Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue le 21 octobre à la librairie 7L, durant la semaine de l’art à Paris, le Metropolitan Museum of Art (Met) de New York a annoncé qu’il dévoilera à l’automne 2026 une nouvelle série de sculptures de Liu Wei dans les niches de sa façade donnant sur la Cinquième Avenue. Né en 1972 à Pékin, où il vit et travaille, Liu Wei est connu pour ses installations monumentales. Ses sculptures seront conçues in situ dans le contexte urbain et historique du Met. La « Genesis Facade Commission : Liu Wei » sera visible du 17 septembre 2026 au 8 juin 2027.
Le projet de Liu Wei sera le septième d’une série de commandes pour l’extérieur historique du bâtiment, et le troisième dans le cadre du partenariat du Met avec Genesis visant à soutenir la commande annuelle d’art contemporain. Ses nouvelles œuvres pour les niches « joueront avec la perspective et l’échelle et aborderont les cycles de rupture, de résistance, de réparation et de création dans l’histoire », a expliqué l’artiste, ajoutant : « Dialoguer avec l’immense héritage de la civilisation humaine à travers la commande de la façade Genesis du Met me rend à la fois très enthousiaste et anxieux. Quel défi et quelle chance ! » Au lieu d’un récit totalisant, il présentera des sculptures composites réalisées à partir de divers matériaux « qui provoquent des sentiments et des réactions complexes face aux incertitudes de la vie contemporaine ».
Avec la « Genesis Facade Commission », le Met invite des artistes à créer de nouvelles œuvres, avec pour finalité d’établir un dialogue entre leur pratique, la collection, le bâtiment et le public. Ces commandes ont précédemment été passées à Wangechi Mutu, Hew Locke, Carol Bove, Nairy Baghramian, Lee Bul et Jeffrey Gibson en 2025. Elles constituent la pierre angulaire du département d’art moderne et contemporain du Met, qui continue de s’étendre grâce à de nouvelles acquisitions, des expositions et le développement de l’aile Tang, laquelle ouvrira en 2030 et offrira un nouvel espace pour découvrir l’art de 1890 à nos jours.
Frida Escobedo, en charge de cette extension, était présente à la conférence de presse parisienne, aux côtés de Max Hollein, directeur du musée, de l’artiste et de sa commissaire. L’architecte mexicaine est simultanément associée au projet de rénovation du Centre Pompidou, qui vient de fermer ses portes pour cinq ans après un week-end festif, ayant notamment vu lors d’une ultime soirée mémorable Thomas Bangalter, moitié des ex-Daft Punk, mixer après un extrait d'un discours prononcé en 1971 devant les députés par Jacques Chirac, alors premier ministre, détaillant la création prochaine de Beaubourg : « Georges Pompidou savait qu’il est dangereux pour une société de feindre d’ignorer l’art qu’elle engendre, même s’il la conteste, car cela marquerait qu’elle refuse d’ouvrir les yeux sur ce qu’elle est. »
Max Hollein, directeur du Met, aux côtés de David Breslin, Frida Escobedo, Liu Wei et Lesley Ma lors de l'annonce de la « Genesis Facade Commission » 2026 à la librairie 7L à Paris, le 21 octobre 2025. The Met
« Les sculptures de Liu Wei pour la Genesis Facade Commission refléteront sans aucun doute la curiosité, l’innovation et même l’humour qui font sa renommée, a déclaré Max Hollein, directeur du Met. Cette commande reflète également l’esprit de l’aile Tang du Met consacrée à l’art moderne et contemporain, qui ouvrira ses portes en 2030, où des perspectives mondiales et des pratiques artistiques novatrices telles que celles de Liu Wei seront au cœur de notre manière de présenter l’art de notre époque. Nous sommes honorés de travailler avec Liu Wei pour élargir les possibilités de l’emblématique façade de la Cinquième Avenue avec son premier projet majeur dans une institution américaine. »
« Pour cette commande, Liu Wei utilisera son langage dynamique de reconfiguration et d’assemblage pour aborder les conflits et les contradictions de la société, a détaillé Lesley Ma, conservatrice Ming Chu Hsu et Daniel Xu au département d’art moderne et contemporain du Met et commissaire du projet. Pour moi, son travail traduit toujours de manière convaincante les perceptions de la réalité avec un mélange de brutalité et de raffinement. Je suis impatiente de voir comment il va remettre en question nos attentes envers les niches classiques et les sculptures publiques. »
« La Genesis Facade Commission nous permet de repenser en permanence la manière dont le Met se présente à chaque visiteur et au monde entier. Les remix intelligents de motifs prêts à l’emploi réalisés par Liu Wei transforment le quotidien en miracle, et le jeu séduisant entre contemplation, surprise et révélation de ses sculptures est également au cœur de la mission du Met, a poursuivi David Breslin, conservateur Leonard A. Lauder en charge du département d’art moderne et contemporain. Alors que nous nous préparons à l’ouverture de la nouvelle aile Tang en 2030, les commandes de la façade Genesis constituent la plateforme la plus visible et la plus dynamique du Met pour l’art contemporain, mettant en avant nos ambitions présentes et futures. »
Depuis la fin des années 1990, Liu Wei aborde les réalités contemporaines à travers un large éventail de médias, allant de la photographie et de la peinture à la vidéo, la sculpture et l’installation. Figure clé d’une génération pionnière d’artistes chinois qui cherchaient à définir l’art conceptuel selon leurs propres termes dans un contexte de transformation sociale rapide, il a développé une œuvre qui remet en question les tropes historiques de l’art tels que l’abstraction, la figuration et le ready-made. Connu pour sa maîtrise virtuose des sites et des échelles, il reconfigure des fragments de l’environnement urbain, des sources historiques et des formes corporelles pour créer des installations sculpturales qui mettent en exergue la critique des conflits et des contradictions récurrents dans la société auxquels nous devons faire face.
La « Genesis Facade Commission : Liu Wei » au Met sera la première exposition d’envergure de l’artiste chinois aux États-Unis, après des expositions personnelles dans d’importants musées à Pékin, Shanghai, Séoul et Cleveland au cours de la dernière décennie. Il a participé à de nombreuses expositions collectives, notamment le pavillon chinois inaugural à la 51e Biennale de Venise (2005) ; la Biennale de Shanghai (2004, 2010) ; la Biennale de Lyon (2007, 2015) ; la Biennale de Sharjah (2013) ; « Art and China after 1989 : Theater of the World » au Guggenheim Museum de New York et au San Francisco Museum of Modern Art (2018) ; « The Allure of Matter : Material Art from China » au Los Angeles County Museum of Art (2019) ; et la 58e Biennale de Venise (2019).