À partir de 2025, le Comité professionnel des galeries d’art (CPGA) « a décidé de se doter d’un baromètre annuel, un outil structurant et désormais pérenne destiné à mieux documenter la réalité du secteur des galeries d’art en France ». Rédigé par la galeriste Magda Danysz, le rapport embrasse l’activité du secteur en 2024. Il se penche également sur les « remontées de terrain » du premier semestre 2025. Et les perspectives sont pour le moins préoccupantes. « Au-delà des indicateurs habituels, un signal d’alarme se fait entendre aujourd’hui dans le secteur. Ces deux dernières années, une menace plane sur la structure même de l’écosystème galeries/artistes en France, non seulement sur le plan économique mais aussi sur le plan culturel et stratégique à long terme », souligne Magda Danysz dans le rapport.
Tout en rappelant le rôle fondamental des 309 membres du CPGA pour « accompagner la création, soutenir les artistes vivants, bâtir des carrières, et rendre visible l’art d’aujourd’hui », le baromètre note les difficultés qu’elles traversent, « dans un environnement économique de plus en plus contraint », entre chiffre d’affaires en recul, coûts croissants, faible rentabilité moyenne, pressions logistiques et commerciales. « Une concentration de signaux convergent : redressements judiciaires, baisses de chiffre d’affaires, fermetures, retraits de foires internationales ». Et d’ajouter : « sans réaction collective, c’est toute une génération de galeries, et avec elle une part essentielle de la scène française, qui risque de vaciller ». Si certains s’en sortent mieux que d’autres, « le secteur fait face à une équation difficile entre exigences artistiques et viabilité financière », observe le rapport. S’il n’est toutefois pas nouveau, ce dernier constat survient dans une période plus tendue pour le marché, qui accentue la situation.
Et d’enfoncer le clou : « Ce constat vient en net contraste avec le récit dominant d’un "Paris booming", renforcé par l’arrivée d’Art Basel et certains acteurs clés internationaux à Paris. Si certaines galeries bénéficient d’une dynamique positive ponctuelle liée à ce rayonnement, il ne s’agit pas d’un mouvement de fond structurant ». En effet, le marché « reste polarisé autour de quelques grandes structures tandis que la majorité des galeries, en particulier celles de taille moyenne ou émergentes, subissent une érosion lente mais continue de leur modèle économique », s’inquiète Magda Danysz et, avec elle, le CPGA.
Selon l’auteure, des solutions structurelles existent pour permettre la longévité de l’écosystème français. Avec notamment un fonds de soutien à l’émergence, un meilleur accompagnement à l’export, un soutien au second marché, des mesures fiscales simplifiées et incitatives, et un réinvestissement symbolique et concret dans la diversité des galeries. « Sans cela, la France court le risque de devenir un simple territoire d’exposition et un acteur secondaire au niveau international, sans force motrice, ni capacité de projection culturelle propre », alerte le CPGA.
