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Chronique
Opinion

Refaire école

Ce n’est un secret pour personne, les écoles d’art ne sont pas au mieux de leur forme. On peut déplorer une telle situation. Il reste que l’urgence est à la réinvention, non aux lamentations.

Emmanuel Tibloux
27 novembre 2025
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Vue de l’installation Le Fleuve, partenariat entre l’École nationale supérieure des arts décoratifs (Paris) et la Swedish School of Textile (Boras), lors d’EuroFabrique, Grand Palais Éphémère, Paris, février 2022. Courtesy de l’ENSAD et de la SST. Photo D.R.

Vue de l’installation Le Fleuve, partenariat entre l’École nationale supérieure des arts décoratifs (Paris) et la Swedish School of Textile (Boras), lors d’EuroFabrique, Grand Palais Éphémère, Paris, février 2022. Courtesy de l’ENSAD et de la SST. Photo D.R.

L’organisation, du 4 au 7 novembre 2025 aux Beaux-Arts de Marseille, des assises nationales des écoles d’art et de design à l’occasion des 30 ans de l’ANdEA (Association nationale des écoles supérieures d’art), qui fédère la quarantaine d’établissements d’enseignement supérieur artistique sous la tutelle du ministère de la Culture, est l’occasion de s’interroger sur la situation actuelle et l’avenir de ces écoles.

En quinze ans, trois établissements ont fermé : Rueil-Malmaison en 2011, Perpignan en 2016 et Valenciennes en 2024. La situation est si préoccupante que l’Académie des beaux-arts a jugé nécessaire de s’en saisir en programmant le 24 septembre 2025 un débat public sur le sujet. Las, on vit resurgir sous la coupole deux grands maux de nos écoles : le syndrome d’insularité et le complexe obsidional. Or, pas plus qu’elles ne sont des îles, les écoles d’art ne sont assiégées. Ou, si elles le sont, c’est au même titre que tous les établissements publics culturels et d’enseignement, et plus largement tout un pays soumis à une forte pression budgétaire.

Comme souvent en pareille circonstance, il n’est pas inutile de reprendre les choses à la racine. Tributaire de la longue histoire de la pensée occidentale de l’art, la conception de son enseignement est travaillée par une tension entre deux notions fondamentales : d’un côté l’ars, qui renvoie à l’habileté, au savoir-faire acquis par l’étude, au métier et à la technique ; de l’autre l’ingenium, entendu comme faculté d’invention, disposition innée à la création. Telle est la grande polarisation qui structure le champ de l’art : la main et l’esprit, la technique et l’inspiration, l’artisan et l’artiste, les arts mécaniques et les arts libéraux, les arts décoratifs – et à leur suite le design – et les Beaux-Arts, la fonction et l’aspect. Cette dualité traverse aussi l’histoire des enseignements artistiques. Les premières écoles de dessin commenceront à s’établir à la fin du XVIIe siècle « dans les principales villes du royaume » sous l’autorité de l’Académie royale de peinture et de sculpture de Paris, elles se développeront ensuite et essaimeront sur l’ensemble du territoire pour accompagner l’essor industriel et économique du pays.

Trois voies pour sortir de l'impasse

C’est cette histoire qu’il faut aujourd’hui se donner les moyens de relancer. Trois voies au moins méritent d’être empruntées. La première consiste à constituer des pôles de formation et de recherche artistique connectés aux milieux professionnels et économiques, en étendant le périmètre aux autres écoles de la culture (architecture et spectacle vivant), aux écoles d’arts appliqués et de design dépendant de l’Éducation nationale, ainsi qu’aux écoles privées à but non lucratif, qui sont en lien étroit avec les chambres de commerce et les milieux professionnels. Les Campus des métiers et des qualifications, créés en 2014, sont à cet égard un excellent outil pour fédérer des établissements supérieurs, mais aussi secondaires (général, technologique ou professionnel), autour d’un secteur d’activité et de partenaires économiques.

L’intégration dans les communautés universitaires est une deuxième voie. La complexité du monde, la fertilité de l’hybridation et la valeur ajoutée des approches artistiques dans une société de projets et d’innovation sont telles que toute autre option reviendrait à passer à côté de l’époque.

La territorialisation est enfin la troisième voie vers laquelle convergent les deux premières : plutôt que de s’en remettre exclusivement à l’intervention magique d’un État salvateur, chercher à faire école et territoire dans un même geste, avec tous les types d’acteurs et de ressources, en variant les échelles, de la ville à l’eurorégion en passant par tous les échelons administratifs et les biorégions. Plus que jamais, le temps est venu de s’ancrer, de s’allier et de sortir d’un isolement qui n’a de splendide que le souvenir ou le rêve de la splendeur.

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