TROIS GÉNÉRATIONS DE PROUVÉ CHEZ ARTCURIAL
En 2022, le Musée français de la carte à jouer, à Issy-les-Moulineaux, présentait l’exposition « Victor Prouvé, le maître de l’Art nouveau à Issy », qui (re)mettait en lumière cette figure majeure ayant participé à l’essor des arts décoratifs au tournant du XXe siècle. Du chef de file de l’École de Nancy, à la pratique protéiforme, est proposé un délicat visage exécuté en bronze attendu entre 1 000 et 1 200 euros. L’artiste est aujourd’hui moins connu que son fils Jean Prouvé (1901-1984), pionnier du design industriel d’après-guerre, notamment mis à l’honneur avec un Bahut tout aluminium créé vers 1951-1952 (est. 60 000-80 000 euros), ainsi qu’avec une Chaise tout en bois de 1941 (est.3 000-5 000 euros). Ces pièces font partie d’un ensemble de plus de 60lots issus de la succession de Simone Prouvé (1931-2024), la fille du célèbre designer. Celle-ci a mené une carrière plus discrète, s’étant distinguée par l’art du tissage en intégrant des matériaux innovants tels l’inox, le Kevlar ou la fibre optique, comme en témoignent certaines de ses créations mises à l’encan (autour de 1 200 euros).
« Art déco/Design. Succession Simone Prouvé », 27 mai 2025, Artcurial, 7, rond-point des Champs-Élysées, 75008 Paris.
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André Breton, Nadja, Paris, Gallimard, 1928, est. 120000-180000 euros. © Christie’s. Photo Jean-Philippe Humbert
UN BIBLIOPHILE ESTHÈTE CHEZ CHRISTIE’S
Les amateurs de belles feuilles et d’anciennes reliures vont assurément s’intéresser à cet ensemble collecté tout au long de sa vie par l’industriel lyonnais Pierre Brossette. Estimé entre 4,3et6,3 millions d’euros, ce cabinet de livres se compose de 150 ouvrages dont certains des exemplaires les plus convoités de la littérature française du XVIIIe au XXe siècle. Aux côtés de manuscrits issus de la bibliothèque de Marie-Louise d’Autriche, notamment La Chartreuse de Parme de Stendhal enrichi d’une reliure à ses armes, on retrouve le plus bel exemplaire connu de l’Émile ou de l’éducation de Jean-Jacques Rousseau (les deux ouvrages sont estimés entre 80 000 et 120 000 euros), ainsi que des livres d’artistes. Parmi eux, L’Air de l’eau d’André Breton, agrémenté de six dessins originaux d’Alberto Giacometti et ayant appartenu à Paul Éluard (est. 200 000-300 000 euros), ainsi qu’un rare exemplaire sur papier impérial d’Auvergne des Fables de Jean de La Fontaine illustré par Jean-Baptiste Oudry (est.150 000-200 000 euros). Citons enfin Paul Bonet, relieur fidèle des surréalistes, avec une reliure photographique de 1928 de Nadja comprenant un envoi-poème d’André Breton à René Char (est. 120 000-180 000 euros).
« Cabinet des livres de Pierre Brossette », 22 mai 2025, Christie’s, 9, avenue Matignon, 75008 Paris.
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François-Xavier Lalanne, Bar aux Autruches, 1967-1968, maillechort et biscuit de Sèvres, est. 3-5 millions d’euros. © Sotheby’s
UN SIÈCLE DE DESIGN CHEZ SOTHEBY’S
À l’occasion du centenaire de l’Exposition internationale des arts décoratifs de 1925, Sotheby’s présente en 200 lots des chefs-d’œuvre de l’Art nouveau et de l’Art déco issus d’une collection particulière. Outre un guéridon de Paul Iribe de 1913 jamais vu sur le marché, figurent des œuvres de Rembrandt Bugatti, dont le modèle Grande Girafe tête basse créé vers 1909-1910 (est. 300 000-400 000 euros), un ensemble de Jean Puiforcat datant des années 1930, ainsi qu’un tapis conçu par Pablo Picasso et Myrbor vers 1928-1929 (est. 70 000-100 000 euros). La vente comprend également une vingtaine de pièces de Claude et François-Xavier Lalanne provenant de leur collection, dont le mythique Bar aux autruches des années 1960 en maillechort et biscuit de Sèvres (est. 3-5 millions d’euros), le Grand Canard de 2008 (est. 700 000 euros-1 million d’euros) ou le Dimetrodon II de 1998 (est. 500 000-700 000 euros). En clôture, des pièces de design d’après-guerre et contemporain, comme une salle à manger de 2007 de Maria Pergay (est. 150 000-200 000 euros) ou un lampadaire de 1955 par Jean Royère (est. 80 000-120 000 euros).
« Important Design », 20 mai 2025, Sotheby’s, 83, rue du Faubourg-Saint Honoré, 75008 Paris.
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Mitchel Maer pour Christian Dior, Broche-médaillon musicale, années 1950, métal doré ciselé, perles fantaisie et émail. © Tajan
JOAILLERIE HAUTE COUTURE CHEZ TAJAN
Au printemps 2024, à Granville (Manche), le musée Christian Dior, niché dans la célèbre villa Les Rhumbs (la maison d’enfance du couturier qui doit son nom au terme de marine désignant les trente-deux divisions de la rose des vents), accueillait l’exposition « Christian Dior, couturier visionnaire ». Le public pouvait y découvrir des pièces de haute joaillerie de la maison prêtées par Jean-Pierre Cornille. Ce Granvillais, amoureux de l’œuvre de Christian Dior, a réuni pendant plus de vingt ans de nombreuses créations de la marque de haute couture. Le collectionneur s’intéressait tout particulièrement aux bijoux réalisés par le créateur du fameux New Look. 300 pièces estimées chacune de quelques centaines à quelques milliers d’euros, cet ensemble passe aujourd’hui sous le marteau de Tajan. Il couvre les années fastueuses des bijoux couture de Dior, des années 1950-1960 aux années 2000 (créations signées de John Galliano), sans oublier des parures montées par les Américains Mitchel Maer ou Sam Kramer, ou l’Allemand Henkel & Grosse, fournisseur de Christian Dior. La pièce phare du catalogue est assurément la broche musicale éditée par Mitchel Maer au début des années 1950, en métal doré ciselé, rehaussé de petites perles de fantaisie, et à décor floral émaillé. Sa forme et son décor de putti évoquent l’iconographie de la Renaissance, mais sa fonction est résolument moderne, car la broche-médaillon recèle un mécanisme de boîte à musique jouant un air romantique. Un bijou similaire est conservé au Victoria & Albert Museum, à Londres.
« Collection Jean-Pierre Cornille autour de l’œuvre du couturier Christian Dior », 21 mai 2025, Tajan, 37, rue des Mathurins, 75008 paris.