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Glenn Lowry : « Plus qu’une histoire visuelle, montrer une histoire de la pensée »

Lors de la deuxième rencontre d’un cycle de conférences intitulé « Musée à venir / Museum to come » au Centre Pompidou, en partenariat avec « The Art Newspaper Édition française », le directeur du Museum of Modern Art de New York a partagé sa vision sur le thème « Le MoMA – hier, aujourd’hui et demain ».

Stéphane Renault
4 décembre 2025
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Glenn Lowry, directeur du Museum of Modern Art (MoMA) de New York. D.R.

Glenn Lowry, directeur du Museum of Modern Art (MoMA) de New York. D.R.

Afin d’explorer les questionnements auxquels fait face le monde de la culture, le Centre Pompidou, engagé dans la rénovation de son bâtiment historique, a inauguré un cycle de conférences intitulé « Musée à venir / Museum to come », en partenariat avec The Art Newspaper France. De 2025 à 2030, cette nouvelle plateforme de réflexions abordera différents thèmes relatifs à l’évolution des institutions culturelles.

Lors de la rencontre inaugurale sous le titre « Le Met et le Centre Pompidou – Architectures transatlantiques », Laurent Le Bon, président du Centre Pompidou, et Jean-Pierre Criqui, conservateur au musée national d’Art moderne (MNAM), avaient accueilli Max Hollein, directeur du Metropolitan Museum of Art (Met) de New York, les architectes Frida Escobedo, Hiroko Kusunoki et Nicolas Moreau, et l’historien de l’art Julian Rose.

Pour le deuxième volet, Glenn Lowry, directeur du Museum of Modern Art (MoMA) de New York jusqu’en septembre 2025 (1), a livré sa vision sur le thème « Le MoMA – hier, aujourd’hui et demain » lors d'un échange avec Laurent Le Bon, président du Centre Pompidou, Jeanne Brun, directrice adjointe du Centre Pompidou, et Philippe Régnier, directeur de la rédaction de The Art Newspaper France.

« Comment peut-on être un musée d’art moderne au XXIe siècle ? Il faut penser autrement, trouver d’autres schémas, d’autres moyens de concevoir le musée, affirme Glenn Lowry. Au lieu d’avoir une approche linéaire, nous avons compris qu’il fallait penser en termes de réseau. L’histoire de l’art, c’est une histoire de plusieurs réseaux qui se croisent. En tant qu’historien de l’art islamique, médiéval, mais aussi contemporain, j’avais conscience que l’histoire présentée au MoMA était une histoire occidentale – intéressante, mais incomplète. Mettre cette histoire en contact, en friction même avec les arts de l’Asie, de l’Afrique, de l’Amérique du Sud, peut produire des perspectives beaucoup plus intéressantes. Ainsi, notre défi a été : comment transmettre toutes ces idées actuelles à travers une collection qui a presque 100 ans. Une des grandes questions qui se posent à tous les musées d’art moderne, en réalité, c’est comment hériter de cette grande idée moderne qu’est l’idée de l’avenir, pensée depuis longtemps comme synonyme de progrès. La collectionneuse Gertrude Stein a dit à Alfred Barr, fondateur du MoMA, à Paris, en 1936 : "On peut être moderne ou un musée, mais pas les deux en même temps". Barr, lui, considérait au contraire que le musée d’art moderne doit être sans cesse en métamorphose. Mes conservateurs sont en désaccord avec moi mais je pense qu’il faut avaler l’histoire pour créer l’avenir. Sinon, on devient historique, on devient une époque, au lieu de conserver une modernité toujours en changement. Il ne faut pas avoir peur de ne plus avoir besoin de Cézanne, de Gauguin, de Van Gogh, de Picasso… En 30 ans, les espaces du musée ont quasiment doublé, passant de 7 500 m2 à 15 000 m2 aujourd’hui. Le MoMA a été fondé en 1929. Dix ans plus tard, la collection comptait environ 9 000 œuvres. Aujourd’hui, on en recense 200 000 ! Le musée a donc été obligé de s’agrandir à chaque décennie, uniquement pour disposer de l’espace nécessaire afin d’exposer un petit pourcentage de la collection. Pour ce qui est de sa présentation, la notion de rhizome me semble très intéressante. Plutôt que la linéarité du propos, des branches, des tiges sortent dans des directions différentes. C’est aussi l’idée de l’archipel, développée par Édouard Glissant : chaque salle d’exposition est une petite île, liée avec les autres espaces. »

Comment Glenn Lowry appréhende-t-il l’expérience du musée par le public ? « J’ai toujours l’impression que nos visiteurs, même s’ils visitent le MoMA pour la première fois, ont visité auparavant d’autres musées. Ils sont animés par la curiosité. Il nous appartient de faciliter cette découverte. Or, si le parcours est trop linéaire, ce n’est pas tellement intéressant pour eux. Avec l’idée d’archipel, il y a la possibilité de choisir, passer d’une salle à l’autre. On peut ainsi orchestrer un accrochage compréhensible. Pour moi, l’expérience d’un musée, c’est un palimpseste. Ce n’est pas nécessairement une histoire complète. On sort du musée avec des impressions, et on y revient pour vivre d’autres expériences : 60 % de nos visiteurs viennent soit de l’étranger, soit de la côte ouest des États-Unis. En revanche, le public qui va à PS1 est jeune et new-yorkais. »

À la question de savoir si le MoMA songe à présenter de l’art ancien ou antique en regard des œuvres modernes et contemporaines, son directeur répond : « Pourquoi pas ? Cela permet de créer des conversations entre artistes, c’est essentiel. Le risque du musée est d’isoler, de donner une vision pure des œuvres, les unes après les autres. Ce que nous avons cherché à créer, et ce qui nous tient à cœur aussi, c’est vraiment ce continuum de la pensée. Plus qu’une histoire visuelle, montrer une histoire de la pensée. L’objectif est d’aider notre public à comprendre les artistes. Nous pouvons être un intermédiaire dans cette conversation. Évidemment, il y a une histoire de l’art. Mais le sujet est aussi la poésie transmise à travers les yeux des artistes, qui voient les choses d’une façon complètement différente. Mettre en évidence les liens entre ces multiples regards, ces sensibilités plurielles, hier comme aujourd’hui, me semble un but important. Inviter des artistes contemporains à dialoguer avec la collection est un moyen de rester ancré dans le présent, comme le fait aussi, par exemple, le musée du Louvre. Les artistes sont nos guides. Tout ce que j’ai fait pendant ces trente ans, c’est remettre l’artiste au centre du musée. Pas comme l’objet du musée, mais le cœur du musée. C’est également ce que le Centre Pompidou a cherché à faire : élargir complètement le périmètre géographique, s’intéresser davantage à d’autres sphères artistiques que la sphère américano-européenne, disons, pour être un peu réducteur. »

« Au début de ma carrière, mes modèles étaient le Louvre et le Met. J’étais un historien, c’était à mes yeux les grands musées, comme le British Museum, conclut Glenn Lowry. Depuis une vingtaine d’années, peut-être un peu plus, il y a un fort intérêt pour l’art moderne et contemporain. Le public répond présent, nous devons nous en réjouir. Et faire en sorte qu'il vive une expérience sublime. »

(1) Glenn Lowry a aussi été titulaire de la Chaire du Louvre 2025. Ses cinq interventions, placées sous le titre « Je veux un musée. J’ai besoin d’un musée. J’imagine un musée », se sont déroulées du 17 novembre au 1er décembre 2025.

Musées et institutionsCentre PompidouGlenn LowryThe Museum of Modern Art de New York - MoMA
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