« Le peu que je sais, je le tiens de l’observation de la nature sauvage précisément, jamais dénuée de sens, toujours elle harmonise », écrit Jean-François Spricigo. Ses images font écho à cette philosophie, comme autant de récits de ses cheminements le long des littoraux ultramarins sur l’île de la Réunion, à Mayotte et en Guyane. « Ne laissez rien s’immiscer entre la lumière et vous. Respectez les hommes, mais seulement comme des frères », rappelle, en exergue, un extrait d’un texte de Henry David Thoreau. Ce paradis originel, l’artiste, né en 1979 à Tournai, en Belgique, le saisit dans une soixantaine de photographies en noir et blanc et en couleurs d’une vibrante sensibilité, aux tonalités délicates, au grain soyeux de fusain – portraits, petit singe, oiseau, arbre sur la plage, piton couvert d’une végétation tropicale dans la brume, ciel d’orage sur un océan à la Gustave Le Gray.
La qualité de l’impression et les partis pris de mise en page rendent justice à son regard humaniste et émerveillé devant l’immensité du vivant. Jean-François Spricigo a réalisé les photographies de ce livre lors de trois longs voyages en outre-mer, avec l’appui du Conservatoire national du littoral et dans le cadre du programme artistique Mondes nouveaux, à l’initiative du ministère de la Culture, dont il est l’un des lauréats. Le livre, qui a reçu le prix Nadar Gens d’images 2023, s’accompagne de plusieurs textes, dont l’un a fait l’objet d’un spectacle mêlant photographies, vidéos et musique, mis en scène et interprété par l’artiste, associé depuis 2014 au Centquatre-Paris.
Jean-François Spricigo, Nous l’horizon resterons seul, textes de Jean-François Spricigo et de Thierry Gillybœuf, Marseille, Le Bec en l’air, 2023, 128 pages, 45 euros.