Les amateurs d’art himalayen aiment franchir régulièrement le seuil de la galerie Indian Heritage, située à quelques battements d’ailes de la Monnaie de Paris, au numéro 21 de la rue Guénégaud. Ils savent en effet qu’ils pourront parler pendant des heures avec Frédéric Rond, un ancien ingénieur en physique atomique, lequel, au cours de ses fréquents séjours en Inde, s’est pris de passion pour les pièces primitives et classiques de cette partie du monde.
Des objets d'exceptions
Alors qu’il vient d’échanger avec Julien Flak son poste de trésorier contre celui de président de Paris Tribal, ce galeriste « sur le tard » s’enthousiasme à l’idée que de nouveaux marchands, régionaux comme étrangers, ont décidé de rejoindre cette 12e édition du Salon. C’est le cas de l’antiquaire et taxidermiste italien Giano del Bufalo, dont l’enseigne installée à Rome a des allures de cabinet de curiosités. Datant du XIXe siècle, le bouclier dayak de Bornéo qu’il expose devrait séduire les collectionneurs d’art océanien par son pedigree et son exceptionnel état de conservation. Habituée du Parcours des mondes, la galerie finlandaise Tischenko a également choisi de participer à Paris Tribal, où elle présente une sélection d’œuvres sibériennes, dont une figure d’esprit chamanique avoisinant les 30 centimètres, d’une belle expressivité.
« Pour cette 12e édition du Salon, nous constatons que les marchands sont particulièrement attentifs à la qualité des pièces. Ils ne gardent pas de côté leurs plus beaux objets pour le Parcours des mondes », se réjouit Frédéric Rond. En témoigne un splendide masque japonais de théâtre nô, l’une des spécialités de l’enseigne parisienne Mingei située au numéro 5 de la rue Visconti. Avec ses prunelles fixes et sa bouche béante découvrant une langue rouge vif, il représente vraisemblablement Kotobide, l’esprit du renard ou autre démon terrestre. À contempler les pièces d’exception dévoilées par les galeristes Adrian Schlag (Uccle, Belgique), David Serra (Barcelone) ou Lucas Ratton (Paris), il semble évident que l’art africain constitue, comme chaque année, l’un des temps forts du Salon.
Quant aux amateurs de télescopages audacieux entre art tribal et art contemporain, ils sont invités à porter leurs pas au Crous, rue des Beaux-Arts, pour y admirer l’exposition orchestrée par la Galerie Flak et 193 Gallery. Intitulée « Roots », elle propose un dialogue stimulant entre des artistes extraeuropéens d’Afrique, des Caraïbes et d’Amérique centrale, avec des sculptures et des masques d’Afrique, d’Océanie et d’Amérique du Nord. Enfin, le visiteur peut prolonger le plaisir de la découverte par la lecture des ouvrages savants sur l’art tribal rassemblés par Jean-Michel Rostoker, au premier étage du Crous.
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Paris Tribal, 13-18 mai 2025, divers lieux, 75006 Paris, paristribal.com