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Une œuvre de Marlene Dumas entre dans les collections du Louvre

À l’invitation du musée, l’artiste néerlandaise et sud-africaine a conçu « Liaisons », un ensemble de neuf peintures de portraits, présenté sur un mur de l’atrium de la Porte des Lions. Succédant à Georges Braque et Cy Twombly, elle est la première femme à répondre à une commande in situ dans les espaces du musée.

Stéphane Renault
7 novembre 2025
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Portrait de Marlene Dumas devant Liaisons au musée du Louvre, 2025. © Anton Corbijn

Portrait de Marlene Dumas devant Liaisons au musée du Louvre, 2025. © Anton Corbijn

Le musée de tous les superlatifs, récemment ébranlé par un spectaculaire cambriolage en plein jour, et engagé dans un projet de réaménagement majeur, le « Louvre - Nouvelle Renaissance », s’apprête à inaugurer avec le musée du quai Branly – Jacques Chirac la Galerie des cinq continents, anciennement nommée Pavillon des Sessions. Le nouvel espace créé pour y offrir un accès direct, ainsi qu’au département des Peintures du Louvre, via la Porte des Lions, accueille désormais une commande passée à l'artiste néerlandaise née en Afrique du Sud Marlene Dumas. Avec Liaisons, une œuvre composée de neuf portraits, pensée à l’échelle du vaste mur de l’atrium, elle est la première femme à s’inscrire dans l’histoire des grands décors peints, des interventions d’artistes et des commandes in situ dans les espaces du musée parisien.

« Marlene Dumas est une des plus grandes peintres de notre temps, affirme Laurence des Cars, présidente-directrice du musée du Louvre. Au moment de penser à une œuvre pour l’entrée à la Porte des Lions, à la fois celle de la Galerie des cinq continents et du département des Peintures, elle est apparue comme le choix évident : elle défend et illustre le médium de la peinture, comme peu, et elle conçoit son œuvre comme un espace de rassemblement des sensibilités et origines différentes, exactement ce que nous entreprenions de faire avec cet espace repensé. Nous sommes fiers de l’aboutissement de ce projet magnifique. L’œuvre que Marlene Dumas a réalisée constitue un répertoire de manières de peindre et de dessiner, autant qu’une invitation à nous confronter à notre humanité. »

Marlene Dumas devant la Porte des Lions au musée du Louvre, 2025. © Anton Corbijn

« Depuis que j'ai été invitée à réaliser ce projet pour le Louvre, j'ai commencé à réfléchir plus précisément à ma relation avec la culture française et à toutes les personnalités, penseurs et créateurs, qui ont compté pour moi, à commencer par Simone de Beauvoir et l'existentialisme de Sartre, a confié l’artiste devant son œuvre au musée du Louvre. “L'existence précède l'essence”, comme Sartre l'écrit dans L'existentialisme est un humanisme, “l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde et il se définit après”. La conception qu'avait ce couple de la combinaison entre liberté et responsabilité dans les relations humaines a été et reste très importante pour ma vie et mon attitude envers l'art. J'ai réalisé un portrait de Simone de Beauvoir, qui fait partie de ma série de dessins Models en 1994. Et aussi de Brigitte Bardot, Jeanne Moreau et plus tard Jean Genet, Jeanne d'Arc. J'ai également peint un portrait de Céline sur son lit de mort en 2003, avec un titre faisant référence à La mort de l’auteur de Roland Barthes. Les écrits de Barthes, en particulier Fragments d'un discours amoureux, ont été très importants pour moi. Pourquoi est-ce que je commence par là ? Parce que la question que l’on pose toujours à propos des œuvres d'art est : que signifie-t-elle ? Et la plupart du temps, si le spectateur est satisfait de la réponse, il dira que c'est une belle œuvre. Les titres sont très importants dans mes peintures car ils conduisent à ces réponses. J'ai souvent dit que mon travail consistait à essayer de peindre des histoires d'amour. Au fil des années, j'ai utilisé des métaphores érotiques pour parler de l'art. Les œuvres d'art fonctionnent comme des corps sensuels, essayant de séduire les spectateurs pour qu'ils tombent amoureux d'elles, tout en sachant qu'elles ne peuvent jamais être fidèles à une seule perspective. Les œuvres ne sont pas non plus liées aux intentions de leur créateur. Elles “trahiront” l'artiste dès qu'une signification plus attrayante ou plus puissante leur sera présentée. Les neuf tableaux forment entre eux des relations instables, ce qui entraîne des changements de caractère selon leur emplacement sur le mur ou lorsqu'ils sont “associés” à un autre tableau. Ils préfèrent suggérer plutôt que définir. Ils gardent des secrets. Je n'ai pas lu le roman français Les Liaisons dangereuses (1782) de Choderlos de Laclos, mais j'ai vu le film Dangerous Liaisons (1988) de Stephen Frears, avec son réseau d'intrigues complexes. Et je voulais un titre qui n'ait pas besoin d'être traduit. »

Et de conclure : « Si l'on connaît mon travail, il est clair que je réfléchis à la condition humaine depuis de nombreuses années maintenant, notamment me concentrant sur les différentes utilisations du visage humain. Cette fois, je n'ai pas opté pour des portraits de personnes célèbres, reconnues comme des héros ou des méchants, mais des images qui semblent émergées de l'inconscient collectif, ou des visages ressemblant à des masques. Laurence des Cars, dans le dernier paragraphe de sa préface à un ouvrage intitulé Poésie du Louvre, publié en 2024, écrit : “Les créations de ces 102 poètes manifestent que le Louvre est multiple, fourmillement, réinvention en permanence, dialogue avec les temps qu'il traverse à chaque moment, mais qu'il est aussi une manifestation du long et visible cheminement de l'humanité, suivant les mots de Charles Péguy, un lieu de rassemblement, quelles que soient les origines, les temporalités, les vies, le lieu d'une communauté humaine, celle de la vie en poésie”. J'espère que mes œuvres pourront vous procurer un peu du plaisir de la poésie dont nous avons tous besoin pour nous protéger du désespoir absolu à une époque qui montre que l'humanité n'est pas si humaine. »

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