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Critique

Une éblouissante saison Paul Cezanne dans la ville natale du peintre

Dans le cadre de « Cezanne 2025 », le musée Granet, à Aix-en-Provence, présente des œuvres produites par l’artiste entre 1860 et 1899, dans la bastide familiale du Jas de Bouffan, désormais ouverte au public, à l’instar de l’atelier des Lauves.

Catherine Francblin
22 septembre 2025
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Vue de l’exposition « Cezanne au Jas de Bouffan », musée Granet, Aix-en- Provence, 2025. © Courtesy de la Ville d’Aix-en-Provence. Photo P. Biolatto

Vue de l’exposition « Cezanne au Jas de Bouffan », musée Granet, Aix-en- Provence, 2025. © Courtesy de la Ville d’Aix-en-Provence. Photo P. Biolatto

L’exposition « Cezanne au Jas de Bouffan » rassemble, au musée Granet, à Aix-en-Provence, quelque 130 tableaux, dessins et aquarelles provenant des musées et collections du monde entier. Elle traite de l’emprise d’un écrin de verdure de cinq hectares sur la création du peintre aixois. C’est là, au Jas de Bouffan, dans ce cocon végétal à la périphérie d’Aix, sa ville natale, que Paul Cezanne établit son premier atelier, là qu’il va mettre en route l’une des révolutions majeures de l’histoire de la peinture.

Un laboratoire d'expérimentation

Il a 20 ans quand son père acquiert, en 1859, la propriété constituée d’une bastide, d’une ferme, de vergers, d’un parc, et qu’il commence à peindre, à même le plâtre des murs du salon principal, au rez-de- chaussée de la maison. Dans une veine tantôt académique, tantôt « couillarde » (la période dite « couillarde », selon l’appellation même de Paul Cezanne, est sa période de jeunesse, soit la décennie 1862-1872), il brosse de grands panneaux décoratifs, dont certains, réalisés à partir de 1860 et déposés sur toile par la suite, figurent dans l’exposition. Mais pour mesurer ce que sont, dès cette époque, l’audace et la liberté de Paul Cezanne, il faut se rendre dans l’ancienne demeure familiale, désormais ouverte au public après une longue restauration financée par la Ville.

Ces travaux, en effet, sont à l’origine de plusieurs découvertes. Ils ont notamment permis de comprendre comment le peintre s’est emparé de la totalité de l’espace du salon (décorant même les portes) et comment, au fil du temps, il l’a transformé en intervenant sur des éléments déjà peints, en ajoutant des figures ou en les superposant. À la faveur des investigations sur les différentes phases de son travail, une peinture jusqu’alors inconnue a ainsi été exhumée : elle se trouvait recouverte par une autre opportunément nommée Le Jeu de cache-cache d’après Lancret (1862-1864).

À la bastide, ce système de surpeints – évoquant certaines installations d’art contemporain – est rendu parfaitement clair grâce à une projection d’images in situ. Visiter le Jas, se promener dans les allées arpentées par le peintre après (ou avant) avoir parcouru les espaces confinés du musée est de surcroît un pur bonheur, car c’est gorger son regard sur les œuvres de l’air et de la lumière auxquels l’artiste lui-même aspirait.

Pendant quarante ans, le lieu est pour Paul Cezanne à la fois un havre de paix et un laboratoire où il expérimente diverses techniques, apprend à décomposer et recomposer la lumière par touches colorées dans l’esprit des impressionnistes, s’emploie à affiner sa vision du paysage. Il n’ habite pas là en permanence, mais y revient régulièrement entre ses séjours à Paris ou à L’Estaque, appréciant son calme pour y travailler, loin des critiques qui ne le comprennent guère. Le thème du Jas de Bouffan apparaît dans plus de soixante-dix toiles, aquarelles et dessins. Chaque fois, il s’offre au peintre avec une fraîcheur nouvelle, chaque fois, il est l’occasion d’une formulation inédite, conforme aux sensations du moment.

Le Jas de Bouffan, Aix-en-Provence.

© Photo Michel Fraisset

De multiples sources d'inspiration

De la seule ferme, l’artiste réalise une vingtaine de vues. On la distingue par exemple dans deux tableaux forts dissemblables des années 1885-1887, l’un prêté par la galerie nationale de Prague, l’autre par le musée des Beaux-Arts du Canada, à Ottawa. Dans le premier, la bastide emplit la surface de la toile, exhibant un toit rouge vif et une végétation d’un vert intense. Dans le second, elle se cache derrière des frondaisons traitées par petites touches parallèles. L’allée des marronniers est une autre source fréquente d’inspiration. Sur Les Marronniers du Jas de Bouffan en hiver (1885-1886), un maillage de troncs et de branches barre la vue de la montagne Sainte-Victoire à l’arrière-plan ; sur la superbe aquarelle Allée de marronniers au Jas de Bouffan, les arbres, à peine esquissés, témoignent du rapport de communion et de sympathie du peintre à la nature.

Mais dans l’atelier du dernier étage, puis dans celui des Lauves situé sur la colline au-dessus de la cathédrale d’Aix-en-Provence – atelier construit en 1901, deux ans après la vente du domaine du Jas, racheté en 1954 par le Cezanne Memorial Commitee et réaménagé à nouveaux frais récemment par la Ville –, naissent aussi des natures mortes et de somptueux portraits et autoportraits qui occupent une place particulière dans l’exposition. Dans sa jeunesse, Paul Cezanne s’est exercé au portrait en représentant ses proches. Ainsi, en 1966, il brosse son père en train de lire L’Événement, journal dans lequel Émile Zola – ami d’enfance de Paul – avait publié un article consacré aux impressionnistes.

Après sa famille et son entourage, le peintre prend pour modèles les travailleurs de la ferme, installant face à face Les Joueurs de cartes (1890-1895) et faisant poser pour l’éternité La Femme à la cafetière (vers 1895) ou L’Homme aux bras croisés (vers 1899). Près de l’atelier des Lauves, il exécute en plein air, en 1906 – l’année de sa mort –, le portrait du Jardinier Vallier, assis entre ombre et soleil. Au Jas de Bouffan encore, peut-être même après s’être réapproprié le grand salon, il entreprend ses recherches sur un thème qui le hante depuis toujours, celui des femmes au bain parmi les arbres, dont le tableau conservé par la Barnes Foundation, à Philadelphie, Les Grandes Baigneuses (1894-1906), constitue le point d’orgue.

Une dizaine de versions antérieures montrant baigneurs (tels les Baigneurs au repos, 1875-1876, musée d’Art et d’Histoire, Genève) et baigneuses (parmi lesquelles les très modernes Baigneuses, vers 1900, Ny Carlsberg Glyptotek, Copenhague) illustrent l’attachement du peintre au sujet. Ces groupes insouciants de corps nus et libres, debout ou étendus dans l’herbe, sans doute en rêvait-il déjà lorsque, jeune homme, il plantait son chevalet dans la clarté provençale et entamait avec ses pinceaux un dialogue à nul autre pareil avec la terre de son enfance.

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« Cezanne 2025 », du 4 février 2025 au 5 janvier 2026, divers lieux, Aix-en- Provence et alentour, cezanne2025.com

« Cezanne au Jas de Bouffan », du 28 juin au 12 octobre 2025, musée Granet, place Saint-Jean-de-Malte ; Le Jas de Bouffan, 4, rue de Valcros ; atelier des Lauves, 13, avenue Paul- Cezanne, 13100 Aix-en-Provence, cezanne2025.com

ExpositionsPaul CezanneCezanne 2025Art impressionnisteAix-en-ProvenceMusée Granet d'Aix-en-Provence
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