Si l’art contemporain est désormais partout, on parle plus rarement des écoles d’art et de design – sauf pour déplorer le manque de moyens. Or, elles sont la pierre angulaire, là où se forge la création d’aujourd’hui et de demain, le creuset de nouvelles générations d’artistes.
Au printemps dernier, « dans un contexte de grande tension », la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, avait confié à Pierre Oudart une mission sur la situation des 33 écoles supérieures d’art et de design territoriales en France. Le directeur général de l'Institut national supérieur d'enseignement artistique Marseille Méditerranée (INSEAMM) a rendu son rapport – terme auquel il préfère celui d’enquête – destiné à « clarifier les relations entre l’État et les collectivités, et proposer les évolutions nécessaires ainsi qu’une méthode pour leur mise en œuvre ». Depuis 2011, ces établissements publics de coopération culturelle (EPCC) sont financés très majoritairement par les collectivités.
Dans sa lettre de mission, le ministère demandait « une analyse de la cartographie de l’offre de formation supérieure en art et en design, mais aussi de l’ancrage des établissements et de leurs réseaux dans les territoires », ainsi que des propositions « d’actions permettant de renforcer leurs liens avec les secteurs professionnels et les autres acteurs de l’enseignement supérieur, dont les Établissements publics expérimentaux. »
Le rapport s’appuie sur l’audition de plus de 150 personnes, qui avait donné lieu à une première présentation lors du troisième Conseil national des territoires pour la Culture à Avignon le 12 juillet dernier.
Pierre Oudart tente « d’analyser les raisons du mal-être » de ces écoles, qui « font face à une crise financière, en partie conjoncturelle, qui révèle des problèmes structurels souvent anciens ». « Sans proposer de “solution miracle” ni de “grand soir” des écoles d’art, le document propose des éléments d’une méthode de travail qui vise d’abord à sortir ces écoles de leur délaissement administratif relatif, à déconcentrer encore davantage l’approche administrative en privilégiant la mise en réseau et les stratégies ascendantes. Il suggère aussi de leur donner une plus grande et meilleure visibilité », conclut-il dans sa synthèse.
Dans sa première partie, il établit « un diagnostic précis de la situation de ces établissements et permet de clarifier, en l’état actuel du droit, quelles sont les responsabilités juridiques et financières des collectivités, de leurs groupements et de l’État ».
Les préconisations de la seconde partie visent à définir une feuille de route commune aux différentes parties prenantes (État, collectivités, établissements) autour de quatre axes : « mieux fonctionner » en revoyant la gouvernance des EPCC au cas par cas, en impliquant davantage les Régions et les intercommunalités, et en enrichissant le processus d’accréditation par une contractualisation pluriannuelle entre les partenaires ; « mieux connaître pour mieux comprendre » en établissant la cartographie de l’ensemble de l’offre de formation artistique publique et privée et en réalisant un tableau de bord de la santé financière des établissements ; « mieux financer » en objectivant la dépense publique de l’État, notamment par étudiant, et en corrigeant au besoin les écarts injustifiés hérités de l’histoire ; « mieux valoriser » les écoles en imaginant des temps et des modes de communications adaptés.
Les conclusions du rapport ont vocation à contribuer à la poursuite du dialogue entre le ministère et les collectivités locales, précise la Rue de Valois.
Le rapport complet est consultable ici.