Le 22 juillet 2025, le département d’État américain a informé la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, que les États-Unis allaient se retirer de l’organisation, estimant que leur maintien en son sein « ne relève pas de l’intérêt national des États-Unis ».
L’administration Trump poursuit sa politique centrée sur le rejet des initiatives en faveur de la diversité, de l’équité et de l’inclusion (DEI), ainsi que sur une défiance à l’égard des institutions, caractéristique du conservatisme contemporain. Cette décision de quitter l’Unesco, qui devrait prendre effet le 31 décembre 2026, marque un retour aux positions antérieures du président. Donald Trump avait déjà retiré les États-Unis de l’organisation en 2017, lors de son premier mandat, invoquant alors un « parti pris anti-israélien ». Le pays avait réintégré l’agence en 2023 sous la présidence de Joe Biden.
L’Unesco est la troisième agence des Nations unies dont les États-Unis se retirent cette année, après leur départ de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
« Le président Trump a décidé de retirer les États-Unis de l’Unesco, une organisation qui soutient des causes culturelles et sociales "woke" et clivantes, totalement en décalage avec les politiques de bon sens plébiscitées par les Américains en novembre », a déclaré un porte-parole de la Maison-Blanche dans un communiqué adressé à la presse.
En février, Donald Trump avait signé un décret demandant au secrétaire d’État Marco Rubio de passer en revue les organisations internationales, dont l’Unesco, afin d’y repérer toute manifestation de « radicalisme ou de sentiment anti-américain ».
Dans un communiqué, Audrey Azoulay a dit « regretter profondément » la décision du président américain. Elle a précisé : « Les raisons invoquées par les États-Unis pour se retirer de l’organisation sont les mêmes qu’il y a sept ans, alors même que la situation a profondément changé : les tensions politiques se sont apaisées et l’Unesco constitue aujourd’hui un rare espace de consensus en faveur d’un multilatéralisme concret et tourné vers l’action. »
Les relations entre les États-Unis et l’Unesco ont toujours été marquées par une alternance d’adhésions et de retraits. Membre fondateur de l’organisation en 1945, Washington s’en est retiré une première fois en 1984, sous la présidence de Ronald Reagan. Les États-Unis y sont revenus en 2003, à l’initiative de George W. Bush. En 2011, sous Barack Obama, ils ont cessé de financer l’Unesco à la suite d’un vote actant l’adhésion pleine et entière de la Palestine. Ce désengagement avait alors provoqué de lourdes difficultés financières pour l’organisation. Aujourd’hui, selon Audrey Azoulay, la contribution américaine ne représente plus qu’environ 8 % du budget de l’Unesco, et la décision de retrait était, selon ses mots, « attendue ».
Dans ce contexte, la Chine est devenue le deuxième contributeur financier de l’organisation. En l’absence des États-Unis, elle s’est imposée comme un acteur majeur au sein de l’Unesco. Un haut responsable chinois, Xing Qu, y occupe actuellement le poste de directeur général adjoint. Par ailleurs, selon le New York Times, l’Unesco a exprimé son soutien au président Xi Jinping, en appuyant l’Initiative « Ceinture et route » (Belt and Road Initiative), vaste programme d’infrastructures à l’échelle mondiale, et en accompagnant les efforts de Pékin pour détrôner l’Italie comme pays comptant le plus grand nombre de sites inscrits au patrimoine mondial.
« L’Unesco est un théâtre d’influence où se disputent pouvoir culturel et rayonnement intellectuel, a déclaré David Killion, ancien ambassadeur américain auprès de l’organisation sous l’administration Obama, au New York Times. Nous cédons le champ du soft power à une grande puissance autoritaire et expansionniste. »
