Elle a beau se faire assez discrète dans la ville – il n’y a presque aucune publicité dans les rues de Strasbourg –, ST-ART continue à s’affirmer comme un rendez-vous pour les amateurs d’art contemporain. La plus ancienne foire en régions encore en activité revient jusqu’au 1er décembre pour une 28e édition au Parc des expositions de Strasbourg, réunissant 61 galeries.
Ce sont 25 d’entre elles qui y participent pour la première fois, comme la Neue Kunst Gallery (Karlsruhe) ou la galerie Robert Dantec (Nantes). Cette édition se veut avant tout celle du renouvellement. Il s’agit d’une étape positive selon le galeriste Bertrand Gillig, de Strasbourg. Absent de la foire depuis quelques années, il explique revenir pour participer à ce « nouveau dynamisme ». ST-ART inaugure également, en partenariat avec la Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg (SAAMS), le Prix de la jeune création européenne. Cette première édition récompense Karine N’guyen Van Tham et sa galerie belge, l’Espace Constantin Chariot (Bruxelles). Elle reçoit ainsi 2 000 euros et un trophée réalisé par le verrier Meisenthal. Son travail sera exposé sur la foire en 2025.
Si elle se renouvelle, ST-ART n’en oublie cependant pas ses racines alsaciennes. « Nous sommes très fiers de cet ancrage territorial, déclare Souhire Ehresmann, la nouvelle directrice de la foire depuis l’an dernier. Il faut souligner tout ce qui se passe dans la région ». Ainsi, 12 galeries alsaciennes sont présentes, comme Ritsch-Fisch, Yannick Kraemer, Aedaen, WITHoutART ou Decorde.
En écho à ses premières éditions et en hommage à la région Grand Est où cette production est très ancrée, la foire met l’art verrier à l’honneur. « Il fait partie de notre ADN », rappelle Souhire Ehresmann. Sont ainsi à découvrir les œuvres de jeunes diplômés du CERFAV (Centre européen de recherches et de formation aux arts verriers), ou une cathédrale de verre à la galerie mhaata (Paris). Le stand du collectif Étoiles terrestres propose quant à lui une étonnante visite en réalité virtuelle des institutions verrières de la région.
La foire reste par ailleurs tournée vers ses voisins européens. La Belgique est mise à l’honneur, représentée par 7 galeries dont l’inconditionnel Guy Pieters qui présente un gros fauteuil ludique pour une conversation à deux par Niki de Saint Phalle, ou les nouveaux arrivants Gate Gallery (Knokke), l’Espace Constantin Chariot ou KlotzShows (Bruxelles). On retrouve également les Pays-Bas, avec The Route ; la Grèce avec Ametron [art space] ; l’Espagne, avec Pigment Gallery ; et même la Colombie, avec Adrian Ibanez Galeria.
Les prix restent quant à eux abordables dans l’ensemble : ils commencent autour de quelques centaines d’euros, pour atteindre la centaine de milliers d’euros, et le prix moyen tourne autour des 5 000 euros. La sélection des œuvres reste éclectique, du très récent au plus ancien, du monumental au minuscule, du coloré au monochrome. On y retrouve autant de très grands noms, comme Warhol et Ben chez ABCD de Mougins, que des artistes plus récents, comme Zuae, née en 1993, chez Quand les fleurs nous sauvent. La galerie Ritsch-Fisch, qui joue à domicile, investit les coursives de la foire avec trois sculptures monumentales d’Étienne Champion. La sélection est pauvre en photographie, elle qui fut pourtant à l’honneur en 2022 – trois galeries seulement en présentent.
La foire avait attiré l’an dernier près de 13 600 visiteurs. L’objectif n’est pourtant pas d’augmenter la fréquentation. Ce qui compte, nous confie Souhire Ehresmann, « c’est d’attirer un visiteur intéressé, d’apporter aux galeries le public qu’elles attendent, tout en gardant une foire à taille humaine. »
« ST-ART 2023 », du 29 novembre au 1er décembre 2024, Parc des Expositions, avenue Herrenschmidt, 67000 Strasbourg, st-art.com