Impossible de rater, à l’entrée de la foire artmonte-carlo, qui ouvre ce 7 juillet 2023 au Grimaldi Forum, le stand de Hauser & Wirth, consacré aux « Monaco Pictures » de George Condo. Pendant plusieurs semaines, l’artiste américain, proche de la famille princière, s’est installé à l’Ermitage, l’un des hôtels les plus chics de la principauté, pour préparer l’exposition actuellement présentée sur le site de la Villa Paloma du Nouveau Musée National de Monaco. Il n’a pas perdu son temps. Entre deux virées au casino, son passe-temps favori, l’artiste a travaillé d’arrache-pied dans l’atelier qu’il s’est emménagé à l’hôtel. D’où cette nouvelle série de dessins et peintures (de 40 000 à 200 000 euros) inspirée par l’art de vivre sur le Rocher et notamment les arts de la scène. En 1998, l’Américain avait conçu un rideau de scène pour les Ballets de Monte-Carlo, puis deux ans plus tard les costumes du spectacle « Opus 40 ». Le casino, la scène, le luxe… et l’art. Un bon résumé du cocktail monégasque, fêtes et affaires faisant bon ménage jusque tard dans les soirées la veille d’ouverture de la foire, où officiait aux platines le DJ Simon de Pury.

Martial Raysse chez LGDR. Photo : D.R.
À artmonte-carlo, les plus grands noms et les grosses galeries trustent l’allée d’honneur et les tout premiers stands à l’entrée. Cette année, LGDR participe pour la première fois à la foire, avec une œuvre de Sam Francis à 1,5 million de dollars ou un focus sur Martial Raysse (à partir de 190 000 dollars), en écho à son exposition au musée Paul Valéry à Sète cet été. « Monaco est un stop pour beaucoup de gens dans la région, et cette foire permet de toucher à la fois de gros collectionneurs, et des nouvelles générations qui ne sont pas encore dans le circuit des autres foires », précise Laetitia Catoir qui, avant de travailler chez LGDR, a participé à la foire pour Hauser & Wirth. White Cube, mennour, Perrotin, Esther Schipper ou Almine Rech, qui ouvre cet été un bureau à Monaco, font aussi partie de cette 7e édition.

Stand de la galerie Laurent Godin. Photo : A.C.
Mais le tour de force du directeur et fondateur de l’événement, Thomas Hug, est d’avoir non seulement réussi à attirer toujours plus de méga galeries, mais aussi d’avoir diversifié le salon avec des enseignes et des œuvres moins attendues dans un tel contexte. Ainsi, Magnin-A participe pour la première fois, avec des pièces d’Amadou Sanogo ou d’Ana Silva. La galerie Laurent Godin revient. « Cela avait très bien marché en 2022, nous avions même eu le prix Journe, explique Lara Blanchy. Ici, nous retrouvons notamment des collectionneurs de Genève rencontrés à artgenève où nous exposons aussi. Nous connaissons aussi des collectionneurs sur place ». La galerie présente, pour 15 000 euros, une installation d’Elsa Werth, lauréate 2023 du Prix Fondation Pernod Ricard, composée de smileys créés à partir d’objets du quotidien. Sur le même stand, il faudra un collectionneur ou une fondation pointue pour acheter une étagère de Haim Steinbach, travail très conceptuel proposé autour de 400 000 euros.

Focus sur Hassan Hajjaj chez 193 Gallery. Photo : D.R.
Plus loin, prévoyez 180 000 euros pour le sac à main sur pattes, sculpture unique d’Erwin Wurm qui fait écho avec drôlerie avec l’esprit consumériste régnant sur la principauté, chez Poggiali. Alors que souvent les confins des foires sont synonymes de qualité en baisse, ce n’est pas le cas à artmonte-carlo. « Comme c’est une foire à taille humaine, les visiteurs vont partout », souligne un habitué. Ainsi, la 193 Gallery propose deux focus hauts en couleur, l’un sur l’univers oriental de Hassan Hajjaj (à partir de 13 000 euros) et l’autre sur la palette pop de Ben Arpea, très prisé de la famille princière.

Œuvre de Laure Prouvost accrochée en hauteur sur le stand de la galerie Nathalie Obadia. Photo : A.C.
« La foire a renforcé tout l’écosystème artistique monégasque, lui a donné une autre dimension », observe Laura Restelli Brizard, commissaire de l’exposition « L’art, c’est dans le vent » consacrée aux drapeaux d’artistes – de Joseph Kosuth à Eva Jospin – déployée en plein air dans la ville. Indéniablement, même si les exposants n’ont pas tous apporté de nouvelles œuvres par rapport à leurs précédentes foires de l’année, artmonte-carlo a hissé haut le pavillon de l’art, avec un niveau encore en hausse.
Sur le stand de la galerie Nathalie Obadia, qui montre des pièces d’Agnès Varda, Youssef Nabil ou Fabrice Hyber, c’est Laure Prouvost qui a le dernier mot, avec un pigeon en verre tenant dans son bec une cigarette, et surtout avec une plaque accrochée dans un coin en hauteur où l’on peut juste lire « This sign wished he lived in Monaco » : « Cette inscription rêverait de vivre à Monaco ». Appel aux collectionneurs ayant le sens de l’humour !
artmonte-carlo, jusqu’au 9 juillet, Grimaldi Forum, 10, avenue Princesse Grace, 98000 Monaco.