L’initiative de cette mesure, proposée fin octobre 2024 par la ministre de la Culture Rachida Dati, revient au Louvre, qui a fait école. À compter du 14 janvier 2026, cinq établissements tricolores vont revoir leurs tarifs à la hausse pour les visiteurs non issus de l’Espace économique européen. Outre le musée parisien, sont concernés : le château de Versailles, la Sainte-Chapelle, l’Opéra de Paris et le château de Chambord.
En ces temps de disette – avec un budget de la Culture amputé de 216 millions d’euros en 2026, les opérateurs cherchent à dégager des ressources propres –, ces fleurons du patrimoine et de l’histoire de France, particulièrement prisés des visiteurs étrangers, pourraient à terme être suivis par d’autres établissements. Tous font le pari que les touristes venus du monde entier paieront quelques euros supplémentaires pour admirer nos chefs-d’œuvre. Les opposants à cette hausse pointent des tarifs de visite déjà très élevés par rapport aux prix pratiqués dans d’autres grands musées d’envergure internationale.
Au Louvre, le billet d’entrée passe à 32 euros (soit 10 euros de plus que le prix actuel) pour les ressortissants hors Espace économique européen (EEE, qui comprend l’Union européenne, l’Islande, le Liechtenstein et la Norvège). Cette hausse des tarifs devrait rapporter de « 15 à 20 millions d’euros » par an de recettes supplémentaires, qui seront allouées aux « problèmes structurels », a précisé l’établissement. Le musée le plus visité au monde a accueilli 8,7 millions de personnes en 2024, dont 69 % d’étrangers, en tête desquels Américains et Chinois. Le prix du billet d’entrée du Louvre était déjà passé de 17 à 22 euros en janvier 2024 pour l’ensemble des visiteurs.
Au château de Versailles, en haute saison (du 1er avril au 30 octobre), les extra-Européens devront désormais s’acquitter de 35 euros – contre 32 euros pour les Européens – afin de pouvoir admirer la galerie des Glaces et les perspectives des jardins de Le Nôtre. Le reste de l’année, le tarif d’entrée redescend à 25 euros. Avec ce changement de grille, l’établissement espère un gain annuel estimé à 9,2 millions d’euros. La Sainte-Chapelle, l’Opéra de Paris et le château de Chambord appliqueront également des tarifs différenciés à compter de la même date.
Si ce principe de billets plus chers pour les étrangers dans des sites culturels et touristiques très fréquentés fait débat – promue par le gouvernement, la mesure est dénoncée par les syndicats, au nom de « l'universalisme » du Louvre et « d'un égal accès » à ses collections –, il n’est pas propre à la France. C’est déjà le cas, par exemple, pour l’accès au Machu Picchu au Pérou, à la Cité interdite à Pékin, ou encore au site d’Angkor Wat au Cambodge. Le Metropolitan Museum of Art de New York et le palais des Doges à Venise proposent, quant à eux, un tarif réduit aux habitants de la ville.
