Alors que les interpellations se succèdent après le vol rocambolesque, le 19 octobre dernier, de huit joyaux de la Couronne de France en plein jour dans la galerie Apollon du musée du Louvre – sans que le butin, évalué à 88 millions d’euros, n’ait été à ce jour retrouvé –, une autre affaire de braquage au mode opératoire similaire connaît un dénouement près d’un an après les faits. Le 20 novembre 2024, quatre individus cagoulés avaient fait irruption en matinée dans le musée Cognacq-Jay, à Paris, brisant violemment des vitrines afin d’y dérober des objets précieux présentés dans l’exposition « Luxe en poche », avant de prendre la fuite.
Paris Musées, établissement public administratif qui gère les musées de la capitale, et la Ville de Paris ont annoncé que cinq des sept boîtes à tabac alors volées ont été retrouvées. Ces œuvres exceptionnelles avaient été prêtées par le musée du Louvre, les Collections Royales anglaises (Royal Collection Trust) et la collection Rosalinde & Arthur Gilbert en dépôt au Victoria & Albert Museum de Londres.
Le musée du Louvre a déclaré que les deux tabatières du XVIIIe siècle prêtées au musée Cognacq-Jay dans le cadre de cette exposition, réalisées respectivement par Johann Christian Neuber (Dresde vers 1763-1770) et par un orfèvre non identifié (Berlin 1760-1770), et qualifiées « d’une grande valeur historique et patrimoniale », feront leur retour dans les salles du département des Objets d’art très prochainement.
L’enquête menée pendant plusieurs mois par la brigade de répression du banditisme (BRB) a permis d’identifier l’un des malfaiteurs, via les analyses vidéo des caméras de la Ville de Paris. Conducteur de la voiture utilisée pour le casse et membre présumé du commando, il a été interpellé en septembre, mis en examen et placé en détention provisoire. À la suite de tractations, sous couvert d’anonymat, avec les assurances des musées victimes, les objets d’art ont été déposés contre rémunération dans un lieu précis avant d’être restitués à la justice par les assureurs. Leur état est considéré comme « très moyen », selon une source proche de l’enquête. Laissées en morceaux dans les boîtes, les pierres précieuses ont parfois été arrachées, pouvant corroborer l’hypothèse selon laquelle les voleurs ambitionnaient de les revendre.
L’ombre du crime organisé plane sur la recrudescence des cambriolages dans les musées. Ces opérations, minutieusement préparées, sont vraisemblablement des commandes d’un receleur, avant que bijoux et autres trésors n’atterrissent entre les mains de collectionneurs peu scrupuleux ou n’alimentent le marché noir de l’art. L’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) y voit « une activité très attractive pour le blanchiment d’avoirs criminels ».
