L’ouverture d’un lieu comme le nouveau siège de la Fondation Cartier pour l’art contemporain est toujours un moment fort pour une scène artistique, d’autant plus qu’elle intervient, comme cette semaine, au moment où les professionnels et amateurs du monde entier convergent vers Paris pour la Foire Art Basel Paris. Ce lieu fort dans la capitale s’inscrit stratégiquement dans la géographie de l’art, face au Louvre – tragiquement victime d’un vol ce dimanche – et situé entre le plus grand musée du monde et la Bourse de commerce - Pinault Collection. L’immense espace de la fondation, qui se déploie sur quatre niveaux, est largement ouvert sur la ville, comme l’était en son temps le bâtiment de verre du boulevard Raspail, lui aussi signé Jean Nouvel. Les passants peuvent ainsi bénéficier de points de vue sur l’exposition tandis que les œuvres entament des dialogues avec l’extérieur, comme la présentation de pièces de David Hammons face à la façade du Louvre, un choc des cultures. Cette volonté d’inscrire la vie de la cité et son bouillonnement au cœur du musée se retrouvera en avril 2026 à Los Angeles, puisque la nouvelle aile du Lacma conçue par l’architecte Peter Zumthor a intégré ces effets de transparence à la demande du directeur des lieux, Michael Govan.
Place du Palais Royal, une salle est consacrée à l’histoire du bâtiment, depuis l’époque des Grands Magasins du Louvre. Sur une photo de 1910, l’on voit justement écrit sur la façade les mots « Exposition Générale », titre repris pour cet accrochage inaugural. Réunissant le nombre impressionnant de 600 œuvres, ce parcours s’apparente à une « exposition d’expositions » dans le sens où beaucoup de pièces présentées ici évoquent des manifestations organisées boulevard Raspail. On retrouve le compagnonnage de l’ancien directeur général de la Fondation Cartier, Hervé Chandès, avec nombre d’artistes et de penseurs, de Patti Smith à David Lynch, de Raymond Depardon à Paul Virilio. Rien d’étonnant, puisque l’entité a souvent acquis des œuvres présentées dans ses expositions, de Matthew Barney à Panamarenko. L’ensemble témoigne aussi d’un tropisme pour les « ailleurs », de l’Afrique à l’Amérique du Sud. Certaines figures majeures sont présentes, comme Simon Hantaï ou Joan Mitchell, cette dernière dans un dialogue audacieux – et réussi – avec Damien Hirst. Juste au-dessus, Annette Message et Christian Boltanski se tournent le dos. Enfin, des artistes aussi essentiels que rares, comme James Coleman, trouvent aussi leur place dans ce premier opus.
Au centre de Paris, la Fondation Cartier imprime son identité, un chemin singulier construit au fil des années qui ne demande qu’à continuer à s’écrire dans ce nouvel écrin avec son directeur général Chris Dercon.
Exposition générale, du 25 octobre 2025 au 23 août 2026, Fondation Cartier pour l’art contemporain, 2 place du Palais-Royal, 75001 Paris

