais indexé, qui subit depuis des années une érosion silencieuse de ses moyens. Un nouveau gel des financements poussera inévitablement à l’agonie de nombreux opérateurs [...], alors que 60 % d’entre eux fonctionnent au mieux avec deux équivalents temps plein, au pire avec aucun ». Si les petites structures sont encore plus fragilisées, les grandes ne seront pas épargnées, et la FAP souligne à juste titre que « le manque de financement est désormais tel que même les mieux dotées se trouvent au bord de l’effondrement ».

Ainsi, pour n’évoquer qu’un seul exemple, le MACS, au Grand-Hornu, a dû réduire la voilure en ne programmant plus que deux cycles d’exposition par an. Son budget d’acquisition a également diminué. Bien que le musée des Arts contemporains de la Fédération Wallonie-Bruxelles ne risque rien pour l’instant, il est à craindre que l’exemple flamand fasse tache d’huile.

Musées et institutionsPolitique culturelleBelgiqueM HKA AnversKanal Centre Pompidou
Partagez
Abonnez-vous à la Newsletter
Informations
À propos du groupe The Art Newspaper
Contacts
Politique de confidentialité
Publications affiliées
Cookies
Publicité
Suivez-nous
Facebook
Instagram
Twitter
LinkedIn
Ce contenu est soumis à droit d'auteurs et copyrights