Le 10 juin 2025, le « village martyr » a commémoré les 81 ans de l’assassinat de ses 642 habitants par la division blindée SS « Das Reich ». L’œuvre Paperbomb de l’artiste germano-italienne a été inaugurée sur le site en présence de personnalités politiques, diplomatiques et artistiques, ainsi que de survivants et de leurs familles.
Installée à l’entrée nord du village en ruines – conservé en l’état sur décision du général de Gaulle –, cette œuvre s’inscrit dans une série initiée en 2022 par l’artiste germano-italienne. D’autres exemplaires ont été inaugurés à Tulle, au Hartmannswillerkopf, champ de bataille de la Première Guerre mondiale, et à Mannheim. L’exemplaire d’Oradour-sur-Glane a été offert par la famille du consul honoraire de France à Mannheim, Folker Zöller, ainsi que par le Salon Diplomatique.
Lors de l’inauguration, Folker Zöller a souligné la portée de cette démarche : « La mémoire n’est pas un retour en arrière, elle est une responsabilité. Elle ne doit pas paralyser, mais encourager. Elle n’est pas une fin, mais un commencement. » Il a également rappelé le long silence allemand autour de ce lieu de mémoire : « Pendant longtemps, il paraissait inconcevable que des artistes ou responsables allemands s’expriment ici autrement que par le silence ». En effet, l’implication des responsables politiques allemands à Oradour-sur-Glane est relativement récente. Le premier Président fédéral à s’être officiellement recueilli sur le site fut Joachim Gauck, en 2013. Dix ans plus tard, en 2023, Frank-Walter Steinmeier renouvelait ce geste en offrant à Emmanuel Macron une maquette de Paperbomb, qui est désormais exposée à l’Élysée.
L’œuvre se déploie tel un origami, évoquant la forme d’un obus. Loin de glorifier la violence, cette « bombe de papier » détourne la symbolique de l’arme pour en révéler la fragilité. Ce geste artistique s’inspire de l’histoire de Sadako Sasaki, jeune survivante d’Hiroshima, célèbre pour avoir plié 1 600 grues en papier avant de succomber à la suite des radiations provoquées par la bombe atomique. Ici, Nessi Nezilla confère à l’aluminium l’apparence délicate du papier, tout en poursuivant le même objectif : transmettre un message de résistance, de mémoire et d’espoir.
