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À Monaco, le Centre Pompidou annonce la couleur

Didier Ottinger propose, au Grimaldi Forum, une relecture inventive et immersive des collections du Centre Pompidou en se concentrant sur la couleur.

Philippe Régnier
25 juillet 2025
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Exposition « Couleurs ! Chefs-d’œuvre du Centre Pompidou », Tableaux, Salle blanche. © Grimaldi Forum Monaco - Éric Zaragoza

Exposition « Couleurs ! Chefs-d’œuvre du Centre Pompidou », Tableaux, Salle blanche. © Grimaldi Forum Monaco - Éric Zaragoza

Dans son Album primo-avrilesque de 1897, Alphonse Allais, considéré aujourd’hui comme l’un des inventeurs du monochrome, avait sélectionné sept couleurs pour son opus en forme de poisson d’avril. Pour son exposition au Grimaldi Forum, le directeur adjoint responsable de la programmation culturelle au musée national d’Art moderne du Centre Pompidou en a choisi six identiques (noir, bleu, vert, jaune, rouge et blanc), substituant le rose au gris du membre des Hydropathes. « Couleurs ! Chefs‑d’œuvre du Centre Pompidou » est assurément un exercice audacieux qui bouleverse les codes, qui rompt avec les accrochages du musée national d’Art moderne, pour mélanger les styles et les époques, les médiums, associant art et design, un laboratoire en somme. « Le projet que nous nous sommes plus ou moins objectivement assigné les uns et les autres, c’est de saisir l’opportunité de la délocalisation du Centre Pompidou, des collections, pour expérimenter au maximum et peut-être un jour imaginer ce que pourrait être la préfiguration du musée à sa réouverture en 2030, affirme le commissaire. L’idée, c’est vraiment de brouiller les pistes, en tout cas d’essayer de réinventer une autre histoire de l’art pour le XXe siècle ».

Exposition « Couleurs ! Chefs-d’œuvre du Centre Pompidou », Design, Noir. © Grimaldi Forum Monaco - Éric Zaragoza

L’objectif est assurément atteint avec cette présentation inattendue des collections du musée national d’Art moderne sous un aspect inédit, celui de la couleur. Didier Ottinger a multiplié les collaborations pour ce projet ambitieux. Il s’est entouré du scénographe William Chatelain pour dessiner une vaste rotonde, elle-même découpée en sept « parts de tarte », chacune consacrée à une couleur, « comme un cercle chromatique ». Dans chaque espace, la designeuse marseillaise Marion Mailaender a conçu comme des period rooms unicolores associant œuvres et pièces de design de la collection : une bibliothèque pour le blanc, une salle d’attente pour le jaune, une chambre d’étudiant pour le rouge, la buanderie pour le rose, une garçonnière pour le noir… Dans cette dernière, on trouve par exemple Tropical Garden II(1957) de Louise Nevelson ou Les Poissons noirs (1942) de Georges Braque associés à un fauteuil (1972) de Gae Aulenti, un réveil (1984) de Dieter Rams, mais aussi un… slip d’homme (2004) de Philippe Starck traînant par terre. Ces aménagements ont été inspirés au commissaire par la reconstitution au musée national Picasso-Paris de l’appartement de Léonce Rosenberg. À chaque couleur sont aussi associés une musique composée par Roque Rivas et un parfum imaginé par le nez Alexis Dadier. Par exemple, le vert évoque une immersion dans la forêt primaire, avec une forte odeur d’humus. Le compositeur quant à lui a longuement cherché une mélodie capable d’exprimer la nuance de vulgarité contenue dans le rose. Tous ces espaces aboutissent à une œuvre de la même couleur : de René Magritte pour le bleu ; d’Henri Matisse pour le rouge ; d’Olivier Mosset pour le rose ; d’Otto Piene pour le blanc ; de Pablo Picasso pour le vert ; de Pierre Bonnard pour le jaune ; de Jean-Michel Basquiat pour le noir.

Les chefs-d’œuvre de la collection sont donc bien présents. « Je voulais que les grands maîtres soient là, donc, absolument, Kandinsky, Picasso et Braque, et tous les autres, souligne Didier Ottinger. Il y a les artistes qui me tiennent particulièrement à cœur, comme Philip Guston, et puis il y a ceux qui répondent au cahier des charges des couleurs ».

Exposition « Couleurs ! Chefs-d’œuvre du Centre Pompidou », Design, Jaune. © Grimaldi Forum Monaco - Éric Zaragoza

Tout autour de la rotonde centrale se déploient des œuvres classées par couleurs sur des cimaises formant un plus grand cercle. Là se succèdent des pièces de Piero Manzoni (Achrome blanc), Frantisek Kupka (La Gamme jaune), Yves Klein (IKB 3, Monochrome bleu), Francis Bacon (Study of the Human Body rouge), Martial Raysse (Made in Japan – La Grande Odalisque verte), Lucio Fontana (Concetto spaziale, La Fine di Dio (67-FD.17) rose) ou la sculpture de Willem De Kooning Clam Digger réalisée avec des gants de boxe pour le noir.

« Une des raisons pour lesquelles la couleur a été refoulée, y compris au XXe siècle, c’est évidemment sa dimension décorative, qui était longtemps une sorte de qualificatif discriminant. Si on avait été décoratif, c’était par essence pas sérieux », explique encore Didier Ottinger. Selon lui, cette « chromophobie » s’enracine dans le cubisme et se poursuit tout au long du siècle passé dans les mouvements d’avant-garde de part et d’autre de l’Atlantique, la couleur étant souvent considérée comme anti-moderne.

L’accrochage de Monaco montre donc une autre histoire, pourtant avec les mêmes œuvres que celles accrochées il y a encore quelques mois au Centre Pompidou. « Ce que je perçois en me promenant régulièrement dans l’exposition, c’est que les œuvres nous disent évidemment autre chose que ce qu’elles nous racontent habituellement quand elles sont insérées dans un récit ou une vision », précise Didier Ottinger. Un révélateur pour le futur Centre Pompidou ?

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« Couleurs ! Chefs‑d’œuvre du Centre Pompidou », du 8 juillet au 31 août 2025, Grimaldi Forum Monaco, 10 avenue Princesse Grâce, 98 000 Monaco

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