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Au LAC, « Rien ne va plus » explore la fragilité du monde

Le titre choisi par le collectionneur Jean-Michel Attal donne le ton de cette deuxième exposition de groupe dédiée aux artistes qu’il défend au LAC Loukoums & Art Contemporain, à Paris.

Philippe Régnier
24 octobre 2025
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Vue de l’exposition « Rien ne va plus » au LAC Loukoums & Art Contemporain, à Paris, avec des œuvres de Dieter Appelt et Antoine d’Agata. Courtesy LAC Loukoums & Art Contemporain

Vue de l’exposition « Rien ne va plus » au LAC Loukoums & Art Contemporain, à Paris, avec des œuvres de Dieter Appelt et Antoine d’Agata. Courtesy LAC Loukoums & Art Contemporain

Dès l’entrée de l'exposition au LAC, les deux polyptyques de Dieter Appelt exposés face à face happent le visiteur. À gauche, Liberation of the Fingers montre les doigts de l’artiste recouverts de terre, évoquant sans détour l’enterrement à venir du corps et de la main – premier outil de l’esprit –, et apparaissant comme la métaphore sombre de l’ensevelissement de notre civilisation. À droite, la série Canto II déstabilise nos sens par un cadrage serré offrant de gros plans sur la distorsion de la bouche de l’artiste, emplie de son pouce, qui lui coupe la parole et anéantit le langage.

Succède aux photographies en noir et blanc de Dieter Appelt, Faces of Dead Russian Soldiers d’Antoine d’Agata. Les cent huit visages décharnés de soldats russes, pris en 2022 dans la région de Kharkiv en Ukraine (le seul polyptyque de l’exposition présenté en un seul panneau), offrent une vision sérielle de la mort et montrent les horreurs d’une guerre dont les médias font écho chaque jour.

Après cette section montrant une enveloppe charnelle malmenée et en décomposition, c’est l’absence même de corps qui dérange le visiteur. Totes Haus ur, Venedig de Gregor Schneider se compose de huit photographies qui capturent la reconstitution de la maison de son père, réalisée pour le pavillon allemand de la Biennale de Venise, où il a reçu le Lion d’or en 2001. Le vide prend une dimension vertigineuse dans les pièces hostiles de cette maison dont il a hérité à l’âge de 16 ans et qu’il ne cesse, depuis, de transformer, de reconstruire et de photographier, ne laissant aucun répit au temps. L’obsession documentaire à long terme de Gregor Schneider fait écho à l’œuvre de Dieter Appelt, dans laquelle le passage du temps est tout aussi central.

Face à ce malaise du vide, dans la même salle, les membres et visages inquiétants aux couleurs vives de Miriam Cahn composent 8 Tage (Raum). Ces personnages désincarnés, dont la raideur et la dislocation évoquent le trait naïf des dessins d’enfants, semblent être sans destin, sans temporalité. Puis, l’œuvre Sex, Death and Truth de Sturtevant invite à considérer l’expérience du temps d’un point de vue plus politique, celui de la répétition, la reproduction d’œuvres célèbres étant au cœur du travail de l’artiste. Ici, les images qu’elle a recréées continuent de nous murmurer que « rien ne va plus », mais que ce n’est pas nouveau…

À l’étage du LAC, le polyptyque Empty Spaces de Mac Adams, composé de photographies scénarisées à la lisière de la nature morte, ouvre une brèche plus poétique, quoique troublante, avec des ombres projetées d’objets agencés prenant la forme d’animaux ou d’insectes. Le visiteur, dont la perception est mise à l’épreuve, découvre ensuite History is not Mine de Mounir Fatmi, où les touches d’une machine à écrire ont été défoncées à coups de marteau. C’est en réaction au retrait de l’une de ses œuvres du Printemps de Septembre à Toulouse en 2012 (dont le thème était cette année-là « L’histoire est à moi »), après qu’elle a choqué une partie de la communauté musulmane, que l’artiste marocain a créé ce polyptyque, comme un acte de résistance face aux atteintes à la liberté d’expression. À côté de ce manifeste contre la censure, les grandes photographies composant le polyptyque US 77 de Victor Burgin associent des textes et des images hétéroclites, pour dénoncer la propagande, qu’elle soit politique ou commerciale. Plus loin, les Public Information Posters, seize affiches aux fonds colorés de Liam Gillick, combinent également images et mots. Des slogans tels que – « universal childcare / couverture universelle pour les enfants » ; « shorter hours ! more pay ! / moins d’heures [de travail] ! un meilleur salaire ! » ; « discussion forum / forum de discussion » –, critiquent le monde capitaliste et la réalité politique et économique actuelle. Ce polyptyque interroge la manipulation de la conscience individuelle et collective, explorant la frontière entre le documentaire et la fiction, dans la lignée de l’esthétique relationnelle.

Le parcours se termine avec Microphones, une œuvre de la série A Happy Day de l’artiste cubain Reynier Leyva Novo. Dans ce polyptyque, l’artiste a effacé Fidel Castro des photographies, laissant apparaître une once d’espoir après la disparition du dictateur. D’un côté, figurent les clichés originaux en plus petit format, et de l’autre, les photographies retouchées. Un certain malaise s’installe tandis qu’une question centrale apparaît : pour quoi obéir ?

Avec ce parcours constitué d’œuvres qui lui appartiennent, à l’exception de Liberation of the Fingers de Dieter Appelt, une pièce de la collection de Serge Le Borgne, Jean-Michel Attal signe une exposition grave et engagée qui interroge la perte de repères au sein de notre société.

LAC, 80 A rue Bobillot, 75013 Paris. Visites tous les samedis de 14 h 30 à 18 h 30 et sur rendez-vous (contact.attal.lac@gmail.com)

ExpositionsJean-Michel AttalMiriam CahnSturtevantDieter Appelt Antoine d’AgataGregor SchneiderLiam Gillick Mounir Fatmi
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