Depuis 2023, l’Académie des beaux-arts remet chaque année trois Grands Prix, destinés à récompenser des représentants de ses neuf sections. Après Georges Aperghis pour la composition musicale, Gérard Traquandi pour la peinture, et Willem pour la gravure et le dessin, en 2024, c’est aujourd’hui la photographe Sarah Moon qui se voit décerner le Grand Prix de l’Académie. Initiés par Laurent Petitgirard, secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts, ces Grands Prix se distinguent par une double vocation : ils honorent à la fois la carrière d’un artiste et portent une dimension solidaire et collective. En effet, la ou le lauréat(e) reçoit une dotation de 30 000 euros, mais a ensuite la possibilité d’en redistribuer une partie à d’autres artistes de son choix, pour soutenir leur travail, leur engagement ou la singularité de leur démarche.
Forte d’une carrière de plus de cinquante ans, Sarah Moon est distinguée par l’Académie pour son œuvre en perpétuelle métamorphose, explorant les multiples formes de l’image. « Le champ de sa création s’élargit sans cesse de l’image fixe à l’image animée, de la photographie de mode et du film publicitaire à la recherche personnelle, […] sans que rien jamais ne soit abandonné », précise l’Académie.
Cette maîtrise du médium, quel qu’il soit, est toujours portée par une signature singulière : une atmosphère sombre, onirique, souvent traversée par le motif récurrent de l’enfance. Du long métrage Mississippi One (1991) à ses cinq adaptations des contes de Perrault, l’enfance chez Sarah Moon ne relève pas de l’autobiographie, mais devient un prisme sensible, une manière de sonder les vertus paradoxales de cet âge. L’émerveillement et l’effroi surgissant du « contact brutal avec le monde, avant que l’œil et le cœur ne soient emprisonnés par les conventions et émoussés par l’habitude. »
Avec ce prix, la lauréate endosse également le rôle de mécène. Elle a déjà annoncé les artistes qu’elle souhaite soutenir. Il s’agit de Damien Daufresne (né en 1979), artiste pluridisciplinaire formé à Paris et à New York, installé à Berlin, qui est l’auteur d’une œuvre hybride alliant image fixe et image en mouvement. Mais aussi de deux autres artistes qui interrogent la mémoire à travers l’image : Sara Imloul (née en 1986) et Antoine Lecharny (né en 1995).
La remise de prix se tiendra sous la coupole du Palais de l’Institut de France, à Paris, le mercredi 4 juin 2025 à 18 h 30.
