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À Genève, le Musée Rath prend des couleurs africaines

Présentée pour la première fois au public, la collection de la Compagnie Bancaire Helvétique (CBH) brosse, sur près d’un siècle, un panorama de l’art africain moderne et contemporain.

Bérénice Geoffroy-Schneiter
18 novembre 2025
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Vue de l’exposition « Au-delà des apparences. Art moderne et contemporain d’Afrique » au Musée Rath à Genève. © Dylan Perrenoud

Vue de l’exposition « Au-delà des apparences. Art moderne et contemporain d’Afrique » au Musée Rath à Genève. © Dylan Perrenoud

Ouvert au public en 1826 grâce à la générosité de deux sœurs qui lui donnèrent leur nom, le Musée Rath fut le premier musée des Beaux-Arts en Suisse. En accueillant les œuvres de quelque 80 artistes africains collectionnées avec passion par Simon Benhamou, PDG de la CBH (la Compagnie Bancaire Helvétique), ce « Temple des Muses » au fronton néoclassique bouscule joyeusement ses habitudes. Délesté de toute référence chronologique et géographique, le parcours conçu par Jean-Yves Marin (qui fut le directeur du Musée d’art et d’histoire de Genève) et Ousseynou Wade (l’ancien secrétaire général de la Biennale de Dakar) prend des allures de vagabondage poétique et sensoriel.

Loin des clichés occidentaux célébrant une Afrique « atemporelle » ou « exotique », l’exposition invite le public à se perdre dans les méandres d’une scène artistique polyphonique qui explore et s’approprie avec une évidente gourmandise une multitude de supports (pierre, terre, latérite, toile de jute, pneus usés…) et de techniques (céramique, sculpture, peinture, photographie…).

« Entrer dans l’espace de cette collection, c’est d’emblée accepter de se défaire d’une attente réductrice, celle d’un continent ramené à une essence unique et immuable. Ce n’est pas "l’Afrique" monolithique qui se dévoile ici, mais des Afriques plurielles, vibrantes, un archipel de visions en dialogue constant avec elles-mêmes et avec le reste du monde », plaide la critique d’art franco-sénégalaise Salimata Diop.

L’un des premiers mérites de la collection de la CBH est de souligner le rôle pionnier des premiers foyers artistiques qui émergèrent aux quatre coins de l’Afrique dès le premier tiers du XXe siècle. L’histoire commence au Katanga lorsque Georges Thiry, un administrateur belge envoyé dans l’ancien Congo, découvre en 1926 des décorations murales ornant les cases traditionnelles. Ce féru d’art invite alors les jeunes peintres à transposer sur un support papier leur répertoire peuplé d’animaux, de plantes et de scènes de la vie quotidienne. Parmi les « pépites » de l’exposition, figurent ainsi les aquarelles faussement naïves du couple Albert et Antoinette Lubaki, qui connurent leur heure de gloire lorsque leurs œuvres furent exposées en 1929 à la Galerie Pigalle à Paris, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, puis, l’année suivante, au Musée d’Ethnographie de Genève. Découvert, lui aussi, par Georges Thiry, Djilatendo (né vers 1890, date de décès inconnue) apparaît comme l’autre précurseur de la peinture moderne africaine. Puisant son inspiration dans le vocabulaire artistique du peuple Kuba, ses compositions géométriques formées de losanges et de triangles sont d’une grande modernité ! Ayant rejoint l’Atelier du Hangar fondé dans les années 1940 par le Français Pierre Romain Desfossés, le peintre congolais Pipili Mulongoy surprend, quant à lui, par ses compositions oniriques sur lesquelles règne Mami Wata, la divinité aquatique du culte vaudou.

Vue de l’exposition « Au-delà des apparences. Art moderne et contemporain d’Afrique » au Musée Rath à Genève. © Dylan Perrenoud

La photographie s’impose d’emblée comme l’autre discipline dans laquelle vont exceller, dès les années 1950, les artistes africains. Ainsi, des portraits pris en studio par les deux grands photographes maliens Seydou Keïta et Malick Sidibé ? Au-delà de leur pureté formelle, ces images devenues iconiques témoignent d’une jeunesse urbaine, libre et insouciante, éprise de musique et de modernité.

Passé ce préambule, il faut alors se délester de ses grilles de lecture occidentales pour s’immerger au cœur de cette scène artistique polymorphe et décomplexée. Quoi de commun, en effet, entre les rébus cosmogoniques de l’Ivoirien Frédéric Bruly Bouabré, les flamboyantes abstractions textiles du Malien Abdoulaye Konaté, les foisonnants totems en terre cuite de la sculptrice et potière sénégalaise Seyni Awa Camara, les œuvres engagées et politiques du Camerounais Barthélémy Toguo, les installations monumentales du Ghanéen El Anatsui, les autoportraits questionnant le genre de l’artiste non binaire sud-africain Zanele Muholi ?

Loin d’être achevée, la collection commencée par Simon Benhamou est un work in progress qui ne demande donc qu’à s’étoffer au fil des rencontres artistiques. Pour l’heure, elle suscite l’intérêt d’autres institutions muséales qui seraient prêtes à l’exposer. Affaire à suivre…

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« Au-delà des apparences. Art moderne et contemporain d’Afrique », jusqu’au 23 novembre 2025, Musée Rath, rue Charles-Galland 2, Genève, Suisse

Catalogue, édité par 5 Continents Éditions, 49 euros

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