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À Art Basel Paris, Gagosian présentera un tableau de Pierre Paul Rubens aux côtés d'œuvres d'art moderne et contemporain

La galerie exposera sur son stand au Grand Palais « La Vierge à l’Enfant avec Sainte Élisabeth et Saint Jean Baptiste » (vers 1611-1614) de l’artiste flamand, en dialogue avec des peintures et sculptures de John Currin, Alberto Giacometti, Pablo Picasso ou Auguste Rodin.

Stéphane Renault
20 octobre 2025
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Pierre Paul Rubens, La Vierge à l’Enfant avec Sainte Élisabeth et Saint Jean Baptiste (vers 1611-1614). Photo : Fredrik Nilsen. Courtesy d'une collection privée, États-Unis

Pierre Paul Rubens, La Vierge à l’Enfant avec Sainte Élisabeth et Saint Jean Baptiste (vers 1611-1614). Photo : Fredrik Nilsen. Courtesy d'une collection privée, États-Unis

Un maître ancien sous les verrières du Grand Palais ? Gagosian a annoncé qu’un chef-d’œuvre de la peinture flamande du XVIIe siècle, récemment redécouvert, sera présenté sur son stand d’Art Basel Paris. Le tableau de Pierre Paul Rubens, La Vierge à l’Enfant avec Sainte Élisabeth et Saint Jean Baptiste (vers 1611-1614) a fait l'objet d'une autorisation spéciale de la foire en raison de sa qualité exceptionnelle et de sa résonance particulière avec le programme de la galerie, qui l’exposera aux côtés d'œuvres d'art moderne et contemporain.

Cette représentation de la sainte Famille est comparable à une autre œuvre sur le même thème, conservée dans la collection du musée Thyssen-Bornemisza à Madrid. Son sujet est tiré d'un texte apocryphe, l'homélie franciscaine Meditationes vitae Christi, mais l'artiste flamand pourrait s'être inspiré de chefs-d'œuvre italiens tels que l'interprétation du même sujet par Léonard de Vinci et La Perla (1518-1520), peinture religieuse de Raphaël également conservée au musée du Prado, à Madrid. Il s'agissait probablement d'une commande à des fins de dévotion privée, peinte dix ans avant son célèbre ensemble pour de la reine de France, les immenses tableaux qui forment le Cycle de Marie de Médicis (1622-1625), exposé au musée du Louvre à Paris.

Faisant exception à la restriction habituelle de la foire concernant les œuvres antérieures au XXe siècle dans le secteur principal, la présentation de Gagosian confronte le tableau de Pierre Paul Rubens à des œuvres d'autres artistes qui ont façonné le cours de l'art d'après-guerre et contemporain. La figure y occupe une place centrale, telle un fil conducteur.

Parmi les œuvres que dévoilera Gagosian sur son stand figurent en effet la toile de John Currin Supermoon (2025), une interprétation provocante des Trois Grâces ; Le Baiser (vers 1905-1910) d’Auguste Rodin, une version en bronze de la sculpture en marbre érotique du sculpteur représentant un couple nu enlacé ; et Nu accoudé (1961) de Pablo Picasso. La galerie proposera également des peintures de Georg Baselitz, Ellen Gallagher, Cy Twombly...

Cette sélection marque le trentième anniversaire de l'exposition de peintures et de croquis de Rubens organisée par Gagosian à New York en 1995. Le tableau du peintre d'Anvers, issu d'une collection privée américaine, dont le nom est tenu secret, sera proposé à la vente.

« Larry Gagosian a porté son attention sur l’œuvre de Rubens il y a déjà trente ans, ce qui était alors une démarche originale venant d’un galeriste new-yorkais spécialisé dans l’art moderne et contemporain, explique Serena Cattaneo Adorno, directrice des galeries Gagosian de Paris et du Bourget. La galerie a, par le passé, proposé ce type de confrontation entre différentes générations d’artistes, ainsi que des expositions consacrées à Monet ou Picasso à New York. Les collectionneurs qui viennent à Art Basel Paris apprécient d’être dans une ville où la culture est mise en avant plus que partout ailleurs dans le monde. Ils peuvent aller au musée du Louvre, qui conserve le plus grand nombre d’œuvres de Rubens en dehors de la Belgique. Nous avons réfléchi aux œuvres postérieures qui pourraient dialoguer avec ce tableau, lui faire écho, et remettre en contexte quelques grands principes de l’histoire de l’art. Lorsque de telles présentations sont faites, il doit y avoir un vrai propos. Il ne s’agit pas juste de mélanger l’ancien avec le moderne ou le contemporain pour des raisons purement spéculatives. Nous sommes porteurs d’un message culturel. La galerie a ainsi présenté par le passé un tableau de Rembrandt. Art Basel Paris peut se permettre ce type de présentation car les collectionneurs qui viennent à Paris sont très avisés. L’autorisation d'inclure dans notre accrochage ce tableau du XVIIe siècle est liée au fait que nous essayons d’apporter une vraie réflexion. »

Ce précédent fera-t-il école, ouvrant la porte aux maîtres anciens dans le saint des saints des Modernes et Contemporains ? Art Basel marchera-t-elle sur les plates-bandes de la TEFAF ? De nombreux collectionneurs mélangent déjà, de longue date, art ancien, moderne et contemporain. Quant aux artistes, ils ont toujours regardé les maîtres qui les ont précédés. Jeff Koons en tête, qui vient de revenir chez Gagosian…

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