Abonnements
Rechercher
ePaper
Newsletter
Profile
Abonnements
ePaper
Newsletter
L'actualité des galeries
L'éditorial de la semaine
Expositions
Marché de l'art
Musées et institutions
Politique culturelle
Livres
LE MENSUEL
L'actualité des galeries
L'éditorial de la semaine
Expositions
Marché de l'art
Musées et institutions
Politique culturelle
Livres
LE MENSUEL
Rechercher
Musées et institutions
Analyse

Les défis de la « nouvelle Renaissance » du Louvre

Fin janvier 2025, Emmanuel Macron se prononçait en faveur d’un « Louvre, repensé, restauré et agrandi », annonçant une salve de mesures visant à faire renaître le plus grand musée de France, jugé vétuste. Syndicats, observateurs et acteurs de la culture sont partagés.

Éric Tariant
22 juillet 2025
Partagez
Maquette du plan «Louvre – Nouvelle Renaissance». Photo Chatillon Architectes, Les Monstres, 2025

Maquette du plan «Louvre – Nouvelle Renaissance». Photo Chatillon Architectes, Les Monstres, 2025

C’est un musée exsangue. Nombre de ses toitures et fenêtres sont en mauvais état, il est fréquent que des sanitaires et des éclairages ne fonctionnent plus, les ascenseurs et les escaliers mécaniques y sont souvent en panne. Une exposition a été écourtée en 2023 et une autre annulée en 2024 en raison d’importantes fuites d’eau au cœur même des bâtiments. Non, vous n’êtes pas dans un petit musée municipal perdu au milieu de la campagne, mais dans la plus grande institution muséale du monde. Avec 15 kilomètres de salles et de couloirs, 2 300 agents et une collection de 500 000 œuvres, le Louvre est une véritable ville dans la ville.

« Imaginez, à partir d’une métaphore simple : un appartement prévu pour quatre personnes qui au bout d’un an en abrite dix, avec un propriétaire qui ne fait pas de travaux. Après trente ans, la vétusté est inévitable, et le fonctionnement très difficile », expliquait Frédéric Ladonne, architecte spécialiste des questions muséales et trésorier de l’ICOM, le Conseil international des musées, début février 2025 sur France Culture.

« Un Louvre au rabais »

La Pyramide, conçue par l’architecte sino-américain Ieoh Ming Pei et inaugurée en 1988, il y a plus de trente-cinq ans, est « structurellement dépassée ». Prévue pour accueillir 4 millions de visiteurs par an, elle en a compté 10 millions en 2019, et près de 9 millions en 2024. La principale entrée du Louvre est aujourd’hui engorgée, et sa climatisation – datée – inadaptée au réchauffement des températures.

Les syndicats et représentants du personnel du musée dénoncent de longue date la dégradation du bâtiment et l’accroissement de sa vétusté ; « un Louvre au rabais », soulignent-ils. C’est dans ce contexte délétère qu’Emmanuel Macron, très attaché au Louvre – il s’y était mis en scène en 2017, lors de sa première élection en tant que président –, a pris la parole, le 28 janvier 2025, devant La Joconde, pour annoncer un « Louvre repensé, restauré, agrandi ». Son long discours, prononcé face à un parterre de politiques (des ministres, la maire de Paris Anne Hidalgo et la présidente de la Région Île-de-France Valérie Pécresse, notamment) et de personnalités du monde de la culture, est intervenu de manière un peu surprenante, six jours après la fuite, dans le journal Le Parisien, d’une note confidentielle de Laurence des Cars adressée à la ministre de la Culture Rachida Dati. Dans cette missive, la présidente-directrice du Louvre pointait, fort à propos, la « multiplication des avaries dans les espaces du musée, parfois très dégradés. Certains ne sont plus étanches, quand d’autres connaissent d’inquiétantes variations de température mettant en danger la conservation des œuvres ».

La « renaissance » du Louvre annoncée par le président de la République suppose, en premier lieu, la restauration des infrastructures de l’édifice, de façon à assurer la sécurité et la sûreté des collections, le confort du public, de bonnes conditions de travail aux agents et l’accès aux personnes à mobilité réduite. Pour ces travaux chiffrés à 400 millions d’euros, le ministère de la Culture apportera un soutien de 10 millions à l’institution. Cette somme sera complétée par la mise en place d’une tarification différenciée, plus élevée pour les visiteurs venus de pays non membres de l’Union européenne, à partir du 1er janvier 2026, dans le but de dégager 20 millions d’euros supplémentaires par an.

Le 28 janvier, le président de la République a fait plusieurs autres annonces marquantes. Il prévoit la création d’une nouvelle grande entrée, au niveau de la colonnade de Perrault, située face à l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, de façon à « rééquilibrer la manière de visiter le Louvre ». Il lance un concours international d’architecture, qui sera organisé en 2025-2026, et évoque la construction de deux vastes espaces d’exposition souterrains sous la Cour carrée, lesquels feront office également d’axe de circulation est-ouest. Enfin, La Joconde quittera la salle des États, où elle est actuellement accrochée, pour prendre place, à terme, dans l’un de ces deux espaces : une salle de 2 000 m² lui sera entièrement dédiée, à laquelle les visiteurs auront un accès direct afin de désengorger le musée.

Avec 15 kilomètres de salles et de couloirs, 2 300agents et une collection de 500 000 œuvres, le Louvre est une véritable ville dans la ville.

« Du vandalisme pur et dur »

Quel sera le coût de l’ouverture de la nouvelle entrée et du percement des espaces d’exposition sous la Cour carrée ? Près de 400 millions d’euros, selon la présidente de l’établissement. Une évaluation qui contredit celle de l’étude de faisabilité réalisée par les équipes du musée, laquelle tablait sur une somme supérieure à 800 millions d’euros. Qui paiera l’addition ? Les travaux seront financés par les ressources propres du musée, les billetteries, le mécénat et la licence du Louvre Abu Dhabi, « sans peser sur le contribuable », a insisté Emmanuel Macron.

Que pensent de ces futurs grands travaux et de la « renaissance » du Louvre les syndicats, les observateurs et le monde de la culture ? Élise Muller, secrétaire nationale de SUD-Culture, parle « d’annonces complètement hors-sol ». Gary Guillaud, secrétaire de la section CGT Louvre, souligne, lui, que « la nouvelle grande entrée, qui coûtera à elle seule 400 à 500 millions d’euros, n’est pas d’une nécessité absolue ».

Le Canard enchaîné pointe, dans son édition du 5 février 2025, plusieurs problèmes potentiels touchant à ces travaux de réaménagement. « La place manque pour créer cette entrée. Le sous-sol de l’esplanade, qui fait face à la colonnade de Perrault, est déjà archicomble », explique le journaliste Hervé Liffran, lequel évoque notamment la présence de la ligne 7 du métro parisien, impossible à détourner. L’hebdomadaire satirique révèle un autre casse-tête auquel sera confrontée la direction du musée au moment de creuser sous la Cour carrée – réputée, par ailleurs, être une zone inondable. « Les lieux sont truffés de réseaux d’équipements très coûteux à déplacer, poursuit Hervé Liffran. De plus, de nombreux vestiges archéologiques se trouvent dans cette cour qui n’a jamais été totalement fouillée. Et comment relier les nouvelles salles à la Pyramide de [Ieoh Ming] Pei sans rogner les restes imposants du château royal féodal conservés dans les sous-sols ? »

Le directeur du journal en ligne La Tribune de l’Art, Didier Rykner, confirme ces éléments et dénonce, de son côté, le percement des vestiges et des murs des fossés du Louvre médiéval comme du « vandalisme pur et dur ». L’architecte Frédéric Ladonne n’est pas du même avis. Il soutient, au contraire, que la nouvelle entrée « permettra de désengorger la Pyramide du Louvre » et d’ouvrir le musée en direction de la ville, en renforçant ainsi l’axe est-ouest. Il est favorable à la création d’espaces dont un dédié à La Joconde qui lui « paraît être une bonne réponse ». Il se montre plus dubitatif, en revanche, sur le fait qu’il sera demandé au public de payer deux fois, une fois pour accéder au chef-d’œuvre de Léonard de Vinci et une seconde pour visiter le Louvre. Il doute, enfin, que la temporalité annoncée par le président – à savoir des travaux amorcés à l’automne 2026 et qui devraient être terminés en 2031 – puisse être tenue.

Cécile Rives, directrice de projet, chargée de la coordination du plan « Louvre – Nouvelle Renaissance », et son adjointe Mathilde Prost, toutes deux nommées le 11 juin 2025, devraient avoir des journées bien remplies dans les prochains mois et les prochaines années !

Musées et institutionsMusée du LouvreFrance InstitutionICOMEmmanuel MacronRestaurationPatrimoinePolitique culturelleCécile Rives
Partagez
Abonnez-vous à la Newsletter
Informations
À propos du groupe The Art Newspaper
Contacts
Politique de confidentialité
Publications affiliées
Cookies
Publicité
Suivez-nous
Facebook
Instagram
Twitter
LinkedIn
Ce contenu est soumis à droit d'auteurs et copyrights