Une nouvelle étude d’Artsy (plateforme de vente en ligne et base de données sur l’art) révèle combien le marché de l’art a été transformé en 2020. Ainsi, les foires – classées comme le troisième moyen le plus efficace pour les galeries de vendre des œuvres en 2019 – ont dégringolé au sixième rang en 2020 en raison de la pandémie de coronavirus, selon le rapport Artsy Gallery Insights 2021. Les réseaux sociaux ont pris leur place, devenant le troisième meilleur canal de vente des galeries, gagnant trois places comparativement à 2019. « Le classement des meilleurs canaux de vente a considérablement changé cette année, les ventes en ligne, les réseaux sociaux et les sites Internet des galeries remplaçant les foires d’art et les événements ouverts à tous », indique le rapport. Cependant, le moyen numéro un de vendre des œuvres d’art reste d’arriver à toucher directement des clients existants, vecteur représentant 28 % des ventes annuelles totales des galeries en 2020.
Le rapport Artsy Gallery Insights 2021, qui a été réalisé en octobre 2020 et a sondé 1 753 professionnels des galeries, montre sans surprise un transfert significatif vers le numérique. « Les galeries ont affiné leurs stratégies numériques, investi dans le marketing digital et essayé de nouvelles stratégies pour maintenir des liens avec les clients existants et engranger de nouvelles connexions en ligne », explique Dustyn Kim, directeur financier d’Artsy.
Des différences géographiques apparaissent dans l’utilisation par les galeries des réseaux sociaux. En Amérique latine, en Afrique et au Moyen-Orient, ils constituent la deuxième plateforme de vente la plus efficace. En Europe, ils n’arrivent qu’en troisième position. Enfin, en Amérique du Nord, en Asie et en Océanie, ils ne sont même pas dans le trio de tête. Les galeries affirment essayer de solliciter des ventes sur les réseaux sociaux par des stories, des messages directs et des publications sur leurs comptes.
L’étude révèle également que les budgets marketing que les galeries ont alloués à leurs activités en ligne ont augmenté notablement. Les dépenses consacrées au marché de l’art en ligne, aux sites Internet et aux réseaux sociaux ont progressé respectivement de 49 %, 32 % et 92 %. Parallèlement, les budgets alloués aux foires ont – logiquement en raison de leurs reports ou annulations – diminué de 31 %. Fait notable, ce passage au numérique a modifié également le profil des collectionneurs : 73 % des enseignes ont déclaré qu’au moins la moitié des collectionneurs avec lesquels elles ont été en relation en ligne en 2020 étaient de nouveaux contacts. Le nombre d’acheteurs âgés de 18 à 35 ans a doublé, probablement parce que les jeunes acheteurs préfèrent faire des acquisitions en ligne.
CE PASSAGE AU NUMÉRIQUE A MODIFIÉ LE PROFIL DES COLLECTIONNEURS
Le nombre de galeries fonctionnant uniquement en ligne a également augmenté en masse ; 35 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles n’avaient pas d’espace physique, soit plus du double par rapport à 2018 et 2019. « Les préoccupations financières peuvent […] inciter à [créer] un modèle exclusivement en ligne, car le monde [de l’art] ressent la pression économique liée au Covid-19 », indique le rapport. Et d’ajouter : « avec la fin de la pandémie en vue, 2021 révélera si ces galeries reviendront aux espaces physiques ou resteront en ligne de façon pérenne. » Le rapport Artsy Gallery Insights 2021 s’attend cependant à ce que cette nouvelle concentration de galeries sur le numérique se prolonge. « Il est clair que le marché de l’art en ligne n’est pas seulement une stratégie payante pour stimuler les ventes et rester connecté cette année – c’est aussi une tendance qui se poursuivra dans le futur », affirme le rapport.