« La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert », selon la formule célèbre d'André Malraux. Il faut aussi la défendre, a fortiori lorsque celle-ci est attaquée de toutes parts dans une guerre impérialiste dont le dessein est autant d’asservir un territoire et sa population, qu’idéologique : détruire ce qui fait son identité, sa singularité. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février 2022, Vladimir Poutine n’a cessé de nier son existence même. D’Odessa à Kyiv, son patrimoine, ses musées ont été visés par Moscou, dès le début du conflit ; dans les territoires occupés, la russification est à marche forcée.
Alors que les forces ukrainiennes peinent à contenir l’avancée de l’armée russe et que les négociations sur le « plan de paix » de Donald Trump sont à un moment crucial – les alliés européens de Volodymyr Zelensky, reçu par Emmanuel Macron hier à Paris, craignent un possible abandon de l’Ukraine par Washington ou une capitulation imposée, au profit d’accords commerciaux entre les États-Unis et la Russie –, soutenir l’Ukraine et sa culture est plus que jamais indispensable.
Organisée conjointement par l’Institut ukrainien et l’Institut français, sous le patronage des ministères des Affaires étrangères et avec le soutien des ministères de la Culture des deux pays, le « Voyage en Ukraine » – Saison de l’Ukraine en France, met à l’honneur sa culture à compter de ce mois de décembre 2025 et jusqu’en mars 2026.
La cérémonie inaugurale de la manifestation s’est déroulée hier, lundi 1er décembre, au Théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt, à Paris. Sous le slogan « La culture contre-attaque ! », des artistes ont témoigné de leur engagement lors du lancement de cette Saison de l’Ukraine en France, avec pour ambition de saluer « la résistance culturelle et linguistique de l’Ukraine et l’engagement fidèle de la communauté artistique française aux côtés du pays ». Étaient ainsi présents les cinéastes Iryna Tsilyk, Olha Gibelinda et Michel Hazanavicius, l’écrivain Andreï Kourkov, le bandouriste Volodymyr Voyt et le groupe Dakh Daughters, offrant des collaborations inédites avec le chanteur Raphaël, l’écrivain Philippe Claudel et l’actrice Juliette Binoche.
La Saison de l’Ukraine en France met à l’honneur les arts visuels, le spectacle vivant, le cinéma, la création numérique, ainsi que des rencontres et des débats, dans plusieurs villes françaises. Dès le 5 décembre, Svitlana Reinish et Maria Prymachenko invitent à un voyage immersif dans le cadre de la Fête des Lumières, à Lyon. « Confrontée chaque jour à la fragilité de la culture face à la violence, j’en mesure aussi la force – celle de préserver la mémoire, de nourrir la résilience et de porter l’identité, témoigne Svitlana Reinish. Je refuse que l’Ukraine soit perçue uniquement sous le prisme de la guerre et de la tragédie. »
À Paris, à partir du 10 décembre, le Théâtre de la Concorde ouvre le Festival « Ukraine, un souffle de liberté » à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’Homme. Olena Zelenska, Première dame d’Ukraine, participera à un échange sur le sort des enfants ukrainiens déportés ou conditionnés dans les territoires occupés. En janvier, la Cinémathèque française consacrera une rétrospective à Oleksandr Dovjenko, l’un des fondateurs du cinéma ukrainien ; une « Nuit de la littérature ukrainienne » se tiendra à la médiathèque Françoise Sagan, dans le 10e arrondissement, dans le cadre des « Nuits de la lecture », en partenariat avec Bibliocité. Début février, durant un week-end, le Forum des Images proposera de découvrir la collection de documentaires « Génération Ukraine », portée par Arte en partenariat avec la Cinémathèque du documentaire.
La programmation complète de cette Saison de l’Ukraine, qui se déroule à Paris, Lyon, Lille et Marseille, est disponible ici.