Qu’elle infuse les paysages de tonalités à la lisière du réel (Mythologies, 2019–2022) ou qu’elle choisisse au contraire de leur nier toute expression chromatique (Décolorisation, 2022), Letizia Le Fur a fait de la couleur son terrain de jeu. Ses clichés alimentent une exploration de la beauté menée de longue date, prisme à travers lequel la photographe française observe le monde et les grandes questions qui le secouent – sociales, politiques et écologiques. Dans Le Crépuscule des lieux, elle s’intéresse à des espaces dont le passé flamboyant a laissé place à la décrépitude de l’abandon. Châteaux, manoirs et autres demeures lui ouvrent leurs portes pour un dernier spectacle. Buste de Napoléon devant un rideau vert des plus kitsch, bidet sur tapis rouge et dorures murales, trophée d’antilope sur papier peint géométrique : Letizia Le Fur s’attarde sur les détails, joue des cadrages, de la lumière et de sa sensibilité chromatique pour composer un kaléidoscope acidulé, fresque quasi abstraite d’une grandeur révolue.
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Letizia Le Fur, Le Crépuscule des lieux, Paris, RVB Books, 2025, 94 photographies, 180 pages, 35 euros.
