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La collection Jean Planque va quitter le Musée Granet pour la Suisse

L’une des plus remarquables collections privées d’art moderne en Europe, comprenant plus de 300 œuvres, présentée depuis quinze ans à Aix-en-Provence, sera transférée au Musée Jenisch Vevey dès l’automne 2026.

Stéphane Renault
19 septembre 2025
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La collection Jean Planque exposée dans la chapelle des Pénitents blancs au Musée Granet, à Aix-en-Provence. Musée Granet / Photo : J.-C. Carbonne, Ville d'Aix-en-Provence

La collection Jean Planque exposée dans la chapelle des Pénitents blancs au Musée Granet, à Aix-en-Provence. Musée Granet / Photo : J.-C. Carbonne, Ville d'Aix-en-Provence

C’est un fonds exceptionnel qui quitte l’Hexagone pour revenir en Suisse romande. La collection Jean Planque sera désormais déposée au Musée Jenisch Vevey, que les autorités communales et cantonales souhaitent voir devenir un pôle majeur de la scène artistique suisse. Ce dépôt est le fruit d’un accord entre la Fondation Jean et Suzanne Planque et la Ville de Vevey, avec le soutien de l’État de Vaud.

Composée de plus de 300 œuvres de maîtres tels que Jean Renoir, Claude Monet, Vincent van Gogh, Paul Gauguin, Paul Cézanne, Pablo Picasso, Georges Braque, Fernand Léger, Paul Klee, Nicolas de Staël, Antoni Tàpies ou Jean Dubuffet, la collection témoigne de l’œil exceptionnel de Jean Planque, peintre et collectionneur originaire de Ferreyres, commune suisse du canton de Vaud.

Conseiller de la galerie Beyeler de Bâle, Jean Planque a rassemblé cet ensemble à l’occasion de ses rencontres avec de nombreux artistes du XXe siècle. Né en 1910, il a grandi à La Sarraz, puis à Vermont. Après des études de commerce à Lausanne, il est engagé à Bâle par une compagnie d’assurances en 1929, se passionne pour l’art et fréquente assidûment les musées tout en se mettant à peindre. À partir de 1948, Jean Planque s’installe à Puyloubier, en Provence, au pied de la montagne Sainte-Victoire. Entre 1948 et 1951, il y séjourne chaque année pendant six mois pour se consacrer à la peinture, passant le reste du temps en Suisse. Puis, il déménage à Paris et fréquente les cours dispensés à l’Académie de la Grande Chaumière. Parallèlement, il commence à acheter des tableaux de maîtres des XIXe et XXe siècles. En 1952, il fait la connaissance de Suzanne Cizey, modiste, qu’il l’épousera en 1973.

En 1954, Ernst Beyeler, qui lançait son activité de galeriste à Bâle, demande à Jean Planque d’acquérir toutes les toiles intéressantes qu’il peut trouver à Paris. Durant quinze ans, ce dernier sélectionne dans les galeries de la capitale, dans les ateliers d’artistes ou chez les collectionneurs les tableaux qui contribueront au succès croissant de l’enseigne bâloise. Tout au long de son activité de conseiller de la galerie Beyeler, Jean Planque a pu acquérir lui-même un certain nombre d’œuvres qui constituent aujourd’hui sa collection.

En 1972, affaibli par la maladie, il se retire à Morges, où il entreprend la rédaction de ses mémoires et reprend la peinture. Il s’installe à La Sarraz en 1981. Trois ans plus tard, il est honoré du titre de chevalier des Arts et des Lettres. En janvier 1997, il crée la Fondation Jean et Suzanne Planque, qui déclare par ses statuts avoir pour but principal « d’assurer la conservation des œuvres réunies par Jean Planque, réputées inaliénables, et de faire connaître celles-ci par tous les moyens appropriés ». Le 27 août 1998, il décède à la suite d’un accident de la route.

En 2010, la Fondation décide de déposer pour une durée de quinze ans l’ensemble des œuvres, dessins, peintures et sculptures au Musée Granet d’Aix-en-Provence. Pour présenter l’essentiel de la collection, l’établissement s’est agrandi dans la chapelle des Pénitents blancs, joyau architectural du XVIIe siècle, de plus de 700 m2 d’espaces d’exposition supplémentaires. Ce dépôt, qui n’a pas été renouvelé, prendra fin le 1er mars 2026.

Contacté, le directeur du musée aixois, Bruno Ely, assure accueillir ce départ avec philosophie : « Nous avons toujours bien collaboré avec la collection Planque. Il a toujours été dans mon esprit que cette collection, qui était partie au grand dam de la Suisse lors de la signature de la convention de dépôt à Aix-en-Provence pour quinze ans, y retourne. Quinze ans, c’est une longue période. Nous avons accueilli la collection dans un lieu spécifique, la chapelle des Pénitents, édité un catalogue, organisé des expositions régulières. Je ne pense pas que la Fondation Planque ait à se plaindre de notre collaboration. Au Musée Granet, cette collection compensait un certain manque dans nos collections autour du XXe siècle. De ce point de vue, la collection Planque était importante, comme l’est la mise en dépôt de la collection Meyer du Musée d’Orsay. C’est à regret que je vois partir la collection Planque, mais une fois encore, il y a quinze ans, son départ avait été très critiqué en Suisse. Je trouve tout à fait logique qu’elle y retourne. »

Dès lors, quel avenir pour l’espace d’exposition laissé vacant et quels projets pour la suite ? « La chapelle des Pénitents blancs est un poumon supplémentaire pour notre musée, nous allons le conserver, répond Bruno Ely. Trois projets pourraient s’y succéder, pouvant permettre dans les années à venir de présenter des ensembles importants, que ce soit à partir de nos propres collections ou des mises en dépôt, sur des temporalités plus courtes, trois ou cinq ans. Nous ferons des annonces d’ici la fin de l’année. Enfin, nous avons en projet avec la Fondation Planque une dernière exposition consacrée à Kosta Alex, après le décrochage de la collection, dans le cadre de la série "L’œil de Planque". Pour terminer en beauté, Florian Rodari, son président, a souhaité l’intituler "Coup de chapeau", non seulement car cet artiste en a peint beaucoup, mais aussi pour saluer ce beau travail mené en commun pendant quinze ans. »

Pour leur retour en terres vaudoises, les œuvres de la collection seront présentées à l’occasion d’une exposition inaugurale au Musée Jenisch Vevey (6 novembre 2026-18 avril 2027), conçue conjointement par la Fondation Planque et l’équipe du musée. Elle sera accompagnée d’un catalogue et d’un programme d’activités en lien avec la collection.

« Ce dépôt permettra la mise en place d’expositions temporaires inédites et de projets de médiation culturelle ambitieux. Il donnera un accès élargi aux chercheurs ainsi qu’au grand public et engendrera des collaborations avec les institutions muséales vaudoises », précise un communiqué.

« Avec ce partenariat, nous franchissons une nouvelle étape : nous accueillons désormais l’une des plus spectaculaires collections privées de peinture moderne en Europe. Nous sommes prêts à faire dialoguer la collection Planque avec nos propres fonds », a déclaré Nathalie Chaix, directrice du Musée Jenisch Vevey.

« Je ne doute pas un instant que Jean Planque se réjouirait de ce choix du Musée Jenisch dont il me disait lors d’une visite en 1995 aimer les collections, les espaces et la lumière… », a commenté de son côté Florian Rodari, président de la Fondation Jean et Suzanne Planque.

Musées et institutionsMusée Granet d'Aix-en-ProvenceMusée Jenisch VeveyCollection Jean PlanqueSuisseArt moderne
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