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Marché de l'art
Analyse

Un Parcours des mondes en plein questionnement

S’il affiche une belle santé avec une soixantaine de galeries participantes, le Salon des arts extraoccidentaux parisien cherche à élargir son public en ouvrant ses propositions.

Bérénice Geoffroy-Schneiter
8 septembre 2025
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Figure masculine nkishi, République démocratique du Congo, Kasaï oriental, Songye, XIXe-XXe siècle, bois, métal, corne, peaux et dents animales clous et perles de verre. © Courtesy de la galerie Jacques Germain, Montréal. Photo Hughes Dubois

Figure masculine nkishi, République démocratique du Congo, Kasaï oriental, Songye, XIXe-XXe siècle, bois, métal, corne, peaux et dents animales clous et perles de verre. © Courtesy de la galerie Jacques Germain, Montréal. Photo Hughes Dubois

Bien des marchands d’art africain et océanien le confient en aparté, face aux nouvelles exigences européennes en matière d’importation de biens culturels extraeuropéens, l’heure est au questionnement, voire à l’inquiétude. Les collectionneurs ne risquent-ils pas de s’éloigner des allées du Parcours des mondes ou, tout du moins, de freiner leurs achats ? Yves-Bernard Debie, le directeur général du Salon, se veut rassurant, même s’il déplore « que cette réglementation ait été prise sur la base de faux préjugés ». Selon cet avocat spécialisé en marché de l’art, bien connu pour ses prises de position contre les restitutions, le danger est grand de « geler des circulations licites, dissuader les expositions, fragiliser les marchands les plus vertueux et paradoxalement, devant l’obligation de présenter des “preuves impossibles”, d’encourager les circuits opaques ».

Depuis juin 2025, un règlement européen sur l’importation de biens culturels astreint en effet les marchands à fournir la provenance précise des pièces non européennes, chose pas toujours aisée. Ainsi, les organisateurs du Parcours des mondes ne cachent pas devoir redoubler de vigilance quant à l’origine et à la traçabilité des pièces offertes à la délectation du public. Il est des régions du monde plus attachées que d’autres à la dimension identitaire, patrimoniale et cultuelle de leurs œuvres d’art...

S’il est un fil rouge propre à la 24e édition du Parcours des mondes, c’est bien le décloisonnement entre les aires culturelles, les artistes et les époques.

Des expositions pointues

Certains participants relèvent cependant le défi en présentant pour cette 24e édition des expositions thématiques ayant nécessité plusieurs années de passion et de recherche. C’est le cas du marchand et collectionneur canadien Jacques Germain, lequel réunit dans les espaces de la galerie Gradiva une sélection « subjective certes mais assumée » de pièces classiques issues des grands centres stylistiques d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. « Qu’est-ce qui fait la beauté d’un objet ? » s’interroge ainsi ce fidèle du Parcours des mondes qui voit en cette exposition non destinée à la vente « un geste de reconnaissance » face à ses amis galeristes et collectionneurs. Ce sont aussi et surtout un bel exercice du regard et une réflexion sur « la fabrique du goût occidental » en matière d’art africain. Parmi les pièces les plus emblématiques de l’exposition, le public peut admirer ces icônes prisées par les collectionneurs dès le premier tiers du XXe siècle que sont les figures de reliquaires kota en métal martelé originaires du Gabon et dont la silhouette stylisée fascina tant Pablo Picasso et ses amis cubistes. « Ils me semblent un prodige de déconstruction et d’épure. J’en ai vu tant passer entre mes mains, et pourtant ils continuent de m’émerveiller », confie Jacques Germain.

Connu pour son goût pour les chemins de traverse et son œil aiguisé, Bernard Dulon s’est associé, quant à lui, avec le grand collectionneur Max Itzikovitz pour célébrer « la poésie de l’inachevé » en faisant dialoguer entre elles des pièces fragmentaires ou marquées par les stigmates du temps. On admirera tout particulièrement une effigie d’ancêtre du peuple suku du Nord (République démocratique du Congo), dont l’épiderme épaufré et l’absence d’un bras n’altèrent en rien l’altière beauté. C’est un lien stimulant que tisse la galerie milanaise Dalton Somaré entre des statues africaines du plus pur classicisme et les œuvres avant-gardistes de Dadamaino, une artiste proche de Lucio Fontana, décédée en 2004.

Thiémoko Claude Diarra, Le Cœur, 2025, pigments de terre sur papier.

© Courtesy de l’artiste et de la galerie Christophe Person, Paris

La percée audacieuse de l'art contemporain

Car s’il est un fil rouge propre à cette 24e édition du Parcours des mondes, c’est bien le décloisonnement entre les aires culturelles, les artistes et les époques. Soucieux de séduire une nouvelle génération de collectionneurs – qui n’hésitent pas à courir d’une foire d’art contemporain à un salon d’arts extraoccidentaux comme le Parcours des mondes ! –, les marchands chamboulent les catégories et télescopent les ambiances. Le couple de galeristes Abla & Alain Lecomte fait côtoyer des pièces fortes d’Afrique et d’Océanie avec les vanités contemporaines en forme de crâne du néo-calédonien Jim Skull. De son côté, Julien Flak a donné carte blanche à Crosby Studios, le laboratoire de design de Harry Nuriev, pour concevoir une scénographie futuriste dont les parois miroitantes et les socles métalliques font vibrer une sélection de masques et de sculptures du Grand Nord, d’Afrique et d’Océanie.

Épousant les fluctuations du marché et l’évolution du goût, l’art contemporain africain poursuit parallèlement sa percée au sein du Parcours des mondes. Ainsi, rejoignant pour la première fois le Salon, MAGNIN-A propose un face-à-face inédit entre les toiles du peintre originaire du Mozambique Estevão Mucavele et les sculptures totémiques de la Sénégalaise Seyni Awa Camara. Pour sa deuxième participation au Parcours, Christophe Person invite le public à explorer les « surréalités africaines » à travers les œuvres de Mouss Black, Raymond Tsham et Thiémoko Claude Diarra. Enfin, l’enseigne belge Claes Contemporary and Modern présente les créations du peintre congolais Vitshois Mwilambwe Bondo en résonance avec des pièces d’art classique africain.

Mais que le collectionneur et l’amateur d’arts « premiers » se rassurent, les allées du Parcours des mondes abondent également en œuvres canoniques, admirées pour leur simple beauté. Des masques kwele du Gabon exposés chez Montagut aux pièces des peuples inuits et samis rassemblées par la galerie Vallois, en passant par le « néocabinet de curiosités » – intitulé « Gifts of Nature » – orchestré par l’enseigne bruxelloise Patrick & Ondine Mestdagh, il y en a pour tous les goûts !

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Parcours des mondes, du 9 au 14 septembre 2025, divers lieux à Saint-Germain- des-Prés, 75006 Paris, parcours-des-mondes.com

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