Haut lieu du romantisme, témoin des amours fiévreuses de Frédéric Chopin et George Sand, le quartier de la « Nouvelle Athènes », à Paris, dans le 9e arrondissement actuel, possède officiellement depuis 1987 son musée de la Vie romantique. Installé rue Chaptal, dans l’ancienne demeure et atelier du peintre d’origine hollandaise Ary Scheffer qui, à partir de 1830, y reçut l’élite de cette « nouvelle république des arts et des lettres », d’Eugène Delacroix à Franz Liszt, le musée s’apprête à rouvrir le 14 février 2026 après une rénovation majeure.
Caractéristique de l’époque de la Restauration, la maison où travaillait ce portraitiste renommé sous la monarchie de Juillet comporte deux étages et est agrémentée d’un charmant jardin. Depuis septembre 2024, le musée mène un chantier dont l’ambition est de « préserver l’esprit du lieu et de renforcer son identité patrimoniale, tout en créant une atmosphère harmonieuse, fidèle à celle d’une maison d’artiste de l’époque romantique ».
Le bâtiment, qui vit passer le Tout-Paris artistique et intellectuel de l’école romantique, est inscrit au titre des Monuments historiques. Les travaux ont conduit à restituer la couleur historique de la façade et des volets, lui redonnant son apparence d’origine. L’accueil et le confort des visiteurs de ce musée géré par Paris Musées, qui regroupe depuis 2013 les musées de la Ville, ont été améliorés. Le parcours des collections permanentes a, quant à lui, été revu. Avec cette refonte muséographique, la scénographie promet de plonger les visiteurs dans l’atmosphère feutrée d’une demeure d’artiste du XIXe siècle, habitée par les fantômes de ces illustres esprits.
Le rez-de-chaussée replace Ary Scheffer dans son époque. Une salle entière est consacrée à George Sand, proche du maître des lieux. À l’étage, seront mis à l’honneur des thèmes essentiels du mouvement romantique, tissant des liens entre peinture, écrit et musique : la nature et le paysage, le sentiment, la littérature et le fantastique. Des dispositifs de médiation inédits et des outils numériques inviteront à s’immerger dans la période. La collection compte 2 340 œuvres, dont 300 seront exposées après travaux. En 2023, le musée de la Vie romantique a accueilli plus de 230 000 visiteurs.

Paul Huet, Vue générale de Rouen, prise du Mont-aux-Malades, 1831, huile sur toile. © Musée des Beaux-Arts de Rouen
L’exposition temporaire inaugurale, « Face au ciel, Paul Huet en son temps » (du 14 février au 30 août 2026), présentera l’œuvre de ce peintre proche d’Ary Scheffer, souvent considéré comme l’un des précurseurs du paysage romantique en France. Qualifié de « pré-impressionniste », inspiré par les grands maîtres anglais tels que John Constable et Joseph Mallord William Turner, il a eu une influence notable sur de nombreux artistes, parmi lesquels Camille Corot. Grâce à des prêts issus des collections publiques françaises, ses ciels seront présentés aux côtés de ceux de Paul Flandrin, Eugène Delacroix, Théodore Rousseau, Georges Michel, Eugène Isabey ou Eugène Boudin. Autant d’horizons à découvrir tout en profitant du havre de paix du jardin avec le retour des beaux jours.
Musée de la Vie romantique, Hôtel Scheffer-Renan, 16 rue Chaptal, 75009 Paris.
