Art déco classique et moderniste chez Millon
Le musée des Arts décoratifs célèbre, jusqu’au 26 avril 2026, le centenaire de l’Art déco, mouvement issu de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris en 1925. S’il est définitivement entré dans l’histoire de l’art, son commerce connaît depuis une dizaine d’années quelques turbulences. « Ce marché souffre d’un manque de pièces, souligne Patrick Fourtin, expert auprès de la maison Millon. L’essentiel de ses chefs-d’œuvre se trouve aujourd’hui dans des musées ou dans des collections privées, souvent aux États-Unis. Cette raréfaction entraîne un flottement, les acheteurs manquant de pièces sur lesquelles enchérir ». Ces amateurs peuvent néanmoins se réjouir avec la vente Masters - Arts décoratifs du XXe siècle, qui inclut trois pièces qui illustrent la richesse du mouvement, mais aussi ses antagonismes. Avec ses trois tables gigognes en laque noire et marqueterie de coquilles d’œuf (est. 100 000-150 000 euros), Jean Dunand se situe dans la lignée des ébénistes et décorateurs héritiers du grand style français, fers de lance de la Société des Artistes Décorateurs emmenée par Jacques-Emile Ruhlmann qui triomphe en 1925. De l’autre côté de l’échiquier, certains créateurs, souvent des architectes comme Pierre Chareau, se sentent un peu à l’étroit dans ce cadre « classique » un peu rigide. Ils veulent promouvoir en France une forme de modernisme inspirée du Bauhaus allemand. Les lampes Petite religieuse (est. 30 000-40 000 euros) et LP 625 (est. 10 000-12 000 euros) offrent la quintessence de cette synthèse, qui donnera naissance, quatre ans plus tard, à la fondation de l’Union des Artistes Modernes par Jean Prouvé.
« Masters, Arts Décoratifs du XXe siècle », 6 novembre 2025, Millon, Salle VV, 75009 Paris, www.millon.com

Figure Kachina du Guerrier multicolore du Zénith (Zuni) et Figure de Clown Hano (Koshare), Hopi, Arizona, États-Unis.
Courtesy Giquello
Des Kachinas Zunis de la collection Jean-Paul Morin chez Giquello
Il y a près d’un an, la maison Giquello dispersait la collection de poupées Kachinas réunie par l’éditeur Léo Scheer et l’écrivaine Nathalie Rheims. Les lots avaient tous été vendus et un Clown Hano - Koshare du début du XXe siècle avait atteint 84 500 euros. Ces résultats sont de bon augure pour l’ensemble collecté par l’ancien directeur financier et secrétaire général de Publicis, Jean-Paul Morin, qui a croisé à la fin des années 1990 le chemin du marchand parisien Roland Flak. L’une des particularités de sa collection provient de son intérêt pour l’un des peuples Navajo d’Arizona beaucoup moins connus que les Hopis : les Zunis. « Jean-Paul Morin aime les objets extravagants avec une forte présence, confie Julien Flak, fils de Roland Flak et expert sur la vente. L’art Zuni, dix fois moins présent sur le marché que l’art Hopi, se caractérise par une ornementation plus flamboyante et une attitude presque martiale. » Parmi les pièces majeures, une Figure Kachina du guerrier multicolore du Zénith Zuni et une autre statuette de Clown Hano - Koshare, toutes deux issues de la célèbre collection George Terasaki, sont estimées entre 25 000 et 40 000 euros.
« Les Kachinas de la collection Jean-Paul Morin », 6 novembre 2025, Giquello, Drouot, 75009 Paris, www.giquelloetassocies.fr

Auguste RODIN, Le baiser, 2e réduction - 1886 . Épreuve en bronze à patine brune nuancée sur un socle en bois d'origine F. Barbedienne fondeur entre 1904 et 1912.
Courtesy Cannes Enchères
Un Baiser de Rodin chez Cannes Enchères
Collectionneurs et professionnels se souviennent du marchand d’art Guy Hain, condamné en février 1997 à quatre ans de prison ferme pour avoir produit plusieurs centaines de faux bronzes, dont un exemplaire du Baiser de Rodin, adjugé en 1989 à Drouot pour 4 millions de francs (soit à peu près 1 million d’euros en 2025). Autant dire que l’arrivée d’une sculpture de Rodin aux enchères, qui plus est Le Baiser,est particulièrement scrutée et commentée par les amateurs et spécialistes. La maison Cannes Enchères a pris en conséquence les devants. L’exemplaire du Baiser présenté lors de la vente intitulée avec ironie « Just one kiss by Rodin », estimé de 300 000 à 500 000 euros, a fait l’objet d’une étude approfondie, notamment par le comité Auguste Rodin. Ce dernier a, par courrier, précisé à la maison de ventes son « intention d’inclure cette œuvre dans [ses] archives en vue de la publication du catalogue critique de L’œuvre Sculpté d’Auguste Rodin actuellement en préparation à la galerie Brame & Lorenceau, sous la direction de Jérôme Le Blay, sous le numéro 2025-7850B ».
« Just One Kiss by Rodin », 6 novembre 2025, Cannes Enchères, Hôtel des Ventes, 20 rue Jean Jaurès, 06400 Cannes, www.cannes-encheres.com
