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Musées et institutions
Entretien

Laurent Le Bon : « À la réouverture du Centre, notre projet muséal aura pour colonne vertébrale la scène française »

Le Centre Pompidou a fermé ses portes le 22 septembre 2025 pour se métamorphoser et redéfinir tous ses espaces d’ici 2030. Son président Laurent Le Bon détaille les grands projets prévus pour l’institution.

Propos recueillis par Philippe Régnier
14 octobre 2025
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Laurent Le Bon au Centre Pompidou. Courtesy du Centre Pompidou. Photo Didier Plowy

Laurent Le Bon au Centre Pompidou. Courtesy du Centre Pompidou. Photo Didier Plowy

Où en est l’opération de vidage complet du bâtiment depuis sa fermeture ?

Nous sommes à la veille de la dernière phase du processus de déménagement du Centre Pompidou. Nous avons clôturé l’exposition « Wolfgang Tillmans. Rien ne nous y préparait − Tout nous y préparait », qui a été un beau succès de fréquentation, avec 237 625 visiteurs. Il s’agissait aussi d’un au revoir à l’architecture du Centre. Actuellement, le bâtiment est presque vide. Les collections sont parties. Nous allons être prêts pour l’installation de la base-vie du chantier, laquelle aura lieu au printemps 2026.

Où en est le financement du projet ?

Le Centre Pompidou présente un plan de financement convaincant, avec une enveloppe globale de 460 millions d’euros. L’État en donne une grande partie, environ 280 millions d’euros. Nous remercions le ministère de la Culture pour son soutien essentiel à toutes les étapes de ce projet hors normes. Nous devons trouver 180 millions d’euros, nous en avons déjà 100. Il nous reste encore 80 millions d’euros à réunir dans les cinq ans à venir, ce qui semble accessible. Cela représente 17 % du montant total du projet.

Quelles sont les pistes ?

Nous lançons ce que l’on appelle une « capital campaign », une opération de fundraising auprès d’entreprises et de donateurs individuels, en France et à l’international. Nous y avons beaucoup travaillé, en cherchant des soutiens à l’étranger, par l’intermédiaire des autres Centres Pompidou, ou les circulations d’exposition.

Il serait question de financements venant de l’Arabie saoudite...

En effet, l’Arabie saoudite finance le projet de restauration à hauteur de 50 millions d’euros. En ce qui concerne les contreparties, le principe d’un naming est validé. Le ministère de la Culture nous a autorisés à protéger le bâtiment au titre des monuments historiques. Il sera au premier niveau de protection, ce que l’on appelle l’inscription. C’est un défi passionnant en termes de conservation et de restauration de cet édifice du xxe siècle. Mais c’est également un superbe hommage aux gestes des architectes fondateurs. À l’intérieur, du niveau -1 à la terrasse, tout va changer. Certains espaces pourraient alors porter tel ou tel nom. Nous développerons probablement une politique de naming assez active.

Lors de sa fermeture entre 1997 et 2000, le Centre Pompidou avait arboré de la publicité sur sa façade. Avez-vous un projet similaire ?

C’est ce que permet l’inscription au titre des monuments historiques, puisque la législation autorise à financer la restauration de ceux-ci par des bâches publicitaires. Nous espérons que le processus d’inscription sera finalisé dans le courant de l’année 2026. Il faut rappeler que le grand projet de Renzo Piano et Richard Rogers, dans les années 1970, était de créer une façade-écran, laquelle n’a jamais pu voir le jour.

À cause de cette fermeture, des galeries situées aux alentours ont exprimé leurs craintes d’une désertification du quartier Beaubourg. Envisagez-vous une politique d’animation de celui-ci d’ici 2030 ?

Nous allons lancer le Plateau Pompidou dans le cadre de notre programme « Constellation ». C’est un petit clin d’œil aux origines du lieu, puisqu’il a été édifié sur le plateau Beaubourg – au départ, l’institution s’appelait Centre Beaubourg avant d’être renommée Centre Pompidou. Le chantier doit vraiment être un acte culturel. Durant cette phase, nous devons être non pas dans une logique de « bunkérisation », d’opacité, mais, au contraire, de transparence, d’ouverture sur la ville, ce qui correspond aussi aux souhaits des architectes. L’ensemble des agents du Centre présents dans le quartier y conserveront leurs bureaux. D’ailleurs, dans le plan de campagne du Centre Pompidou 2030, nous avons prévu de rénover ces derniers et de les mettre aux normes du XXIe siècle. L’Ircam restera ouvert, avec l’espace de projection qui a été restauré. Durant cette période, l’Atelier Brancusi portera le nom de Maison Pompidou, il sera à la fois un lieu d’information et d’exposition. Nous aimerions faire de la base-vie un geste artistique en lien avec les palissades et la façade. Beaucoup de possibilités s’offrent à nous.

Envisagez-vous d’autres actions ?

J’ai suggéré au ministère de la Culture de faire évoluer le décret pour permettre aux musées nationaux de prêter à tous types d’organismes. Si le principe est acté, cela ouvrira des opportunités passionnantes. On l’a vu avec le succès, en 2024, de l’opération conçue en partenariat avec des galeries autour du surréalisme. Nous pourrions diffuser la collection dans plusieurs d’entre elles. C’est en tout cas ce que j’appelle de mes vœux. Avec le Plateau Pompidou, nous resserrerons aussi nos liens avec nos voisins, comme le centre Wallonie-Bruxelles, la Maison de la poésie, le centre culturel de Serbie et les institutions du Marais, qui accueilleront nos propositions.

Le Grand Palais est le pôle majeur du Centre Pompidou à Paris pendant la fermeture. Comment se déroule cette collaboration ?

Nous assistons à l’heure actuelle à une métamorphose, qui passe par le lancement d’une Constellation. Elle s’inscrit dans la continuation du souhait de Jean-Jacques Aillagon de créer un hors les murs, lequel s’est poursuivi avec les émanations du Centre Pompidou à l’étranger. Aujourd’hui, nous sommes le premier prêteur au monde. Nous prêtons trois fois plus que nos collègues du MoMA, du Met [tous deux à New York] ou du Louvre. Nous sommes aussi le premier opérateur muséal mondial avec l’ensemble des programmes sur mesure que nous menons à l’international.

« Ce qui fait la force du Centre Pompidou, c’est cette dialectique entre le local et l’universel, entre la scène de l’art en France et les valeurs mondiales. »

Dans le cadre de « Constellation », les partenariats à Paris sont évidemment essentiels. C’était comme un rêve quand, il y a trois ans, cette possibilité nous a été offerte. Notre mariage avec le Grand Palais est un succès total. [Son président] Didier Fusiller a apporté sa fougue et sa passion à notre aventure. Nous avons commencé par deux expositions saluées par la critique, « Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hultén » [jusqu’au 4 janvier 2026] et « Art brut. Dans l’intimité d’une collection. Donation Decharme au Centre Pompidou » [qui s’est tenue du 20 juin au 21 septembre 2025]. L’espace où s’est déployée cette dernière sera plus spécifiquement dédié aux collections du musée. Nous préparons notamment une magnifique présentation de notre fonds d’art graphique, l’un des plus beaux au monde, mais qui est très peu connu. Nous célébrerons ensuite le bicentenaire de la photographie. Dans le grand parcours, nous monterons en mars 2026, sous le commissariat de Claudine Grammont, sans doute l’une des plus admirables expositions consacrées à Henri Matisse qu’il nous sera donné de voir dans notre vie. Plus de 150 agents du Centre sont désormais affectés au Grand Palais. C’est le Centre décentré !

Le rapport Bethenod suggère que le Centre Pompidou soit le promoteur de la scène française, en France, mais aussi à l’étranger. Il envisage également que l’anniversaire du Centre en 2027 soit un grand moment de célébration des artistes de la scène française. Comment avez-vous accueilli ces propositions ?

Je profite de votre question pour remercier Martin [Bethenod] qui nous a associés à sa réflexion et avec lequel nous avons partagé l’essentiel des préconisations. Je n’ai rien à enlever à ce qui est dit dans ce rapport. L’équipe et moi-même faisons nôtres l’ensemble de ses recommandations. Il s’agira maintenant de les incarner, de voir comment elles peuvent être mises en œuvre. Bien évidemment, cela s’accomplira par étapes.

L’année 2027, qui sera celle du 50e anniversaire du Centre, est toute trouvée pour célébrer la scène française. Le Centre Pompidou souhaite se rapprocher du Palais de Tokyo afin d’imaginer un événement qui soit à la hauteur des espérances de ce rapport. Le Centre national des arts plastiques est en dialogue permanent avec nous concernant les acquisitions. Cette idée que les institutions nationales doivent collaborer est au cœur de nos aspirations. J’ai demandé au directeur du musée national d’Art moderne [Xavier Rey] qu’à la réouverture du Centre Pompidou, notre projet muséal ait pour colonne vertébrale la scène française. Je crois que ce qui fait la force du Centre, c’est justement cette dialectique entre le local et l’universel, entre la scène de l’art en France et les valeurs mondiales. Les visiteurs qui viennent au Centre Pompidou ne veulent pas voir ce qu’ils ont déjà vu partout ailleurs, d’autant plus qu’ils sont majoritairement nationaux. C’est ce qui nous différencie des musées du Louvre et d’Orsay ou du château de Versailles.

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L’institution rouvre exceptionnellement ses portes les 22, 24 et 25 octobre. L’artiste chinois Cai Guo-Qiang propose une performance pyrotechnique sur la piazza, tandis que le label indépendant français Because Music fête ses 20 ans à tous les niveaux du bâtiment.

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