Depuis leur création en 1997, les Rencontres internationales Paris/Berlin se sont imposées comme un rendez-vous incontournable mettant en lumière la diversité des pratiques contemporaines de l’image en mouvement. Entre nouveau cinéma et art contemporain, l’événement réunit artistes émergents et établis du monde entier, à l’instar de Laurie Anderson, David Lynch, Claire Denis, Michael Snow, Jean-Luc Godard, Pedro Costa, Valie Export, Chantal Akerman ou Artavazd Pelechian lors de précédentes éditions.
L’édition 2025 de cette exploration des frontières de la création audiovisuelle se tient du 24 au 30 novembre à Paris, dans différents lieux parisiens : Jeu de Paume, Forum des images, Maison européenne de la photographie, Institut du monde arabe, Musée de la Chasse et de la Nature et Cité internationale des arts. Documentaires, fictions expérimentales, vidéos aux formes hybrides et multimédias, séances de projections thématiques, rétrospectives, cartes blanches, programmation VR, forum et tables rondes… la programmation propose quelque 120 œuvres venant d’une cinquantaine de pays, nées de l’imagination d’artistes reconnus sur la scène internationale, émergents voire présentés pour la première fois. C’est l’un des atouts de cet espace de diffusion, de réflexion mais aussi de découverte.
Parmi les temps forts cette année, deux cartes blanches sont confiées à Laure Prouvost et Albert Serra. La première, qui a représenté la France à la Biennale de Venise en 2019, « interroge les relations entre langage, image et perception, invitant à une expérience immersive et sensorielle », non dénuée d’un certain humour surréaliste. Quant au réalisateur catalan, auteur de Honor de cavallería (2006) – son premier long métrage, une adaptation libre de Don Quichotte, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes –, Histoire de ma mort (2013) – inspiré des mémoires de Casanova, lauréat du Léopard d’or au Festival de Locarno – ou l’hypnotique Pacifiction (2022) – nommé 9 fois aux César – , « son cinéma radical explore les limites de la fiction, interroge le temps et le vertige ». En outre, une séance spéciale est consacrée à l’Espagnol Antoni Muntadas. L’artiste pluridisciplinaire, connu pour son exploration critique de la communication et des médias, aborde à travers vidéos, installations et interventions publiques des questions sociales et politiques, remettant en question la perception de l’information, comme dans son œuvre Political Advertisement 1952-2024, qui illustre l’évolution des stratégies publicitaires des campagnes présidentielles aux États-Unis.
Cette édition 2025 des Rencontres Internationales Paris/Berlin, « marquée par de nombreuses premières mondiales et européennes, mettra en dialogue des démarches où le politique, l’intime et le sensoriel se croisent et se répondent », promettent ses organisateurs. À l’affiche, les artistes Uriel Orlow (Suisse ; exposé notamment au Palais de Tokyo, à la Tate Modern et Manifesta 12), Younès Ben Slimane (Tunisie ; Institut du Monde arabe à Paris, Mucem à Marseille), Lin Htet Aung (Myanmar ; Festival international du film de Locarno, Festival international du film de Rotterdam) et le duo François Knoetze & Amy Louise Wilson (Afrique du Sud ; La Triennale di Milano, Lagos Photo Festival) « convoquent la mémoire et les archives pour révéler les traces enfouies de l’histoire et les géographies du pouvoir ». Tandis que Nanouk Emmen (Pays-Bas ; Berlinale, EYE Filmmuseum Amsterdam), Lisa Freeman (Irlande ; Irish Museum of Modern Art à Dublin, Bétonsalon à Paris) et Martí Madaula (Espagne ; MoMA New York, Visions du Réel) « déplacent ces questionnements vers l’espace domestique, où le geste, l’attente et le souvenir deviennent matière de récit et d’émotion ». Quant à eux, Pink Twins (Finlande ; Biennale de Venise), Zachary Epcar (USA ; Museum of the moving image à New York, Pacific Film Archive), Søren Thilo Funder (Danemark ; kunsthall314 à Copenhague, Kunsthal Aarhus), Kim Richard Adler Mejdahl (Danemark ; Kunsthal Charlottenborg, National Gallery of Denmark), Ewa Effiom (Belgique/Nigeria ; MAXXI Museo nazionale delle arti del XXI secolo à Rome, Biennale d’architecture de Venise), Melanie Manchot (Royaume-Uni ; Whitechapel Gallery à Londres, MAC VAL à Vitry-sur-Seine), et Xavier Veilhan (France ; 57e Biennale de Venise, Centre Pompidou) « ouvrent des territoires immersifs et critiques, où perception, architecture et politique s’entrelacent ».
« Alors que les images saturent notre quotidien, il est urgent et nécessaire de redécouvrir la capacité de notre regard à parcourir le monde et à le comprendre au travers de ce que les artistes nous disent, explorent, réinventent, revendiquent Nathalie Hénon et Jean-François Rettig, fondateurs et directeurs des Rencontres Internationales Paris/Berlin. Leurs œuvres nous interpellent, déplacent notre regard et nous invitent à une expérience de voir différemment. La réflexion et l’invention de nouvelles formes audiovisuelles sont autant de mondes possibles et d’utopies nécessaires pour réinventer notre époque. »
L’événement, ouvert à tous, est entièrement gratuit. L’intégralité de la programmation est disponible ici.
