À l’occasion de l’ouverture de la semaine de Paris Photo, la Fondation Henri Cartier-Bresson a organisé le 11 novembre la 3e édition de son gala, au sein de l’hôtel Intercontinental Paris Le Grand. Fidèle au souhait du photographe de « l’instant décisif » et de Martine Franck, la Fondation HCB s’attache à la préservation de leur œuvre tout en soutenant les nouvelles générations de photographes contemporains. Lors de cette soirée, qui a rassemblé les acteurs du monde de la photographie, trois artistes internationaux ont été récompensés pour leur travail.
Après Sophie Calle, distinguée en 2024, le Prix Henri Cartier-Bresson pour l’ensemble de l’œuvre a été attribué cette année à Susan Meiselas. Son travail a été salué lors d’un discours prononcé par Adam D. Weinberg, directeur émérite du Whitney Museum of American Art, soulignant l’ampleur de son influence sur la scène internationale.
Née en 1948 à Baltimore et basée à New York, Susan Meiselas a rejoint l’agence Magnum Photos en 1976 après son projet Carnival Strippers (1972-1975). Reconnue pour ses reportages en zones de conflit et ses travaux sur les droits humains ou l’identité culturelle, elle utilise la photographie, le texte, le livre, le son et le film pour créer une œuvre plurielle et engagée.
En 2018, la rétrospective « Susan Meidelas. Médiations » au Jeu de Paume – la plus complète qui lui ait jamais été consacrée en France –, a réuni une sélection de ses images depuis les années 1970. Sa série emblématique Nicaragua, qui couvre l’insurrection populaire ayant renversé le régime du dictateur Anastasio Somoza Debayle, fera l’objet d’une exposition à la Fondation Henri Cartier-Bresson à l’automne 2026.
Décerné tous les deux ans, le Prix Henri Cartier-Bresson d’aide à la création (anciennement Prix HCB) offre à un photographe confirmé les moyens de réaliser ou de poursuivre un projet ambitieux. L’artiste américaine Tarrah Krajnak devient la 14e lauréate pour son projet Dislocations (titre provisoire). Mêlant photographie, performance et écriture, elle revisite les sites photographiés par Lewis Baltz en 1974 dans New Industrial Parks near Irvine, CA et y met en scène son propre corps « pour interroger l’héritage politique et social de ces paysages industriels ainsi que les violences contemporaines envers les communautés marginalisées sous l’ère Trump ». Née en Amérique latine et naturalisée américaine, la photographe transforme ces lieux anonymes en espaces de mémoire et de résistance. Ce travail sera exposé à la Fondation Henri Cartier-Bresson en 2027.
Enfin, Nuits Balnéaires, artiste pluridisciplinaire et poète originaire d’Abidjan, devient le deuxième lauréat du programme Latitudes de la Fondation d’entreprise Hermès, en partenariat avec la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris et l’International Center of Photography (ICP) à New York. Chaque année, les trois institutions invitent des photographes d’un pays choisi à soumettre un projet. Le premier pays à être mis à l’honneur pour un cycle de deux ans est la Côte d’Ivoire. La première édition, parrainée par Clément Chéroux, directeur de la Fondation Henri Cartier-Bresson, a récompensé le photographe François-Xavier Gbré. Son exposition « Radio Ballast » est actuellement présentée dans les espaces de la Fondation. Puisant son inspiration dans la tradition, la culture et la spiritualité des peuples Akan Agni-bona et Malinké, le travail de Nuits Balnéaires crée un espace-temps universel où les océans jouent un rôle central. Installé à Grand-Bassam depuis 2019, récipiendaire d’une bourse de journalisme visuel de la World Press Photo Foundation, le photographe présentera le projet produit dans le cadre de ce programme à l’ICP, puis à la Fondation HBC au printemps 2026.
