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FAB Paris à un tournant

Le Salon d’art et d’antiquités, qui s’installe en septembre au Grand Palais, sans « la Biennale », s’efforce de garder le cap face à des vents contraires. Décryptage.

Alexandre Crochet
1 septembre 2025
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Vue de la FAB PARIS 2024, au Grand Palais à Paris.

© Tanguy de Montesson

Vue de la FAB PARIS 2024, au Grand Palais à Paris.

© Tanguy de Montesson

C’est un détail qui n’a pas échappé à certains. Sur l’affiche et sur le site Internet de FAB Paris, l’entité « La Biennale » qui lui était jusqu’ici accolée a disparu. Le Salon d’art et d’antiquités revient au Grand Palais, du 20 au 24 septembre. Et semble tourner une page de sa jeune histoire : en 2022, Fine Art Paris s’était allié à La Biennale Paris (ex-Biennale des antiquaires) pour lancer un Salon généraliste commun de haut niveau. Le contrat de 5 ans, toujours en cours comme nous l’ont confirmé les deux parties, incluait encore deux éditions. Pourtant, des dissensions sont apparues. Le contrat a donc été amendé et modifié. Une partie des responsables du Syndicat national des antiquaires (SNA) ne partageait pas les décisions prises par « FAB » de raccourcir légèrement le salon (un jour de moins qu’en 2024), de ne pas organiser de dîner de gala cette année, et d’enlever le mot « Biennale » au prétexte qu’il n’avait plus de pertinence depuis l’annualisation de l’événement. Certains ont même été heurtés de voir effacer le nom d’un événement historique lancé dans les années 1960 sous André Malraux justement par le SNA et longtemps auréolé de prestige. D’autres s’inquiètent d’un Salon qui ne comprend qu’un seul week-end, alors que la rentrée sociale et politique s’annonce chahutée, avec des menaces de possibles troubles sociaux… FAB Paris ne coupe pas pour autant les ponts avec le SNA. « Nous continuons à travailler avec lui, mais avec un partenariat désormais plus léger, donc une organisation plus facile », confie en termes diplomatiques le président du Salon, Louis de Bayser. Nombre de membres du SNA participent d’ailleurs à cette édition de FAB.

FAB PARIS 2024.

© Tanguy de Montesson

Jusqu’à présent, le SNA avait conservé une prérogative précieuse : organiser le dîner de gala, dont les bénéfices alimentaient ses caisses. Repris en main par FAB, transformé en déjeuner, qui se tiendra en semaine, le vendredi du vernissage, dans le nouveau restaurant Le grand café aménagé par Joseph Dirand, celui-ci aura-t-il le même impact ? « Ces dîners de prestige m’avaient permis d’attirer des clients internationaux, des États-Unis au Koweït », glisse un marchand français. Sa suspension ne risque-t-elle pas de banaliser le Salon, d’enlever une partie de son « chic parisien » propre à attirer les grosses fortunes mondiales ? De son côté, Louis de Bayser évoque le timing trop serré pour organiser un dîner, alors que FAB devra déjà payer une équipe de 80 personnes en plus pour démonter le Salon en raison des délais très courts. « Mais qui, dans le contexte actuel d’un marché plus tendu, veut vraiment dépenser 5 000 euros pour une table de dix convives si seule la clientèle parisienne vient… Ici, les tarifs du déjeuner sont moitié moins chers », confie un exposant.

FAB Paris doit à l’évidence affronter des vents contraires et la grande prudence des marchands. Elle a dû redoubler d’efforts tout l’été pour attirer de nouvelles recrues et approcher le seuil symbolique des cent participants, une grosse dizaine de moins que ce qui était espéré. « Les organisateurs pensaient que "revenir" au Grand Palais, puis, cette année, passer de novembre à septembre comme l’ancienne Biennale des antiquaires, allait remplir le Salon automatiquement », pointe un spécialiste. Certes, le créneau de septembre qui permet à FAB d’ouvrir la saison d’automne, est infiniment meilleur. Mais les temps sont plus durs. « Partout dans les foires et salons, les exposants se décident tard ou changent parfois d’avis après s’être engagés tôt… », admet Louis de Bayser. La prestigieuse participation – tardive – de Landau Fine Art, poids lourd de Montréal pour les grands noms du XXe siècle, qui bénéficiera d’un immense stand de 180 m2 au fond de la nef, celle de la grande prêtresse de l’Art déco Cheska Vallois (fâchée avec le SNA) pour fêter le centenaire du mouvement, ou celle d’une poignée de grands marchands parisiens aux œuvres réunies sur un seul stand sous la houlette du très réputé commissaire d’exposition Jean-Hubert Martin ne suffisent pas à occulter cette réalité…

La Pagode de C.T. Loo, Paris.

© D.R.

Le prix des stands est-il un autre frein ? Le Grand Palais est cher. « Un stand de 70m2, c’est environ 60 000 euros, et sans faire de folies sur les aménagements. Donc, c’est beaucoup d’argent à amortir dans des conditions de business pas faciles en ce moment », souligne un marchand. Certains ont donc choisi de ne pas participer à FAB, mais à un nouvel événement baptisé « Sur invitation », bien moins onéreux (autour de 10 000 euros). Sur une proposition de la propriétaire de la Pagode de C.T. Loo, dans le 8e arrondissement, cette boutique fair d’une dizaine de participants organisée du 19 au 21 septembre se veut très exclusive car, comme son nom l’indique, elle est réservée aux collectionneurs et musées invités par les marchands. Parmi eux figurent les galeries Jacques Barrère, Christophe Hioco, Flak, Ary Jan… Un dîner est même prévu dans ce lieu intimiste et classé. « Nous espérons interpeller les collectionneurs avec cet événement qui ne se pose absolument pas en concurrent de FAB mais en off », explique Mathias Ary Jan, président du SNA. Et de poursuivre : « aujourd’hui, le SNA est avant tout dédié à la défense des marchands et aux actions du syndicat, la stratégie de FAB relève de son groupe d’actionnaires. Malgré des divergences, le SNA soutient ce Salon dont les organisateurs se battent courageusement. Je tiens à ce que FAB soit un succès. C’est important pour la place de Paris ».

En définitive, FAB a atteint son but : décrocher la timbale, soit le Grand Palais, récupérer l’ancien créneau de la Biennale en septembre… et devenir seul maître à bord. Ses organisateurs ont désormais les coudées franches. Mais les finances restent fragiles. Selon le rapport du commissaire aux comptes accessible en ligne, l’Agence d’événements culturels, organisatrice de FAB et du Salon du dessin, accuserait des pertes de 245 801 euros en 2024, avec des créances approchant le million d’euros. Une situation en partie due aux retards de paiement des exposants l’an dernier, qui est loin d’être un cas isolé dans le paysage international des foires en cette période plus difficile…

L’idée prometteuse – visant à donner un nouvel élan – de marier FAB Paris au groupe de presse Le Parisien-Les Echos-Connaissance des arts, lui-même propriété de LVMH, débouchera-t-elle sur une implication plus importante du groupe mondial de luxe, que certains considèrent jusqu’ici comme un « sleeping partner » ? Rien n’est certain au vu de la baisse du cours de l’action du LVMH (–38 % en un an). Le groupe ira-t-il jusqu’à se retirer, sachant que FAB ne représente qu’une goutte d’eau dans son empire ? En attendant, certains redoutent que FAB ne se replie au Carrousel du Louvre, moins cher. Ce qui constituerait un retour en arrière. Louis de Bayser écarte cette éventualité, et assure que le Salon a déjà réservé le Grand Palais pour 2026. Par ailleurs, d’après nos informations, en raison du procès intenté par Agnès b., fondatrice de « La Fab » à Paris, l’événement retrouvera bientôt son nom originel de Fine Arts Paris, plus lisible…

« La question centrale est la suivante : après une édition 2024 peu couronnée de succès, les marchands vont-ils travailler ou pas ? Si oui, le Salon repartira. Sinon, l’avenir s’annonce compliqué », note un observateur. Et de conclure : « 2025 est l’année de tous les dangers ». Et de tous les espoirs ?

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