Le 28 janvier dernier, le président de la République Emmanuel Macron annonçait devant La Joconde le plan « Louvre – Nouvelle Renaissance », faisant suite aux déclarations de Laurence des Cars, la présidente du musée le plus visité au monde, qui déplorait : « Visiter le Louvre constitue une épreuve physique : accéder aux œuvres prend du temps et n’est pas toujours chose aisée ».
Parmi les projets dévoilés : la création d’une nouvelle entrée du côté de la colonnade de Perrault, afin de désengorger l’accès actuel par la Pyramide ; la création d’espaces souterrains sous la Cour carrée, reliés à ceux situés sous la Pyramide en vue de fluidifier les parcours ; l’ouverture des salles de la Cour carrée pour redéployer l’accrochage des collections ; enfin, la création d’une nouvelle salle sous la Cour carrée dédiée à la présentation de Monna Lisa, accessible de manière autonome. Lors de cette allocution, un concours international d’architecture était annoncé d’ici la fin 2025, pour un chantier livré en 2031. Objectif : accueillir 12 millions de visiteurs chaque année.
C’est désormais chose faite avec le lancement officiel, le 27 juin, du concours d’architecture. Dans un entretien au Monde, Laurence des Cars précise ses enjeux. « La Pyramide de Pei est géniale, mais elle ne suffit plus à accueillir les 9 millions de visiteurs annuels qui se pressent dans notre musée, constate-t-elle. C’est aussi l’occasion de donner à lire et à comprendre les très grands temps d’architecture que représente le Louvre. D’une certaine façon, avec ce projet, le Louvre renoue avec un chapitre important de sa longue histoire : l’orientation naturelle du palais tel qu’imaginé par Louis XIV partait de la grande colonnade, avec une entrée magistrale, pour suivre la course du soleil d’est en ouest. »
Outre redonner au Louvre son entrée historique, l’architecte choisi aura en charge le réaménagement urbain alentours, « des fossés de la grande colonnade jusqu’au droit des bâtiments longeant la rue de l’Amiral-de-Coligny et la place du Louvre ». « Cette composante urbaine et paysagère de l’appel à candidatures comprend aussi les jardins du côté de la rue de Rivoli et ceux qui s’étendent du côté du quai. La réflexion prendra également en compte la Cour carrée, qui est traversante. Il faut trouver une unité, une harmonie », précise François Chatillon, l’architecte en chef des monuments historiques.
De fait, le cahier des charges préconise un projet peu démonstratif, sans construction visible devant la colonnade. « Ce n’est pas un projet pour des architectes qui ne s’épanouissent que dans la démonstration formelle, poursuit François Chatillon. La colonnade de Perrault est un manifeste de l’architecture française classique, qu’il faut révéler totalement, sans lui faire de cache-nez. L’enjeu n’est d’ailleurs pas de le rendre visible mais lisible. C’est à la fois ambitieux et complexe, mais passionnant ».
Autre enjeu majeur de ce chantier de réaménagement du grand musée parisien : la nouvelle salle qui abritera le joyau de la couronne. « C’est l’un des points forts de l’appel à candidatures : nous demandons aux architectes de penser, de dessiner et d’aménager un parcours d’environ 3 000 m2 pour La Joconde et sa mise en contexte, rappelle Laurence des Cars. Notre objectif est de permettre une rencontre de qualité avec ce chef-d’œuvre. Les visiteurs doivent pouvoir accéder facilement et rapidement à cet espace. Ce sera le cas sur préréservation, avec un minimum d’attente. Il faut un espace bien dimensionné, pas surdimensionné, permettant d’offrir une certaine proximité avec l’œuvre, et un temps véritable de contemplation. » La scénographie devrait ainsi permettre aux futurs visiteurs d’être plus proches du tableau, en comparaison de la présentation actuelle dans la salle des États, où se pressent pour l’admirer – furtivement et tenues à distance – quelque 20 000 personnes par jour...
Le budget de la partie architecturale contemporaine, inscrit dans l’appel à candidatures, est estimé à 270 millions d’euros. S’y ajoute la restauration patrimoniale, qui reste à déterminer. Un large recours au mécénat, français et international, est prévu pour financer les travaux.
Cinq finalistes seront retenus par un jury international, composé de 21 membres, le 7 octobre, avant la désignation de l’architecte lauréat au premier trimestre 2026.