Quelques semaines seulement après la folle « art week » d’Art Basel Paris, la semaine dédiée à la photo autour de la foire Paris Photo ne lui ressemble en rien. Au Grand Palais, le médium rassemble ses nombreux afficionados, souvent pointus, qui doivent faire un tri parmi des myriades d’images. Au Molière, rue Richelieu, le salon a ppr oc he se concentre, lui, sur les pratiques émergentes dans cette même spécialité. Autre atmosphère intimiste, cette fois dans l’hôtel particulier abritant la Maison de l’Amérique latine, rive gauche. Un cadre idéal pour la foire MIRA dévolue à l’art contemporain latino, qui se déploie pour cette deuxième édition à tous les étages. L’événement lancé l’an dernier par Manuela Rayo teste cette année un nouveau calendrier en se greffant donc à cette semaine de Paris Photo, espérant drainer une partie de son public… D’où la forte présence de photos au sous-sol, dont les beaux portraits de Javier Silva Meinel (galerie Younique), ou parsemés dans les étages, telles les images d’Ivan Argote (galerie Albarrán Bourdais) ou les photos sur soie prises en Colombie par Leyla Cardenas (galerie Dix9 Hélène Lacharmoise) mêlant les techniques. Plusieurs exposants nous ont confié avoir rencontré, lors du vernissage le 13 novembre, des collectionneurs qui venaient de visiter Paris Photo le jour même.

Stand de la galerie Durazzo. Photo : A.C.
Dans l’ensemble, beaucoup de visiteurs, jeudi, parlaient espagnols. Nombre de Latino-Américains ont d’ailleurs des attaches en France, comme le pointe Cannelle Chahine, de la galerie Xippas, qui montre une sculpture de 1999 du Brésilien Saint Clair Cemin, « un artiste peu montré en France », à 45 000 euros. Ce niveau de prix témoigne d’une indéniable montée en gamme de MIRA cette année, même si on retrouve toutes les gammes de tarifs sur la foire. Parmi les stands les plus remarquables figure celui de la galerie Durazzo, consacré aux sculptures de bronze encore méconnues de Leonora Carrington, « commencées en bois et béton et montrées chez le galeriste Alexander Iolas dans années 1980 avant de passer au bronze dans les années 1990 », explique Raphäel Durazzo. Le musée du Luxembourg à Paris va accueillir au premier semestre 2026 une exposition sur cette artiste surréaliste qui vécut longtemps au Mexique… Comptez entre 80 000 et 200 000 euros pour une œuvre sur le stand. Et le marchand d’ajouter : « le moderne et les noms confirmés ont le vent en poupe en ce moment ». Comprendre : à une période de rééquilibrage du marché de l’art contemporain… C’est aussi l’approche de la galerie Loeve & Co, qui montre conjointement le beau travail du peintre et créateur de tapis Art déco d’origine brésilienne Ivan Da Silva Bruhns ; et celui du chamane mexicain Alfonso García Téllez (entre 2 800 et 6 000 euros). Stéphane Corréard salue « la super équipe de la foire » et « les visiteurs de très haut niveau ». Il a déjà vendu plusieurs pièces.

Comercio Triangular (2011) d'Ana Mercedes Hoyos, galerie rossogranada. Photo: A.C.
Dans un registre plus contemporain, de nombreuses œuvres abordent des moments douloureux de l’histoire, comme l’époque coloniale (Comercio Triangular de 2011 par Ana Mercedes Hoyos) sur les flux d’esclaves ou de marchandises entre l’Europe et l’Amérique latine, chez rossogranada. Ou plus optimiste chez le Nippo-Brésilien Shinji Nagabe avec son drapeau plein d’ironie en tissu et sequins Make America Latina Great Again. L’œuvre, à 4 000 euros, est rapidement partie chez la 193 Gallery, qui expose un bel ensemble d’œuvres hautes en couleurs de Javier Toro Blum, Valentina Canseco ou encore Aldo Chaparro. Tous, exposants comme visiteurs, vantaient la pertinence d’une foire hors des sentiers battus, dans un cadre « domestique » propice à des échanges nourris, sans la saturation des grandes foires.
MIRA, jusqu’au 16 novembre 2025, Maison de l’Amérique latine, 217, boulevard Saint-Germain, 75007 Paris
