Après le braquage en plein jour des joyaux de la Couronne de France, le 19 octobre dernier, le musée du Louvre essuie le feu des critiques. En cause, la facilité déconcertante avec laquelle les malfaiteurs ont pu s’emparer de leur précieux butin, à la barbe des gardiens. Laurence des Cars, la présidente-directrice du Louvre, après avoir présenté sa démission au président de la République, qui l'a refusée, a été entendue le 22 octobre par la commission de la Culture du Sénat pour s’expliquer sur ce fiasco qui a braqué sur la pyramide du Louvre les caméras de télévisions du monde entier. Un rapport de la Cour des comptes, publié le 6 novembre et réalisé avant ce casse spectaculaire, pointe quant à lui le « rythme très insuffisant » de la rénovation des équipements de sécurité du plus grand musée du monde.
Le Conseil d’administration de l’établissement public du musée s’est réuni le 7 novembre autour de Laurence des Cars, « afin de détailler les mesures d’urgence annoncées par la ministre concernant la sécurité du musée et d’échanger sur celles-ci », a annoncé le Louvre. « Concernant le schéma directeur des équipements de sûreté (SDES), Laurence des Cars a rappelé au Conseil sa décision dès 2022 de renforcer le projet d’architecture de sûreté en généralisant la vidéoprotection sur tout le périmètre du domaine, en modernisant les 5 postes de contrôle (PC), en déplaçant le PC central et en intégrant les thématiques de cybersécurité. Suite à la réorientation de ce projet, la première tranche du schéma directeur de sûreté sera notifiée au mois de décembre 2025. Cette tranche porte sur le renouvellement de l’outil d’exploitation des équipements de sûreté, infrastructure sans laquelle aucune modernisation de fond n’est possible. La tranche relative aux PC sera attribuée dans le courant de l’année 2026. Ce schéma directeur estimé au total à 80 millions d’euros constitue une avancée essentielle dans la dynamique de transformation profonde engagée depuis 2022 par le musée du Louvre, tant pour ses équipements que pour son fonctionnement », précise l’institution dans un communiqué.
Plusieurs mesures d’urgence sont annoncées, parmi lesquelles la création immédiate d’un poste de « coordonnateur sûreté » rattaché à la présidence du musée. Il aura pour mission de « coordonner les actions et mesures de toutes les directions concernées en matière de sûreté, sur le terrain, dans le domaine des équipements techniques ou de l’informatique ». Un comité de pilotage sûreté, présidé par la présidente-directrice, avec l’appui du haut fonctionnaire de défense et de sécurité du ministère de la Culture, s’assurera du déploiement du SDES en veillant au respect de son calendrier, de ses objectifs et de son financement.
S’agissant de la protection du site du Louvre, des équipements de mise à distance sur les espaces publics sensibles aux abords immédiats du musée seront déployés dans les prochaines semaines, en lien avec les services de la préfecture de police et de la Ville de Paris. Le déploiement du schéma directeur de sûreté concernant la « surveillance périmétrique », via l’installation de caméras supplémentaires dans le domaine du Louvre au cours des prochains mois, va être accéléré, de même que la mise en place des dispositifs anti-bélier sur les points d’accès au domaine national du Louvre et des Tuileries. En parallèle, le musée lance différents audits relatifs à la sûreté avec application de mesures correctives, afin notamment d’actualiser la cartographie des risques dans les meilleurs délais.
Enfin, il est prévu de renforcer la coordination avec les services de police – intensification des rondes de surveillance autour du Louvre, échanges avec la préfecture de police pour évaluer le possible renforcement de la présence policière sur le site du Louvre, collaboration humaine et technologique accrue avec la préfecture de police. Des moyens techniques et humains vont également être mis en œuvre : augmentation de 20 % du budget de formation du Louvre en direction des agents du musée pour adapter la formation obligatoire ; amélioration des équipements de transmission à l’usage quotidien des équipes et évolution des procédures et protocoles dans les plus brefs délais ; création d’un Centre Opérationnel de Cybersécurité.
