L’œuvre, qui a été exposée au public pour la dernière fois au H’ART Museum à Amsterdam d’avril à août de cette année, est remarquable. Ce Jeune lion au repos a été dessiné vers 1638-1642 par un Rembrandt au sommet de sa gloire et son apparition sur le marché est un événement à la hauteur de son estimation : de 15 à 20 millions de dollars. Lors de l’annonce de sa vente le 3 novembre à Paris chez Sotheby’s, qui la mettra aux enchères le 4 février 2026 à New York, Thomas S. Kaplan, fondateur de la Leiden Collection et de Panthera, ONG qui œuvre à la protection des grands félins – lions, tigres, léopards, jaguars, et autres – ainsi qu’à la préservation durable de leurs écosystèmes naturels, et copropriétaire du dessin avec Jon Ayers, président du conseil d’administration de Panthera, a exposé ses motivations à se séparer de ce chef-d'œuvre. Il avait auparavant rappelé les circonstances qui l’avaient conduit à acquérir cette feuille auprès des marchands new-yorkais John et Paul Herring. Il s'agissait de son tout premier Rembrandt, avant que sa Leiden Collection ne s’enrichisse au fil des années, pour compter aujourd’hui dix-sept peintures du maître hollandais.
« Je considère que mener une "bonne vie" consiste à vivre selon certains principes éthiques et à consacrer mon temps à quelque chose qui me tient à cœur, que je sois reconnu pour cela ou non », a-t-il déclaré lors d’une longue prise de parole pour justifier sa décision de se séparer de cette œuvre unique, le seul dessin animalier du maître encore en mains privées. « Ce dessin incarne absolument mes grandes passions et est, à tous égards, une œuvre d’une beauté totale, a-t-il poursuivi. Rembrandt lui-même comprenait qu’il ne s’agissait pas simplement d’un dessin. Ce n’est pas seulement une esquisse ; c’est une œuvre d’art. La craie blanche qu’il utilise intervient après qu’il a esquissé la composition : il s’en sert pour rehausser certains éléments et attirer l’attention sur ce qu’il considère comme particulièrement remarquable. »
Aujourd’hui, le collectionneur entend permettre à ce lion de préserver ses congénères, bien vivants ceux-là. « Quand Rembrandt a dessiné ce qui est probablement un lion de Barbarie – le lion d’Afrique du Nord –, ces animaux existaient encore. Aujourd’hui, ils sont éteints. À l’époque, on comptait plus d’un million de lions à travers le monde ; aujourd’hui, ils sont probablement moins de 20 000. Penser que ce dessin, réalisé à la fin des années 1630, puisse devenir en 2026 la plus grande contribution à la conservation des lions est extraordinaire, magnifique et profondément humble », a affirmé avec enthousiasme Thomas S. Kaplan.
L’objectif est donc de permettre d’apporter d’importants moyens financiers à Panthera pour que l’ONG puisse poursuivre ses missions de conservation. « Nous devons être sur le terrain, car les véritables héros de la conservation des félins sont en réalité les rangers et les scientifiques qui, chaque jour, travaillent pour les protéger, a encore déclaré le collectionneur. C’est pourquoi le fonds de dotation que nous espérons créer grâce au produit de la vente du dessin du lion est si important : il permettra d’assurer un financement durable et à long terme de soutenir la protection des populations de félins sauvages ». Thomas S. Kaplan espère que la défense de cette noble cause stimulera les acheteurs. Ce lion, l'un des plus importants dessins de maîtres anciens jamais proposés aux enchères, a en tout cas le potentiel pour battre des records.
