Les poupées Kachinas de Léo Scheer chez Giquello
Les poupées Kachinas ont veillé sur l’éditeur et écrivain Léo Scheer, disparu en mai dernier, jusqu’à son dernier souffle. Il était tombé sous le charme de ces statuettes amérindiennes en cherchant un cadeau pour son épouse, l’écrivaine Nathalie Rheims. « Il s’était arrêté, comme appelé par une puissance inconnue, devant la vitrine de la merveilleuse galerie Flak, dans laquelle trônait une Kachina à la grâce insolite, presque japonaise »,raconte Angie David, directrice générale des éditions Léo Scheer dans le catalogue de la vente. Comme avant lui André Breton, Marcel Duchamp ou Claude Lévi-Strauss, le couple s’est passionné pour ces poupées magiques, données aux enfants Hopis ou Zuni après les cérémonies religieuses afin qu’elles les protègent. En cinq ans, Léo Scheer et Nathalie Rheims ont pu rassembler 49 pièces, estimées généralement quelques milliers d’euros. L’ensemble comprend plusieurs chefs-d’œuvre, comme ce Clown Hano – Koshare, estimé entre 30 000 et 50 000 euros, provenant des anciennes collections Lévi-Strauss et Jacques Lacan.
« Les Kachinas de Léo Scheer », jeudi 21 novembre 2024, Giquello, Hôtel Drouot, 75009 Paris
Un « stabile » de Calder chez Digard Auction
Depuis la rentrée de septembre, les cinq « mobiles-stabiles » du sculpteur américain Alexander Calder proposés aux enchères ont tous trouvé preneur, confirmant l’intérêt sans faille des collectionneurs pour les œuvres de l’artiste. Elles ont généré cette année un chiffre d’affaires de 26 millions d’euros, selon Artprice – bien aidé, il est vrai, par les 13 millions d’euros réalisés en mai 2024 par un « mobile » daté de 1962 chez Sotheby’s. Le « stabile » présenté par la maison Digard dans sa vente dédiée à l’art moderne et contemporain, est, lui, daté de 1964. Estimé entre 800 000 et 1 million d’euros, il poursuit le jeu, entrepris par l’artiste dans les années 1930, sur les échelles et les volumes : des bijoux allant jusqu’aux 7 mètres de haut du stabile-mobile Caliban II, installé sur le parvis du musée d’Art moderne et d’Art contemporain (MAMAC) de Nice. Parmi les autres œuvres majeures de la vente, deux acryliques et encre sérigraphique sur toile, titrées Flowers (est. 250 000-350 000 euros chacune), célébreront un autre artiste américain, Andy Warhol, devenu plus rare à Drouot.
« Tableaux modernes et contemporains », lundi 25 novembre 2024, Digard Auction, Hôtel Drouot, 75009 Paris
Jean-Paul Gaultier haute couture chez Maurice Auction
En 1997, Jean-Paul Gaultier, « l’enfant terrible de la mode » comme l’ont baptisé les médias à la fin des années 1980, crée la surprise en lançant sa première collection haute couture. Pourquoi ce provocateur génial et jovial, icone pop, précurseur, militant d’une identité transgenre éprouve-t-il le besoin d’investir ce monde de l’ultra luxe réservé à une présupposée élite ? À l’instar d’un John Galliano, qui lui aussi a aimé provoquer en multipliant les audaces baroques, Jean-Paul Gaultier a déplacé son univers venu des spectacles populaires ou de la rue vers une haute couture habituée à travailler les étoffes les plus nobles. La célèbre mécène et collectionneuse de mode Mouna Ayoub, dont Maurice Auction a dispersé il y a un an le vestiaire consacré aux années Chanel de Karl Lagerfeld, fut l’une de ses toutes premières admiratrices. La vacation dévoile 41 pièces acquises principalement entre 1998 et 2014. « Cette collection reflète toutes les thématiques qui ont inspiré Jean-Paul Gaultier, souligne Salomé Pirson, cofondatrice de Maurice Auction. Son esprit subversif se veut au service du savoir-faire unique des artisans de la haute couture ». L’une des pièces préférées de Mouna Ayoub, dévoile le catalogue, est une robe du soir en jean rehaussé de plumes d’autruche. Une robe de bal « punk » estimée entre 25 000 et 35 000 euros.
« Jean-Paul Gaultier, the Haute Couture years - The Mouna Ayoub Collection », lundi 25 novembre 2024, Maurice Auction, 84, rue de Turenne 75003 Paris